Arnaud Bialecki profite d’une expérience de VIE pour s’installer et évoluer professionnellement en Thaïlande. Aujourd’hui Directeur général de Sodexo pour l'Asie du Sud-Est, il s’engage auprès de la communauté d’affaires française et préside depuis 2022 le comité thaïlandais des Conseillers du commerce extérieur. Pour lui, "la clé pour réussir en Thaïlande est de faire preuve de patience, d'humilité, et d’apprendre la langue locale." Rencontre.
Travailler pour une société de services comme Sodexo offre une vision transversale de l’économie d’un pays
Quel est votre parcours professionnel ? Qu’est-ce qui vous a conduit à devenir conseiller du commerce extérieur ?
Après avoir suivi une formation d'ingénieur généraliste à Centrale Marseille - promotion 1994 - , j'ai eu la chance de décrocher un poste de Coopérant du Service National (prédécesseur du programme VIE) pour le groupe SAFRAN en Thaïlande. À l’issue de cette mission, j’ai choisi de rester en Thaïlande, un pays où je percevais de nombreuses opportunités d’évolution rapide vers des postes de direction. J’ai passé douze ans dans le domaine du facility management pour une entreprise britannique avant de rejoindre Sodexo en 2012. Aujourd'hui, je suis le directeur général de Sodexo pour l’Asie du Sud-Est. L’entreprise est présente dans six pays (Thaïlande, Singapour, Malaisie, Philippines, Vietnam et Indonésie) et emploie plus de 10 000 personnes.
En intégrant une entreprise française, je me suis naturellement rapproché de la communauté d'affaires française. Travailler pour une société de services comme Sodexo offre une vision transversale de l’économie d’un pays, car nous collaborons avec des clients dans de nombreux secteurs clés (industrie, santé, éducation, énergie). Le comité thaïlandais des conseillers du commerce extérieur m’a approché et je l’ai rejoint en 2014. Depuis 2022, j’en assure la présidence.
Les conseillers du commerce extérieur, « une force de l’ombre » en lumière à Paris
Comment qualifier le rôle des Conseillers du commerce extérieur en 2024 dans votre pays ?
Nos missions principales sont identiques partout dans le monde :
- Conseiller les pouvoirs publics français
- Promouvoir l’attractivité de la France
- Soutenir et accompagner les entreprises françaises à l’international
- Former les jeunes Français à l’international
Pour cela, nous travaillons en étroite collaboration avec tous les acteurs de l’équipe France : l’Ambassade, bien sûr, ainsi que la chambre de commerce franco-thaïe et la French Tech. En dehors de nos réunions où nous partageons des informations avec les autorités, nous organisons régulièrement des événements.
Nous avons récemment saisi l'opportunité des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris pour promouvoir la France. En partenariat avec l'Ambassade, nous avons organisé un événement dans un parc de Bangkok, permettant au public thaïlandais et expatrié de découvrir des sports olympiques populaires (voile, badminton, football, escrime) en présence d’athlètes de haut niveau des deux pays. L’événement s'est poursuivi par un cocktail VIP auquel ont participé des membres du gouvernement et des chefs d'entreprises thaïlandais, et où Emmanuel Petit, champion du monde de football 1998, était l’invité d’honneur. Nous avons clôturé ce week-end par une course dans les rues de Bangkok, réunissant plus de 3.000 participants. Cette initiative a bénéficié d’une couverture médiatique importante, offrant une image dynamique et moderne de la France.
Réussir ici nécessite une réelle volonté de s’adapter et de la patience face aux obstacles. Apprendre la langue thaïe est un atout majeur
Quelles opportunités offre votre pays pour les entreprises françaises ?
Les entreprises françaises sont déjà bien implantées en Thaïlande, dans des secteurs variés : industrie (Michelin, Forvia, Essilor, Schneider Electric, Veolia), transports (Airbus, Alstom, Egis), luxe (Chanel, L’Oréal) et hôtellerie (Accor). Au-delà des grands groupes, des entreprises de taille intermédiaire trouvent aussi des opportunités. Ces dernières années, des sociétés comme Revima (aéronautique) et Cooperl (élevage porcin) se sont établies ici. La France et la Thaïlande ont d’ailleurs défini une feuille de route visant un partenariat stratégique, avec des accords dans les transports. Les deux pays, grandes nations agricoles, offrent également de nombreuses opportunités dans ce domaine.
Que dire à ceux qui se lancent dans l’entrepreneuriat en Asie-Pacifique, notamment en Thaïlande ?
Les opportunités sont vastes, mais il est crucial d’aborder ce marché avec humilité et de reconnaître la forte concurrence. La qualité de vie en Thaïlande attire de nombreux entrepreneurs internationaux, et la gentillesse des Thaïlandais peut donner l’illusion d’un environnement facile. Toutefois, réussir ici nécessite une réelle volonté de s’adapter et de la patience face aux obstacles. Apprendre la langue thaïe est un atout majeur : cela change immédiatement la perception des personnes envers vous. Pour des conseils précis, il est important de consulter les CCE.
Ce réseau des CCE est unique au monde et constitue une grande force pour la France.
Qu’attendez-vous du forum de l’APAC, qui aura lieu du 27 au 29 novembre 2024 en Inde ?
Les forums APAC des CCE, comme celui organisé avec succès au Vietnam en 2023, sont des moments précieux pour rencontrer des chefs d’entreprise français de toute la région et partager des informations pratiques venues directement du terrain. Ces forums sont aussi l’occasion de rencontrer des intervenants de haut niveau. Au Vietnam, nous avions accueilli notre futur Premier ministre ainsi que deux membres de son futur gouvernement.
Je ne pourrai malheureusement pas y participer cette fois-ci, mais le comité Thaïlande sera très bien représenté par plusieurs de nos vice-présidents. Ce réseau des CCE est unique au monde et constitue une grande force pour la France.