Nina Métayer : “La pâtisserie est avant tout le partage avec les autres”

Née à la Rochelle, Nina Métayer a développé sa passion pour la pâtisserie au fil de ses voyages, notamment au Mexique ou en Australie. Après ses nombreuses apparitions à la télé, elle est aujourd'hui entourée d’une solide équipe d’une quarantaine de personnes, et se trouve à la tête de la pâtisserie parisienne “La Délicatisserie”. Récemment couronnée meilleure pâtissière du monde par l’Union Internationale des Boulangers et Pâtissiers, elle nous dévoile lors de cette entrevue sa perspective unique sur l’art de la pâtisserie, ainsi que son incroyable parcours. 

Comment avez-vous réagi en apprenant que vous étiez la première femme à recevoir cet honneur et qu’est-ce cela signifie pour vous ?

Je dois vous avouer qu’au début, je n’ai pas du tout réalisé ce qu’il m’arrivait. J’étais évidemment très contente, mais surtout très fière. Il s’agit d’un prix de l’Union international des boulangers et pâtissiers, une institution qui représente dignement notre profession. Ce titre met sous les projecteurs le travail de toute une carrière, mais aussi celui de toute mon équipe et mes clients, sans qui je ne serais jamais arrivée là. 

Le plus important est de donner du sens à ce que l’on réalise, de comprendre pourquoi on le fait. L'inspiration vient de l'émotion que l'on transmet.

 

Quelles sont vos principales sources d’inspiration et avez-vous un point de vue spécifique sur votre pâtisserie ?

Mon inspiration vient de partout, il n’y a pas de façon particulière de faire les choses. Tout s’apprend dans la création et par les multiples années d'apprentissage, c’est tout un quotidien finalement. Le plus important est de donner du sens à ce que l’on réalise, de comprendre pourquoi on le fait. L’inspiration vient finalement de l’émotion que l’on veut transmettre, et des fois elle peut partir de peu.

Il faut bien évidemment apprendre correctement la technique, mais celle-ci doit être secondaire et ne doit pas contraindre la création. Chaque personne développe ses propres textures, ses mariages d’aliments, de saveurs, de couleurs ou d’odeurs. Tous les sens sont mobilisés lorsque l’on savoure un gâteau ! 

Issy-les-Moulineaux semble occuper une place spéciale dans votre parcours ; comment la ville a-t-elle influencé votre travail et votre approche de la pâtisserie ?

Issy-les-Moulineaux incarne les premiers pas de ma carrière. C’est là que j’ai commencé, là où j’ai trouvé mes premiers clients et premiers habitués. La publication d’un article sur mon travail, dans le journal local, m’a également servi de tremplin pour ma carrière : la vente de mes gâteaux a considérablement augmenté. Je suis donc très attachée à cette ville, dont j’apprécie également l’esprit un peu village et la cohésion des habitants. 

Vous avez été juge dans l’émission Top Chef et le Meilleur Pâtissier, qu’est-ce que vous aimez transmettre aux aspirants pâtissiers lors de ces compétitions ?

La visibilité que je possède grâce à ce métier me permet de faire ce que j’aime le plus : transmettre et partager avec autrui. La pâtisserie est aussi un moyen de partager, et cet aspect est primordial à saisir. Les émissions télévisées telles que Top Chef et le Meilleur Pâtissier permettent justement de partager cette passion, mais avec la France entière. C’est quelque chose de vraiment fabuleux. Je participe à ces programmes depuis plusieurs saisons déjà, et à chaque fois, c'est avec un immense plaisir que je m'y rends. Nous formons un peu une grande famille à présent. 

Avec votre réussite internationale, comment envisagez-vous de contribuer à la reconnaissance du travail des artisans boulangers et pâtissiers, à l’échelle internationale ?

Mon équipe et moi-même essayons d’être partout et je suis ravie de voir que notre visibilité s’élargit maintenant à travers le globe. Nous avons déjà ouvert beaucoup de lieux informationnels, comme à Shanghai où nous travaillons avec l’enseigne de pâtisserie de luxe Chaoyi Buer (hyperlien). Mais aussi sous forme de pop-ups ou à travers des cafés à Tokyo ou bien encore à New-York. Nous exposons en fait nos créations, pour proposer par la suite des dégustations, accompagnées d’un petit café. Nos pâtisseries sont vendues à l’international, et nous tentons également de proposer des formations aux équipes sur place.

Pour créer et partager ses gâteaux, il faut nécessairement être bienveillant.

 

Quel conseil donneriez-vous à quelqu'un passionné par la pâtisserie et désireux de suivre votre parcours exceptionnel ?

Si j’avais un conseil à donner, ce serait celui de la bienveillance. Pour aller jusqu’au bout des choses, pour créer et partager des gâteaux, il faut nécessairement être bienveillant envers les autres. La pâtisserie, comme je l’ai déjà dit, c’est aussi partager de bons moments. La détermination et la perfection des choses sont aussi très importantes. Il faut y aller et ne pas hésiter à se lancer !