Après ses études à SKEMA Business School, Marion Vigot, co-fondatrice de l’entreprise éco-responsable Compostable Alternatives, se lance dans une incroyable aventure entrepreneuriale à l’étranger. Aujourd’hui expatriée en Australie, elle revient sur son parcours passionnant, de son année de van life le long de la côte australienne à son engagement dans la protection de l’environnement.
Lepetitjournal.com : Quel a été votre parcours académique ?
Marion Vigot : Après une scolarité à Nice et un bac scientifique, j’ai intégré SKEMA Business School en 2009, où j’ai suivi le programme Bachelor en 4 ans avec un double diplôme en Relations Publiques et Communication. J’ai passé deux ans sur le campus de Sophia Antipolis et deux ans à l’Université de Southampton, en Angleterre.
Le cursus que j’ai suivi proposait un enseignement bilingue français-anglais à Sophia Antipolis
Pourquoi avoir choisi d’intégrer SKEMA Business School ?
Le fait que le cursus soit anglophone et que l’école offre la possibilité d’étudier aussi longtemps à l’étranger ont été des critères décisifs, car j’ai toujours voulu construire une carrière internationale. Le cursus que j’ai suivi proposait un enseignement bilingue français-anglais à Sophia Antipolis, puis 100 % anglophone en Angleterre. Cela m’a permis de devenir bilingue et de développer par la suite une carrière dans des pays anglophones.
J’ai beaucoup aimé le fait que les enseignants soient tous des professionnels du milieu
Quels ont été les autres points forts de vos études à SKEMA Business School ?
J’ai beaucoup aimé le fait que les enseignants soient tous des professionnels du milieu et que les cours soient tous basés sur des études de cas d'entreprises réelles. Cet enseignement très pratique a été un vrai plus dans mon cursus. Cela m’a permis de me projeter et de mieux comprendre le monde professionnel.
J’étais vraiment immergée dans une bulle d’innovation qui m’a donné envie de me lancer.
Comment s’est déroulée votre intégration sur le marché du travail à la sortie de SKEMA Business School ?
J’ai été diplômée de SKEMA Business School en 2013 et je suis partie, la même année, au Vietnam, à Hô Chi Minh-Ville, pour effectuer un stage dans l’entreprise de ma cousine qui possédait une société d’import-export sur place. Ce stage a ensuite débouché sur des missions de freelancing en marketing digital.
Puis, en 2015, j’ai décidé de me lancer dans l'entrepreneuriat. J’ai été beaucoup inspirée par le profil d’entrepreneure de ma cousine mais aussi par le Vietnam, dont le marché est très dynamique et en effervescence constante. L’entrepreneuriat y est très présent et beaucoup d’expatriés possèdent eux-mêmes plusieurs business sur place. J’étais vraiment immergée dans une bulle d’innovation qui m’a donné envie de me lancer.
J'ai toujours été très intéressée par le secteur des cosmétiques et notamment par les box beauté. Or, ce type de produits n’existait pas à l’époque au Vietnam (où le marché des cosmétiques occupe pourtant une place très importante). J’ai donc perçu une opportunité et j’ai lancé Ma Belle Box, un coffret qui permettait aux Vietnamiennes de découvrir tous les mois plusieurs produits de beauté de différentes marques locales et internationales, au format voyage. J’ai développé cette startup pendant 3 ans et je l’ai ensuite revendue, en 2017, à une société de production de cosmétiques vietnamienne.
Vivre une aventure de van lifer et faire le tour du pays avec ma maison sur roues !
L’année suivante, je suis ensuite partie en Australie pour réaliser un rêve d’enfance : vivre une aventure de van lifer et faire le tour du pays avec ma maison sur roues ! J’ai parcouru 40 000 km en 8 mois. C’était un incroyable plongeon dans l’inconnu qui m’a permis d’explorer le pays, mais aussi de mener une véritable exploration intérieure !
J’ai ensuite fait le choix de rester en Australie. J’ai obtenu un Visa Entrepreneur et j’ai intégré un programme pilote, dans l’Australie du Sud, qui permettait aux entrepreneurs expatriés de lancer un projet entrepreneurial pendant 3 ans dans un domaine défini. J’ai postulé à ce visa avec mon conjoint et nous avons lancé ensemble Mister Rye, la première startup d’économie circulaire à produire des pailles en seigle en Australie. Nous avons travaillé avec des agriculteurs locaux pour créer, avec les tiges de seigle, des alternatives plus écologiques aux pailles en plastique et en papier.
Après un an de recherches et développement, nous avons lancé notre première production de pailles en seigle. Nous avons ainsi produit 60 000 pailles, à la main, à l’aide d’agriculteurs. Le but de ce projet était non seulement de créer un produit écologique mais aussi de créer de l’emploi dans les zones rurales du pays.
Le projet se développe très bien et nous avons l’ambition de nous développer prochainement à l’international
Malheureusement, nous avons réalisé fin 2021 que les conditions climatiques en Australie du Sud étaient beaucoup trop aléatoires pour nous permettre d’avoir une consistance dans la production d’année en année. Face à ces incertitudes, nous avons été contraints d’arrêter le projet.
Toutefois, ce que nous avions trouvé très intéressant dans ce projet était le fait que les pailles étaient entièrement réutilisables et biodégradables. Ce concept de biodégradation du produit nous a fascinés et nous avons donc décidé de lancer, dans cette continuité, Compostable Alternatives, une marque de packaging régénératif. Nous proposons des produits entièrement compostables à la maison : des pailles en seigle, en herbe et en noix de coco ; des gants à base de sucre de maïs ; des gobelets de café et des sacs poubelles compostables. Ce sont donc des produits agricoles purs sans transformation ou fabriqués à base de biopolymères.
Nos produits s’adressent principalement au secteur de l’hôtellerie-restauration, aux crèches, aux écoles, aux entreprises agro-alimentaires… Le projet se développe très bien et nous avons l’ambition de nous développer prochainement à l’international. Nous sommes notamment en contact avec des resorts et des hôtels sur certaines îles, où la gestion de déchets est particulièrement compliquée.
Comment est né votre engagement pour l’écologie ?
Cela est né lors de mon voyage en van, pendant lequel j’ai beaucoup été en contact avec la nature et j’ai pu voir les effets désastreux du plastique sur l'environnement. J’ai eu un vrai déclic et j’ai réalisé que je pouvais contribuer à améliorer cela. C’est une cause très profonde, porteuse de sens, qui me correspond complètement.
Je partage donc mon temps entre cette ONG et mon entreprise, deux activités qui sont très complémentaires.
Quels autres projets avez-vous menés en parallèle ?
Il y a environ un an, j’ai eu l’opportunité de reprendre les rênes d’une ONG, Responsible Cafes. Cette organisation est une accréditation qui représente et aide aujourd’hui une communauté de 5 000 cafés en Australie à être plus écologiques et responsables, à adopter des produits et des packaging plus respectueux de l’environnement, à mettre en place une meilleure gestion des déchets…
Avec mon équipe, nous développons des programmes écologiques pour aider les cafés et restaurants à améliorer leur impact environnemental en Australie. Aujourd’hui, je partage donc mon temps entre cette ONG et mon entreprise, deux activités qui sont très complémentaires.
J’ai aussi lancé le réseau French Tech en Australie, avec une autre entrepreneure qui se trouve elle aussi être diplômée de SKEMA ! Nous sommes labellisés par la Mission French Tech France. Nous gérons une communauté d’entrepreneurs en Australie et organisons des événements, en ligne et en présentiel, autour de l’entrepreneuriat.
Comme il existe très peu de centres de compostage en Australie, beaucoup de ces packaging finissent en fait à la décharge
En Australie, quelle réponse est apportée face aux enjeux environnementaux ?
À notre arrivée en Australie en 2019, le South Australia était le premier État du pays à bannir le plastique à usage unique. Depuis, 7 autres États ont fait de même. Il y a donc eu une réelle prise de conscience de l’urgence climatique ces dernières années. Toutefois, il existe encore beaucoup de greenwashing. D’ailleurs, l’un de nos plus gros challenges est d’éduquer nos clients sur la différence entre les deux types de packaging compostables. En effet, il faut distinguer les produits naturellement biodégradables et compostables à la maison des produits uniquement compostables dans un centre dédié. Comme il existe très peu de centres de compostage en Australie, beaucoup de ces packaging finissent en fait à la décharge sans être composté et très peu de gens le savent.
Je trouve très important de s’entourer, de networker et d’intégrer des communautés dans l’industrie ciblée
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes diplômés de SKEMA Business School qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Il ne faut pas hésiter à contacter les gens qui vous inspirent et qui ont mené des projets en lien avec le secteur visé. Je trouve très important de s’entourer, de networker et d’intégrer des communautés dans l’industrie ciblée. Pensez aussi à demander des feedbacks et à partager votre idée ! De plus, il ne faut pas hésiter à se former par soi-même. Il existe aujourd’hui une multitude de ressources sur internet à notre disposition, que ce soit pour apprendre à créer un site, un design, une newsletter… Grâce à ces ressources, lancer un projet est véritablement accessible à tous. Je trouve également important de développer la persistance et la résilience, des qualités indispensables dans l’entrepreneuriat !