Quelles régions du monde recrutent encore des Français ?

Nous avons interrogé des experts de la mobilité internationale et représentants des régions du monde en recherche de main d’œuvre étrangère, lors de la dernière édition du Forum Expat. 

« L’expérience à l’international n’est plus une rupture dans la carrière, c’est un atout qu’il faudra mettre en avant », assure Jean-Christophe Bonnin, chef du département mobilité et placement international à la direction générale de Pôle Emploi.

Aujourd’hui, la valeur d’une expatriation dans la recherche d’emploi et la stratégie de carrière ne fait plus aucun doute. Mais comment trouver LE pays et LE secteur où prendre le large ? Des destinations comme l’Australie, les Etats-Unis, Londres et d’autres capitales européennes continuent de drainer les ambitions des aspirants expatriés tandis que les politiques d’immigration s’y crispent. 

Taux de chômage faibles et besoins en compétences françaises : le mix gagnant

Quelles sont mes compétences ? Quelle est ma valeur ajoutée face aux besoins du marché et aux profils des locaux ? Qui sont mes concurrents ? Est-ce que je maitrise la langue si je ne suis pas dans un secteur de niche ? Telles sont donc les questions à se poser en amont.

Pour Alix Carnot, co-fondatrice d’Expat Communication, « il y a toujours une grande demande pour les métiers du french taste (métiers de bouche), french tech (nouvelles technologies) et french touch (métiers de la mode et du luxe) ». 

En parallèle, les métiers de service à la personne connaissent une grande pénurie de main d’œuvre en Allemagne comme dans d’autres pays d’Europe du nord (Suède, Danemark). « Aujourd’hui, des secteurs comme la logistique, l’ingénierie, les métiers de la santé, l’enseignement recherchent de la main d’œuvre, c’est vraiment très vaste »,  estime Agnès Caraby, responsable presse et communication de l’ambassade d’Allemagne à Paris.  

Si les Français pensent plus spontanément New-York que Bucarest ou Londres que Cracovie, des pays comme la Roumanie, la Pologne, la République Tchèque ou encore la Hongrie affichent des taux de chômage relativement bas dans des secteurs où les compétences françaises sont valorisées. En Irlande, de nombreux postes de téléconseillers, aujourd’hui vacants, offriraient de belles et rapides perspectives d’évolution. « A Barcelone, la maitrise des technologies digitales et la connaissance de secteurs comme les biotechnologies ou la téléphonie mobiles sont très demandées », explique Ariana Fernandez, conseillère au département des  entreprises, de la culture et de l’innovation à la mairie de la ville catalane.  

Elargir son horizon

Il y aurait actuellement 3.000 offres d'emploi à l'étranger sur le portail de Pôle Emploi, et plus de 4 millions sur le portail EURES, lequel regroupe les services européens d’aide à la recherche d’emploi.

Hors de l’Union, certaines régions du monde vivent dans l’ombre de leurs voisines, sur-sollicitées. C’est le cas du Nouveau-Brunswick au Canada. « On pense spontanément au Québec qui est francophone, observe Nicolas Thériault, agent en immigration économique, en oubliant qu’au Nouveau-Brunswick, il y a également 30% de francophones. Depuis les soudeurs jusqu’aux informaticiens, il y a une pénurie de main d’œuvre dans beaucoup de secteurs. Avec le départ à la retraite d’ici 15 ans d’une grande partie de sa population, la province cherche à attirer des francophones ». 

Contrairement aux idées reçues, «  la mobilité internationale n’est pas réservée aux cadres supérieurs, détaille Bruno Antoine, responsable d’équipe mobilité internationale chez Pôle Emploi, citant l’exemple du recrutement récent d’un boulanger français au Vietnam. Si vous avez des compétences et de la volonté, ne vous mettez pas de frein ».