Près de 1 300 décisions d’investissements étrangers dans l’Hexagone ont été prises en 2017, pesant plus de 33.000 emplois. Les États-Unis sont redevenus le premier pays investisseur, malgré le protectionnisme revendiqué du président Trump. Toutefois, à l’heure des fermetures de sites et des conflits sociaux en France, les chiffres record de Business France pourraient bien être circonstanciels.
« Je crois que c’est la démonstration la plus concrète que la France est de retour », s’est réjoui le ministre de l’Économie et des finances Bruno Le Maire, lors de sa récente présentation du rapport annuel de Business France. On peut lire dans ce dernier que l’attractivité de la France s’est significativement renforcée en 2017. Le nombre d'investissements étrangers a, en effet, progressé de 16% l’an dernier, jusqu'à se hisser à un niveau inédit depuis 10 ans. Ces décisions d'investissement ont permis la création ou le maintien de 33.489 emplois. Les emplois créés ont connu une hausse de 6% pour atteindre 26.399 emplois et les emplois maintenus, une hausse de 34% pour atteindre 7.090 emplois.
« Cette performance, c'est l'attractivité retrouvée de notre pays et c'est la reconnaissance du travail des Français », se félicite le ministre, assurant que le gouvernement fera « tout pour accroître cette dynamique ».
Les Américains en tête, l’innovation et la production aux premiers rangs
Tandis que le président Trump semble avoir déclenché une guerre commerciale et fiscale avec le reste du monde, en décidant de taxer les importations d’acier et d’aluminium et en réduisant drastiquement l’impôt pour les entreprises qui rapatrieraient leur trésorerie aux Etats-Unis, les Américains sont désormais en tête des investisseurs étrangers en France. Représentant 18 % du nombre total de projets et 21 % des emplois créés ou sauvegardés, les investissements américains ont bondi de 30% entre 2016 et 2017. Ils devancent de fait les engagements allemands et italiens.
"On a d'un côté un discours politique américain avec des accents protectionnistes, mais de l'autre, une action massive des entreprises américaines pour investir sur le marché européen, et en France en particulier » explique à l’AFP Christophe Lecourtier, directeur général de Business France. IBM a, par exemple, récemment inauguré un centre de R&D européen sur la cybersécurité à Lille et Amazon installé une plateforme logistique près de Marseille. A la clé : plusieurs centaines d’emplois.
Les Américains, à l’instar des investisseurs européens, semblent avoir une prédilection pour la France en matière de recherche et développement. Un quart des investissements étrangers réalisés en 2017 dans des centres de recherche ont été entrepris par des Américains. « Ce que la France a développé dans la technologie autour de la French Tech n'est pas passé inaperçu auprès des décideurs américains », indique Christophe Lecourtier.
Cependant, la plus forte embellie dans les investissements étrangers concerne la production, avec 343 projets enregistrés (23 % de plus qu’en 2016) créant plus de 16.000 emplois, soit près de la moitié de l’emploi total.
Croissance, Brexit, « effet Macron » : les motifs d’une embellie
Le retour de la croissance économique au niveau mondial mais aussi en France, où elle atteint 2% en 2017, participe de l’attractivité de l’Hexagone. Bien que l’impact du Brexit soit difficile à évaluer, pour certains investisseurs craignant une instabilité en Grande-Bretagne, la France apparaîtrait comme une destination plus rassurante, depuis l’accès à la présidence de Macron. Pour Christophe Lecourtier, « il y a bien eu un effet Macron car sur le premier semestre de 2017, les investisseurs étrangers ont été attentistes. Ils ont attendu le résultat de l'élection, comme ils le font habituellement dans les démocraties. Mais dans la seconde partie de l'année, les investissements ont nettement accéléré ».
Par ailleurs, la France aurait profité de l’instabilité politique en Allemagne suite aux élections législatives, ainsi que de la montée des populismes en Italie, pour améliorer son positionnement sur la scène européenne, dans la course aux investissements.
Quid des fermetures d’usine et conflits sociaux ?
Le rapport de Business France fait toutefois abstraction du départ d’investisseurs étrangers de notre territoire. Selon le cabinet Trendeo, 30 fermetures de sites détenus par des groupes étrangers en France ont été annoncées en 2017 (contre 16 ouvertures), parmi lesquels ceux de Tupperware en Indre-et-Loire ou du groupe suédois de literie Hilding Anders dans le Haut-Rhin.
D’autres cas, comme la récente décision de Bosch de recourir à l’activité partielle jusqu’en 2021 au sein de son usine de Rodez, témoignent des soubresauts des investissements étrangers dans la production en Hexagone. Pour Trendeo, avec, au total, 580 usines de moins qu’en 2008, de faibles investissements moyens et peu d’emplois créés, la France est donc loin de vivre un vrai mouvement de réindustrialisation.