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Gilles Gateau (Apec) - « 1 cadre sur 3 est inquiet pour son emploi »

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Studio Cabrelli
Écrit par Damien Bouhours
Publié le 18 novembre 2020, mis à jour le 18 novembre 2020

Gilles Gateau, directeur général de l'Apec, Association pour l'emploi des cadres, revient sur ces mois difficiles pour le recrutement des cadres et des jeunes diplômés. Il nous détaille les actions possibles, même pendant cette période de confinement.

 

Vous avez été récemment nommé à la direction de l’Apec. Comment appréhendez-vous vos missions dans ce contexte si particulier ? 

En cette période inédite, il est essentiel, pour des raisons tant économiques que sociales, que le marché du travail ne se « fige » pas, que des recrutements continuent de se réaliser, que la recherche d’un premier emploi ou d’un nouvel emploi se poursuive, que les projets de mobilité et de formation continuent d’être accompagnés. Dans ce contexte, la priorité reste l’aide aux entreprises qui recrutent, en particulier les TPE-PME, ainsi que l’insertion professionnelle des jeunes et des personnes éloignées de l’emploi, comme les demandeurs d’emploi de longue durée.

 

Un grand nombre d’entreprises n’ont pas de visibilité sur les prochains mois, voire les prochaines semaines

 

Quel impact peut-on déjà percevoir sur le recrutement des cadres ? 

Notre dernier baromètre* montre que les recrutements sont en forte baisse en 2020. Ils chutent de 40 % par rapport à 2019, qui était une année record en termes d’embauches de cadres.

L’année 2020 devrait donc se solder par 170 000 recrutements contre 281 300 en 2019. Le niveau d’incertitude des dernières semaines, renforcé par les récentes mesures de restrictions sanitaires, nous incitent bien sûr à considérer ce chiffre avec prudence. Un grand nombre d’entreprises n’ont pas de visibilité sur les prochains mois, voire les prochaines semaines, en particulier les TPE-PME qui affichent des intentions de recrutements les plus faibles.

Face à l’urgence, l’Apec est mobilisée pour les accompagner dans leurs recrutements de cadres, mais aussi pour garder le contact avec les entreprises qui ne recrutent plus, afin de préparer avec elles la reprise et aider aux mobilités internes des collaboratrices et collaborateurs.

 

Les jeunes diplômés sont les premiers impactés par les effets de la crise

 

Quelles sont les craintes des cadres et des jeunes diplômés suite à la pandémie ? 

Plus d’1 cadre sur 3 a connu une période de chômage partiel entre mars et septembre dernier, et on enregistre 17 % de cadres demandeurs d’emploi supplémentaires entre fin février et fin juillet selon Pôle emploi. Dans ce contexte, 1 cadre sur 3 se dit inquiet pour la sécurité de son emploi*. Cette inquiétude, légitime en temps de crise, se cristallise par un niveau d’anxiété et une appréhension concernant leur capacité à rebondir en cas de période de chômage. 69 % d’entre eux estiment, par exemple, qu’il leur serait difficile de trouver un emploi équivalent s’ils devaient le perdre et 46 % se sentent mal préparés.

Pour les jeunes diplômé·e·s - ils sont chaque année 210 000 à arriver sur le marché du travail – la période s’avère aussi très compliquée. Ils sont, nous le savons, les premiers impactés par les effets de la crise. Particulièrement fragilisés par la baisse des embauches, ils ont plus de difficultés à trouver leur premier emploi (75 % des jeunes diplômé·e·s en recherche d’emploi ont vu leur recherche perturbée*). C’est pour cette raison que nous avons, depuis la rentrée, déployé un dispositif d’urgence #ObjectifPremierEmploi, afin de leur fournir un plan d’action personnalisé pour leur recherche d’emploi.

 

La période de confinement que nous vivons à nouveau n’entrave pas notre mobilisation

 

Comment les cadres peuvent-ils valoriser leurs compétences actuellement ? 

Nous sommes conscients des enjeux que les cadres rencontrent, de leurs inquiétudes. En cette période, la bonne démarche est de ne pas hésiter à se faire accompagner par nos consultantes et consultants Apec qui vont les aider à faire le point et à valoriser leurs compétences, et ce, quelle que soit leur situation. Qu’ils se sentent menacés dans leur poste, qu’ils aient des projets de mobilité - car la crise n’a pas stoppé les envies de changement – ou des intentions de reconversion professionnelle, nous accompagnons les cadres tout au long de leur vie professionnelle.

La période de confinement que nous vivons à nouveau n’entrave pas notre mobilisation. Nous proposons nos services majoritairement à distance, que ce soient des entretiens individuels ou des webateliers utiles au partage d’expérience.  Et s’il le faut, pour ceux qui ont le plus besoin d’interactions, des rendez-vous individuels et des ateliers se font dans nos centres qui restent ouverts. Enfin, les cadres, les jeunes diplômé·e·s, ainsi que les entreprises ont accès sur notre site Apec.fr à une multitude d’outils en ligne qui leur permettent de se positionner au mieux en tant que candidat ou recruteur (simulateur d’entretien, de salaire, annuaire des métiers, calculer le coût d’une embauche, bilan de vos entretiens professionnels, etc.)

 

Une mobilité internationale se prépare et s’anticipe

 

La mobilité internationale est-elle toujours envisageable dans ce contexte ? 

Les envies de mobilité, déjà prégnantes avant la crise, n’ont pas disparu. Pendant la première période de confinement, un certain nombre de cadres ont eu besoin de trouver davantage de sens et d’utilité à leur emploi et envisageraient des ajustements de carrière qui peuvent passer par une mobilité géographique. La crise sanitaire aurait donné envie à 36 % des cadres de changer de région, parmi lesquels 1 cadre sur 2. Pour autant, il y a toujours une différence entre les intentions et la concrétisation. A court terme, la mobilité internationale, même si elle s’inscrit dans cette envie de changement, reste corrélée au niveau d’inquiétude des cadres, qui face aux effets de la crise et aux contraintes sanitaires propres à chaque pays, pourraient préférer stopper ou reporter leurs projets d’expatriation. Et bien sûr à la levée des mesures de restriction de la circulation d’un pays à l’autre, y compris en Europe !

Dans tous les cas une mobilité internationale se prépare et s’anticipe. A l’Apec, nous organisation des ateliers (ou webateliers), comme « Travailler à l’étranger, les bons réflexes » ou « Préparer sa mobilité internationale », animés par nos consultants spécialistes du sujet.

 

*Intentions de recrutement et de mobilités des cadres – 4e trimestre – Apec 2020.

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