A 26 ans, Eloïse Guettat a lancé depuis Hong-Kong sa gamme de tisanes originales et naturelles, produites en France et distribuées en ligne. Très attachée à ce territoire où elle a vécu 16 ans, elle voit sa carrière professionnelle comme une série de défis et d’apprentissages.
EN PARTENARIAT AVEC SKEMA ALUMNI
Vous avez passé plus de la moitié de votre vie à Hong-Kong. Quels liens vous unissent à ce territoire ?
Née à Singapour, j’ai passé la majeure partie de mon enfance à Hong-Kong (entre mes 1 an et 6 ans, puis 9 ans et 17 ans). C’est là que j’ai fait mes premières expériences des transports, de la gastronomie, je me suis familiarisée avec la culture locale. J’entretiens un lien émotionnel fort avec ce territoire. A la fin de mes études, j’étais dans l’optique de repartir à l’étranger, sans pour autant être fermée à l’Asie. Cependant, le fait de maitriser la langue et d’avoir le statut de résidente permanente étaient des valeurs ajoutées pour revenir m’installer à Hong Kong.
Vous avez réalisé un an de stages dans les cosmétiques et la parfumerie, chez Caudalie à New-York puis Givenchy à Hong-Kong. Qu’en avez-vous retiré ?
C’est très intéressant de voir comment le management d’entreprises internationales arrive à s’adapter aux différents pays d’implantation. Cela m’a initié au travail dans un milieu multiculturel et m’a permis de rencontrer des personnes intéressantes, qui m’ont énormément appris. Même si Caudalie a une dimension plus « familiale » que LVMH, cela nécessite beaucoup de temps et d’énergie pour faire passer ses idées en interne. Pour mon épanouissement personnel, j’avais besoin de monter ma propre structure. Hong-Kong, pays aux multiples opportunités et où on peut vite rebondir, était l’endroit idéal pour le faire.
Comment est née Tisarôm ?
Pour valider mon diplôme à SKEMA, j’ai dû créer un business plan. A l’époque, je buvais beaucoup de tisanes, mais je trouvais que les choix étaient limités et que le produit souffrait, en France, d’une image un peu vieillotte. J’ai donc imaginé une société de production et distribution de tisanes, que j’ai fini par lancer à Hong-Kong il y a quelques mois.
De la tisane française dans un pays déjà gros producteur et consommateur de thé : qu’est-ce qui vous distingue ?
A Hong-Kong, il y a une vraie demande autour du thé et des produits à base de plantes, sains et naturels. Mais la tisane reste encore l’apanage des arrières boutiques, où l’on vous concocte des medicinal herbal tea, mixtures à base d’herbes et de racines destinées à guérir vos maux. Ce n’est pas particulièrement bon et on ne sait pas trop ce qu’il y a dedans. Tisarôm n’a pas vocation à concurrencer la médecine chinoise traditionnelle, mais elle ambitionne de proposer des produits qui combinent les dimensions plaisir et bien-être. Les plantes sont cultivées dans le Luberon, tout est réalisé à la main pour conserver de gros morceaux et préserver les saveurs. Nous recherchons des alliances originales dans les matières premières et les couleurs (avec des fruits ou même des légumes comme la carotte séchée) et souhaitons faire découvrir aux Hongkongais de nouveaux goûts.
Au vu des prix de vos gammes, vous vous adressez plutôt à une clientèle aisée ?
Effectivement, à près de 14 euros la boite, mes produits se veulent premium. Mais les clients comprennent la valeur d’un produit artisanal et de qualité. En plus des tisanes, nous prêtons également une attention particulière au packaging. Les boites peuvent être réutilisées à loisir, voire même offertes en cadeau.
Comment envisagez-vous l’avenir de Tisarôm et vos futurs projets ?
Pour l’instant, les tisanes sont uniquement vendues en ligne mais j’aimerais pouvoir les distribuer dans des boutiques et des hôtels. Je crois énormément à mon produit et quel que soit le succès qu’il rencontre, j’aurais énormément appris au cours des derniers mois. Je voudrais rester à Hong-Kong dans les prochaines années, je m’adapte assez vite à tout, tant que je suis en accord avec les produits et services que j’offre et le milieu dans lequel j’évolue.
Propos recueillis par Justine Hugues