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« Les meilleurs professeurs ne sont pas dans une salle de classe »

Olivier Sinson, UdemyOlivier Sinson, Udemy
Oliver Sinson, responsable Udemy France
Écrit par Adrien Filoche
Publié le 19 juin 2018, mis à jour le 20 juin 2018

Fraîchement revenu de San Francisco, Olivier Sinson est le responsable France d’Udemy, une plateforme de cours vidéo en ligne (E-learning). Fondée en 2010, elle touche plus de 20 millions d’utilisateurs sur l’ensemble du globe, pour des contenus dans plus de 50 langues. Cours de codage, de montage, de programmation web, en passant par des apprentissages Powerpoint, Excel, Photoshop ou encore de langues, Udemy propose un vaste catalogue de formations.

 

Lepetitjournal.com : Un peu de méthodologie : Comment fonctionne la plateforme Udemy ? 

Olivier Sinson : Udemy est une plateforme de cours vidéo en ligne (E-learning). Des formateurs proposent des cours, nous les mettons sur notre plateforme, à disposition des utilisateurs.     

Il n’y a pas de système d’abonnement, chaque formation s’achète à l’unité, pour 10-20 euros en moyenne. Il est aussi possible de naviguer dans le catalogue et d’avoir un bref aperçu d’un cours, gratuitement. Au niveau de la longueur, chaque formation dure au minimum 30 minutes, jusqu’à plus de 70 heures. La moyenne va plutôt de 8 à 15 heures et nous demandons à nos formateurs d’apporter un maximum de pratique. 

Notre unique condition, c’est une grille de qualité, nécessaire avant toute publication : au moins 30 minutes de vidéo, en HD, avec un audio de bonne qualité, et évidemment, aucune faute dans le titre et la description. Mais, en tant que plateforme de mise en relation, nous ne faisons pas de vérification de contenus. Le fond est vérifié par nos utilisateurs, avec un système de notes et de commentaires. De plus, les clients ont 30 jours pour se faire rembourser. C’est un peu le même principe qu’Airbnb. Les meilleurs cours vont naturellement émerger au-dessus des autres. Notre mission, c’est de dire que les meilleurs professeurs ne sont pas forcément dans une salle de classe et que chacun doit pouvoir trouver le formateur idéal, où qu’il soit dans le monde. 

 

Comment vous distinguez-vous de vos concurrents, qui sont nombreux, sur le marché du E-learning

Où nous nous distinguons, c’est sur le volume. Aujourd’hui, on a 65.000 cours et nous en avons des nouveaux tous les jours. Chaque mois, en français, il y a une centaine de nouveaux contenus. Il existe en effet beaucoup de plateformes de E-learning, mais sur un sujet, ils vont avoir un, deux, trois cours, car eux, ce sont des éditeurs qui créent les cours. Nous, en tant que plateforme de mise en relation, nous ne faisons pas nous même de contenus. Et puis, la différence avec les MOOC (formation en ligne ouverte à tous, aussi appelée cours en ligne ouvert et massif) qui sont assez populaires, c’est qu’ils fonctionnent par session, c’est-à-dire qu’ils commencent à une date et finissent à une autre. D’un autre côté, Udemy permet de consulter n’importe quel cours, sans aucune contrainte de temps et peu importe la situation géographique. 

L’avantage, c’est qu’on peut apprendre n’importe quand, n’importe où, Depuis la maison, sur le téléphone, à son rythme, cela convient aux personnes actives, en mouvement

Par ailleurs, nous disons à nos formateurs : « faites des cours, où, à la fin, votre utilisateur aura acquis une compétence. C’est une chose de savoir. C’est encore mieux de savoir faire ». Les entreprises « se fichent » de votre diplôme. Pour un développeur, si jamais tu as un diplôme, mais que tu ne sais pas faire un site web, tu ne seras pas remarqué. »

 

Quel est le profil type de vos utilisateurs ? 

Tous ceux qui veulent apprendre. Notre cœur de cible se situe plutôt entre 25 et 45 ans, mais tout dépend en réalité du type de cours. Nos utilisateurs sont des personnes qui, en permanence, veulent s’informer, rester à la pointe de leur sujet. En poste, ils ont besoin, pour leur carrière, de s’assurer d’avoir les bonnes compétences, notamment dans le domaine du numérique qui est en perpétuelle évolution. Expatrié ou pas, si vous ne vous formez pas continuellement tout au long de votre carrière, tout ce que vous avez appris durant vos études ne vous servira à rien. Aujourd’hui, les entreprises veulent des gens compétents et qui s’adaptent. 

Mais en tant que plateforme de mise en relation, nous avons en réalité deux cibles : utilisateurs et formateurs. Notre force, c’est que les formateurs sont souvent des experts, issus du monde professionnel. Cela peut bien évidemment avoir des limites, car ils n’ont pas forcément la pédagogie. Les meilleurs, ce sont ceux qui ont à la fois l’expertise et la pédagogie. Enfin, il y a aussi beaucoup d’étudiants qui se disent : « Moi aussi j’ai une expertise, une passion, moi aussi je suis capable d’aider des gens ». 

 

Quels sont vos principaux marchés ? Vos cours les plus prisés ? 

Sur l’ensemble de nos 65.000 cours, environ 1.000 sont en français et 50.000 en anglais. Nous avons plus de 250.000 utilisateurs en France, mais aujourd’hui, nos plus gros marchés sont plutôt le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Nord. Récemment, nous avons recruté une personne chargée du catalogue de cours en arabe. L’année dernière, nous nous sommes lancés dans plusieurs pays, comme l’Italie, la Pologne ou encore la Turquie. Comme autre futur gros lancement, nous allons embaucher quelqu’un pour développer notre catalogue en Russie. 

En français, le cours qui intéresse le plus est celui de formation complète de développeur web. Il est vraiment génial, dure 37 heures, et ne coûte qu’environ 10-20 euros. Vous n’avez jamais codé, le formateur vous prend de zéro et vous apprenez ensemble. Et puis, il y a aussi des cours de dessin qui marchent bien, de deep-learning, de java, et aussi d’Unity pour apprendre à créer des jeux vidéo. Même si les cours techniques et professionnels sont ceux qui remontent le plus, il y a aussi un catalogue loisir, détente, etc… 

 

Récemment, le cabinet EY a dressé un rapport sur le regain d’attractivité de la France. Que pensez-vous de cela parallèlement à votre étude sur le manque de compétitivité perçue par les Français ? 

Dans notre étude, on parle surtout de perception : la perception des Français sur leur manque de compétitivité et de compétences. Quand on compare avec les Brésiliens, on voit qu’ils sont de leur côté très confiants, alors que d’autres études montrent que la compétitivité du Brésil est plutôt en bas. Tout est une question de perception. Par ailleurs, il y a plusieurs questions dans notre analyse : près de la moitié des Français sondés estiment ne pas avoir le bagage nécessaire pour entrer sur le marché du travail. Et c’est vraiment cela notre mission : combler les lacunes de ceux qui veulent se former en continu pour rester compétitif sur le marché du travail. 
 

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