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Inégalité des sexes, pauvreté… quels sont les nouveaux enjeux du monde du travail ? 

Inégalité des sexes, pauvreté… quels sont les nouveaux enjeux du monde du travail ? Inégalité des sexes, pauvreté… quels sont les nouveaux enjeux du monde du travail ? 
Écrit par Anne-Claire Voss
Publié le 29 novembre 2022

L’inégalité des sexes dans le monde du travail est malheureusement toujours d’actualité. Mais dans quels pays est-ce le plus répandu ? Les entreprises respectent-elles, pour la majorité, leurs employés ? Le monde dérive-t-il vers une augmentation des inégalités de talents ? Voilà les questions posées par le nouveau rapport de l'indice mondial de compétitivité des talents. 

 

Pour 2022, le rapport de l'indice mondial de compétitivité des talents (conçu par l’école de management Insead en partenariat avec Portulans et Human Leadership Capital Institute) met en exergue les inégalités ayant été accentuées par la crise du Covid-19 et la guerre en Ukraine. De fait, la "grande divergence" entre les pays les plus riches et les plus pauvres se poursuit : “les données actuelles indiquent qu'elle devrait s'accentuer dans les années à venir”. Cependant “elle est publiée dans une période de grande incertitude et dans le contexte de nombreux changements qui pourraient profondément affecter la compétitivité des entreprises.”

 

Cette étude comprend 133 pays et s’est basée sur de nombreux critères, tels que l’apprentissage des habitants tout au long de la vie, l'ouverture sur l'extérieur, le degré d'employabilité, la capacité à retenir les talents, le bien-être social en entreprise… Mais ce rapport met surtout en lumière les grands défis auxquels sont confrontés les salariés. 

 

L’inégalité des sexes au travail reste un fléau à combattre 

Quelles sont les inégalités les plus flagrantes dans le monde du travail ? “L'égalité des sexes est plus qu'un objectif en soi. Elle est une condition préalable pour relever le défi de la réduction de la pauvreté, de la promotion du développement durable et de la mise en place d'une bonne gouvernance.”, nous répond Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations Unies. Le rapport ajoute : "les données semblent indiquer que, dans le monde entier, les emplois occupés par des femmes ont généralement été 19% plus menacés par les ajustements du Covid (y compris les licenciements) que les emplois occupés par les hommes. Dans de nombreux cas, cette tendance pourrait être difficile à inverser "

 

Contrer l’inégalité des sexes pour une meilleure économie

Il est clair que les efforts visant à réduire les écarts entre les sexes en matière de talents ont été couronnés de succès dans un certain nombre de pays. C'est le cas dans les économies nordiques (Islande, Finlande, Danemark, Norvège et Suède en particulier), mais aussi en Nouvelle-Zélande ou en Albanie, par exemple. Ces signes positifs semblent toutefois demeurer essentiellement une caractéristique des sociétés plus riches. La moitié des 12 pays qui obtiennent le meilleur score possible se trouvent dans les 15 premiers de l'indice des talents. 

 

Le rapport précise : “Il existe une opportunité particulière pour les pays d'Asie de l'Ouest (notamment l'Iran, le Koweït, Oman et le Qatar) d'améliorer leur compétitivité en matière de talents en renforçant les droits légaux des femmes à participer et à s'engager dans des activités économiques.” Les pays qui gagneraient à accroître les opportunités de leadership pour les femmes sont le Lesotho, l'Inde, et l'Iran, mais aussi des champions du talent, comme l'Italie et le Japon.

 

Une pauvreté accentuée par le Covid-19 et la guerre en Ukraine

L’inégalité des sexes n’est pas le seul fléau dans le monde du travail. Et l’une des pertinences de ce rapport est de montrer l’interconnexion entre les différents problèmes mondiaux. À titre d’exemple, une remarque faite par le Programme des Nations unies pour le développement est reprise : "la flambée des prix des denrées alimentaires et de l'énergie pourrait pousser jusqu'à 71 millions de personnes à la pauvreté". Avec “des points chauds évidents”, selon le rapport cette fois-ci, tels que le bassin de la Caspienne, les Balkans et l'Afrique subsaharienne (en particulier le Sahel). 

 

Les pays les plus pauvres sont invariablement ceux ayant l’indice de talents le plus faible. Mais le rapport ajoute que “la situation dans les pays à revenu moyen inférieur semble être encore pire que dans les pays les plus pauvres, mais il s'agit peut-être d'une distorsion statistique due à l'ampleur de la crise”. 

 

 L’écart se creuserait alors entre les pays à revenus moyens, et les pays riches. Pour la plupart, le Covid-19 et la guerre en Ukraine ont ralenti voire stoppé le développement.

 

Les éruptions volcaniques, les tremblements de terre et les tsunamis actuels constituent la partie dont nous pouvons être témoins à l'heure actuelle. On peut considérer que la récente crise du COVID - et les crises d'autres types qui en découlent - sont l'équivalent de tels phénomènes géophysiques. C'est l'un des objectifs de cet indice : utiliser les données disponibles les plus récentes, ainsi que certains des signaux faibles qui les entourent, pour identifier la manière dont ces mouvements s'orientent et la puissance qu'ils sont susceptibles d'avoir - Insead

Quels secteurs touchés par le Covid-19 et la guerre en Ukraine ? 

L'année dernière, le rapport sur l'indice mondial de compétitivité des talents avertissait que la reprise post-Covid pourrait également continuer à creuser les inégalités d'emplois. Il soulignait en particulier la possibilité d'une reprise en forme de K, c'est-à-dire une reprise dans laquelle la production reprend à un rythme accéléré mais dont les effets sont très différents sur la main-d'œuvre des différents secteurs. 

 

Il prédit que les travailleurs employables dans les secteurs alimentés par la reprise, tels que la technologie, le commerce de détail ou les services informatiques, trouveraient davantage de possibilités d'emploi (et une meilleure rémunération) que ceux qui sont bloqués dans d'autres activités (souvent en difficulté) comme les voyages ou les loisirs. 

 

À qui la responsabilité d’améliorer l’indice de talents ? 

Il est essentiel pour les pays de s’entraider pour aspirer au plus haut indice possible en matière de talents. Les pays développés seront d’une manière ou d’une autre affectés s’ils s’enferment ou s’isolent. Plus l’entraide sera de mise, et plus chaque pays sera compétent et en mesure de s’auto-gérer et, in fine, pourra également aider en retour.  

 

Il précise : “Les villes qui semblent bien placées pour être prêtes à l'avenir sont les villes de taille moyenne (entre 200.000 à 2 millions d'habitants), ainsi que celles qui s'avèrent suffisamment agiles pour aligner et mobiliser leurs ressources sur des axes clés tels que la transformation numérique, offrir des environnements de travail attrayants aux jeunes générations, et contribuer à la réalisation des Objectifs du Développement Durable.” 


Le rapport conclut : “Le Covid nous a enseigné des leçons importantes. L'une d'elles est qu'en temps de crise, les plus faibles sont ceux qui souffrent le plus. Une autre est que, dans des conditions extrêmes, ce qui paraissait impossible devient parfois réalisable, et que notre vision de l'avenir change dans le processus. ”

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