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Sophie Sidos, présidente CCE : “l’international n’est pas une menace mais une chance”

À la tête de près de 4.500 Conseillers du commerce extérieur (CCE) présents dans 152 pays, Sophie Sidos défend une vision moderne et inclusive du réseau : ouverture aux jeunes, aux visages féminins, aux nouveaux métiers et à l’innovation. Pour la présidente, le message est clair : se lancer à l’international est une nécessité pour les entreprises françaises.

présidente CCE ©Jean-Paul Loyerprésidente CCE ©Jean-Paul Loyer
Sophie Sidos, par ©Jean-Paul Loyer
Écrit par Capucine Canonne
Publié le 2 octobre 2025, mis à jour le 7 octobre 2025

 

 

Le 1er août 2025, 828 nouveaux Conseillers du commerce extérieur ont été nommés dont 669 à l’international. Pourquoi est-ce essentiel de compléter ou renouveler le réseau CCE ?

Le renouveau est indispensable. Nos métiers changent, ils évoluent sans cesse. L’intelligence artificielle, par exemple -  marginale il y a vingt ans - est au cœur des entreprises aujourd’hui. Si nous n’avons pas des jeunes patrons ancrés dans la modernité, nous disparaîtront dans vingt ans. Nos mandats de CCE durent trois ans, ce qui permet de renouveler régulièrement les profils. Je milite pour les porter à cinq ans, afin que chacun ait le temps de s’épanouir. Ce renouvellement est aussi crucial pour féminiser notre réseau. Les femmes sont encore trop rares, souvent par contraintes familiales ou parce qu’elles s’autocensurent. Elles s’engagent pourtant à 100 % mais hésitent à multiplier les mandats. Les convaincre de rejoindre les CCE reste l’un de mes plus grands défis. 

 

 

Le 1er août 2025, le Journal Officiel a publié la nomination de 828 nouveaux Conseillers du commerce extérieur de la France (CCE). La promotion 2025 compte 150 CCE en métropole, 9 dans les Outre-mer et 669 à l’international, dans des destinations aussi variées que les États-Unis, l’Inde, le Brésil, le Qatar ou encore le Vietnam. Parmi eux, 217 femmes (soit 26,2 % des nouveaux conseillers) contribuent à renforcer la féminisation du réseau.

 

 

Certains pays souffrent d’une image biaisée alors qu’ils offrent des perspectives incroyables.

 

 

Les CCE se sont réunis au Mexique en mars 2025 lors du Forum des Amériques puis au Caire en mai pour le Forum Mena. En quoi de tels forums sont-ils essentiels ?

Ces forums sont vitaux pour nos entreprises. À chacun d’entre eux, des dirigeants découvrent des opportunités insoupçonnées : « Je ne pensais pas qu’il y avait un tel potentiel au Mexique », ai-je entendu. Au Caire comme au Mexique, les participants sont repartis enthousiastes. Je n’ai pas rencontré un seul dirigeant malheureux d’être à l’international. Tous témoignent d’une même dynamique : « mon entreprise se développe, elle va bien, c’est un vrai bonheur ». C’est pourquoi j’encourage vivement les dirigeants français encore hésitants à venir à un forum. Ils découvrent un pays - souvent inattendu - et souvent une opportunité de croissance qu’ils n’auraient jamais envisagée autrement. Ces événements permettent de confronter la réalité du terrain aux représentations parfois négatives. De la même manière, certains pays souffrent d’une image biaisée alors qu’ils offrent des perspectives incroyables. Avec nos CCE et Business France présents localement, nous identifions ces créneaux porteurs. Un forum est l’occasion d’ouvrir les yeux et de saisir une chance.

 

 

Un évènement phare à Mexico…le Grand Prix VIE Amériques 2025

 

 

grand prix VIE au Forum des Amériques au Mexique  - Lepetitjournal.com
grand prix VIE au Forum des Amériques au Mexique  - Lepetitjournal.com 

 

 

Quels sont les forums prévus en 2026 ?

2026 est une année particulière car c’est une année d’élection pour nous, donc une année charnière où il. Dans tous les cas, il y aura une actualité, mais tout dépend des enjeux économiques et géopolitiques du moment. Je peux annoncer un Forum qui aura lieu à Dakar en novembre. Et nous réfléchissons déjà à 2028, avec un événement mondial pour fêter les 130 ans des CCE. Ce type d’événement demande au moins un an de préparation.

 

 

Je veux dire ou redire à un entrepreneur français qui hésite à se lancer à l’international qu’il faut oser. Celui qui n’essaie pas ne réussit pas. Et celui qui tente, souvent, décroche le jackpot

 

 

À l’heure de tensions géopolitiques et de guerre commerciale entre grandes puissances, quel rôle peut jouer un CCE ?

Un rôle de proximité et de vigilance. Les CCE connaissent parfaitement leurs marchés, ils sont capables d’alerter sur les pièges à éviter et d’indiquer les opportunités. Ils travaillent en synergie avec les services économiques des ambassades, dont le rôle est essentiel. Dans un monde incertain, nous devons être des relais fiables et réactifs. Je veux dire ou redire à un entrepreneur français qui hésite à se lancer à l’international qu’il faut oser. Celui qui n’essaie pas ne réussit pas. Et celui qui tente, souvent, décroche le jackpot. Oser l’international n’est pas une menace mais une chance. Bien sûr, il faut une préparation, une trésorerie et un accompagnement. Mais je le répète : je ne connais pas de dirigeant malheureux d’être à l’international.

 

 

©Jean-Paul Loyer
©Jean-Paul Loyer

 

 

Comment un CCE accompagne-t-il concrètement une entreprise française ?

Un CCE est une source gratuite de renseignements. La Team France Export de laquelle font partie les CCE, organise les « 360 export », c'est-à-dire des rencontres avec des dirigeants qui expliquent leurs succès, leurs échecs et les erreurs à éviter. Nous travaillons avec Business France, les chambres de commerce, le MEDEF, et organisons des délégations collectives. C’est une formidable boîte à outils pour tout entrepreneur désireux de franchir le pas ! 

 

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Un marché français peut se fermer ou ne suffit plus pour se développer. Alors, l’international devient une évidence. 

 

 

Est-ce difficile d’entreprendre aujourd’hui ?

Entreprendre est toujours difficile, mais ce n’est pas forcément plus compliqué à l’étranger. Dans certains pays, la réglementation est plus souple, ce qui facilite les démarches. Chaque marché a ses spécificités, il faut les connaître et éviter les pièges. Et pour cela, rien de mieux que de s’appuyer sur les CCE et sur les services économiques des ambassades. Ils sont sur place, connaissent parfaitement le terrain et apportent des conseils précieux. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut jamais partir seul : l’accompagnement est la clé. J’ajoute qu’un marché français peut se fermer ou ne suffit plus pour se développer. Alors, l’international devient une évidence. Avec les bons relais, ce n’est pas plus difficile qu’en France.

 

 

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les CCE dans le monde - ©CCE
les CCE dans le monde - ©CCE

 

 

Depuis votre élection en juin 2023, quel a été votre plus grand défi ?

Mon plus grand défi est de convaincre les femmes de nous rejoindre. Trop souvent, elles se sous-estiment ou craignent de ne pas avoir le temps. Or, elles sont essentielles à la modernisation de notre réseau. Je rencontre aussi un autre défi de taille avec les crises politiques, économiques, ou géopolitiques. Le monde est instable, il faut être agile et réactif. Enfin, j’ai à cœur de valoriser les entreprises françaises de l’étranger (EFE). Beaucoup réussissent magnifiquement à Singapour ou ailleurs, mais nous devons les inciter à réinvestir en France. Trop de startups françaises partent faute de financements locaux et se font racheter par des entreprises américaines ou chinoises. C’est l’un de mes combats aujourd’hui,  renforcer les investissements en France.

 

 

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le V.I.E. est un tremplin : environ 90 % des jeunes sont embauchés par la suite. C’est une porte d’entrée extraordinaire vers l’international.

 

 

Vous avez confié à notre correspondant lepetitjournal.com à Osaka que “l’international ne s’improvise pas, il est accessible”, notamment via le V.I.E. Pouvez-vous nous en parler ?

Le V.I.E. est une chance inouïe. Accessible à tous, diplômés ou non, il permet de se confronter à une expérience professionnelle à l’étranger. Pour le jeune, c’est une ouverture incomparable. Pour l’entreprise, c’est un dispositif fiscalement avantageux. Je prends l’exemple d’une de mes entreprise Vicat en Alabama. Au départ, les jeunes veulent New York ou Washington. Et finalement, tous ceux que j’ai rencontrés me disent : “Je veux rester en Alabama”, parce qu’ils découvrent une qualité de vie, une culture, un pays qu’ils n’imaginaient pas. Et je tiens à souligner que le V.I.E. est un tremplin : environ 90 % des jeunes sont embauchés par la suite. C’est une porte d’entrée extraordinaire vers l’international.

 

 

Lepetitjournal.com suit nos actions dans 152 pays, comme un miroir de ce que nous faisons

 

Sophie Sidos et Capucine Canonne - lepetitjournal.com
Sophie Sidos et Capucine Canonne - lepetitjournal.com 

 

 

Un mot pour nos lecteurs de lepetitjournal.com en cette rentrée 2025 ?

Je vous remercie d’être partout avec nous lors de nos déplacements, nos Forums ou nos évènements. Lepetitjournal.com suit nos actions dans 152 pays, comme un miroir de ce que nous faisons. Comme les CCE, vous vous adaptez au terrain, aux réalités locales, tout en portant haut l’étendard de la France. Je trouve formidable d’avoir un média qui relaie nos actions dans 152 pays et j’encourage les Français de l’étranger à vous lire. Nous partageons cette conviction : la France est un pays magnifique, et encore une fois, l’international est une chance. Osons-le ensemble.

 

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