En prévision du forum Asie-Pacifique des CCE organisé à New Delhi du 27 au 29 novembre, Lepetitjournal.com a rencontré Véronique Denis-Pelliet, présidente du comité de Singapour, pour en savoir plus sur cette institution qui aide au développement économique de la France à l’international.
Véronique Denis-Pelliet, qui sont ces CCE et quel est leur rôle ?
Les CCE sont des professionnels expérimentés dans le pays où ils travaillent et dont ils connaissent l’écosystème et la vie économique. Depuis plus de 120 ans, ils mettent bénévolement leur savoir-faire et expérience au service de la présence française dans le monde.
Ils sont nommés par le premier ministre et sont investis par les pouvoirs publics de quatre missions : le conseil aux pouvoirs publics, en les informant sur les problématiques des échanges internationaux ; l’appui aux entreprises et aux entrepreneurs qui souhaitent se développer à l’international ; la formation des jeunes aux métiers de l’international, à travers notamment le tutorat des VIE (Volontariat International en Entreprise) ; et la promotion de l’attractivité de la France, grâce aux contacts avec les chefs d’entreprise et les autorités économiques de leur pays d’implantation.
Le réseau des Conseillers du commerce extérieur de la France (CCE) rassemble plus de 4.000 femmes et hommes d’entreprises réparties en France et dans 149 pays. Il n’y a pas d’organisation similaire dans d’autres pays.
Comment cela se décline-t-il à Singapour ?
Avec plus de 60 membres opérant dans les secteurs les plus divers (transport, consulting, alimentation, santé, finance, énergie, hôtellerie, éducation, juridique, …), le comité de Singapour est un des plus gros au monde, ce qui n’est pas étonnant quand on sait que Singapour est une plateforme régionale pour l’Asie du Sud-Est et au-delà, que beaucoup d’entreprises internationales y ont leur siège régional, et que le gouvernement local multiplie les initiatives pour encourager les entreprises innovantes à s’y installer.
Nous sommes une association loi 1901 selon le droit français, mais nous n’avons pas d’existence juridique vis-à-vis de Singapour. Nous avons un bureau d’une dizaine de membres qui veille à l’animation du comité et à son renouvellement en visant une mixité tous azimuts (type et taille d’entreprise, secteur, âge, sexe).
Notre programme Duo Mentoring, initié avec la chambre de commerce française (FCCS), permet à une entreprise de bénéficier de l’aide d’un mentor sur 6 à 12 mois, pour avoir une meilleure connaissance du pays ou du marché, mieux appréhender l’approche commerciale ou d’implantation, et identifier les appuis et aides existants à l’exportation.
Pour paver la voie à des entreprises françaises désireuses de se développer dans la région, des rapports détaillés ont été rédigés dans les secteurs de la finance verte et du développement durable, et des groupes ont été constitués dans les domaines de Food Tech et Agri Tech, de la santé et de la communauté économique de l’ASEAN.
Nous suivons de l’ordre de 250 VIE à Singapour,. Nous organisons des rencontres périodiques avec les VIE pour qu’ils puissent éclairer leur futur à travers des échanges avec des membres du comité. Nous collaborons aussi avec des élèves de l’INSEAD et de l’ESSEC sur des études ciblées.
Nous avons aussi des échanges avec les CCE des autres pays de la région, récemment avec la Chine et l’Inde, pour mieux comprendre les problématiques de développement dans ces pays.
Quel a été votre parcours jusqu’à présent ?
De formation commerciale et de tempérament entrepreneurial, j’ai beaucoup travaillé dans le secteur des télécommunications, d’abord dans une start-up pendant 7 ans, œuvrant notamment dans la télématique bancaire, avant de rejoindre France Telecom, en 1993 pour travailler dans la téléphonie mobile.
En 1998, j’ai suivi mon époux à Singapour, où il avait été muté, avec une petite fille de cinq semaines. J’y ai travaillé pour Singtel dans un poste commercial, dans un contexte difficile : j’étais la seule occidentale, donc un peu marginalisée, avec une grosse charge de travail.
En 2001, je suis revenue en France où j’ai intégré Orange, dirigeant des équipes entre Londres et Paris qui géraient des appels d’offres pour des services mobiles en Europe, ce qui m’a amené à négocier des accords avec les opérateurs des pays où Orange était absent.
En 2005, j’ai repris le chemin de l’Asie, cette fois la Chine, dans le sillage de mon époux. J’y ai travaillé pendant 7 ans, toujours pour Orange sur la Chine Mainland, Hong Kong, et Taiwan. Après ces longues années en milieu essentiellement chinois (j’ai dû apprendre le mandarin), j’ai voulu changer de domaine et j’ai rejoint un cabinet de recrutement.
C’est dans ce contexte que je suis revenu à Singapour en 2015. En 2021, j’ai rejoint FrandAvenue, une start-up française, plateforme de brevets évoluant essentiellement dans le secteur Telecom, où je suis en charge du marketing et de la stratégie commerciale.
Comment en êtes-vous venu à prendre la présidence du comité des CCE de Singapour ?
L’entrée dans un CCE peut tout aussi bien résulter d’une invitation à le rejoindre que d’une démarche volontaire de la part d’un candidat. Pour ma part, j’ignorais tout de cette structure quand, en 2013, j’ai été invité à rejoindre le CCE de Shanghai, ville où je travaillais alors, après avoir prodigué des conseils bénévoles à pas mal d’entrepreneurs. Dans tous les cas, il faut que la candidature soit acceptée par le service économique de l’ambassade, compte tenu du rôle officiel tenu par un CCE.
Quand je suis revenue à Singapour en 2015, j’ai naturellement rejoint le CCE de ce pays. J’ai rejoint le bureau du Comité en 2017 et en ai pris la Présidence en 2019. C’est une fonction bénévole mais qui me prend près de 20% mon temps, ce qui est non négligeable.
Mes objectifs sont d’assurer les quatre missions dévolues aux CCE en coordination étroite avec l’ambassade, en veillant à une bonne animation du comité, à la participation de tous ses membres et à la qualité de leur contribution.
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Avez-vous encore du loisir entre votre travail et le CCE ?
Pour changer de sujet, j’ai suivi cette année une formation de médiateur au Singapore Mediation Center. Les médiateurs interviennent à la demande de parties en litige, pour aider l’identification d’une solution avant d’en venir à saisir la justice. Le but n’est pas de proposer une solution, mais de favoriser les dialogues entre les parties, de façon à trouver un compromis ou un accord. Les litiges peuvent évidemment être de nature différente. A part cela, je pratique des activités sportives régulièrement (course à pied, natation etc…).