Le réalisateur oscarisé, Bryan Fogel, revient avec un documentaire sur l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Un thriller d’investigation qui mêle images, archives et témoignages inédits. Disponible en vidéo à la demande le 15 mars.
Le 2 octobre 2018, le journaliste Jamal Khashoggi entre dans le Consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul. Il n’en ressortira jamais, tué puis démembré par un commando envoyé par l’Arabie Saoudite. Journaliste, d’abord proche du pouvoir saoudien, Jamal Khashoggi prend petit à petit des positions anti-système. Alors qu’il est exilé aux Etats-Unis, il gagne en notoriété sur Twitter et ses prises de position inquiètent le gouvernement. « En écrivant sur ce qu’il savait être la vérité, il est devenu une menace, car la vérité est puissante » résume Bryan Fogel.
The Dissident est une plongée au coeur de cette affaire au retentissement mondial. Une attaque à la liberté d’expression, dont l’impunité résonne encore aujourd’hui. Le documentaire retrace le déroulé des événements tout en apportant un nouvel éclairage sur les causes de l’assassinat.
Des témoignages exclusifs
The Dissident s’appuie sur des images d’archives, des enregistrements de caméras de surveillance, les enregistrements audio de l’assassinat ainsi que des témoignages exclusifs.
La fiancée de Jamal Khashoggi, Hatice Cengiz livre son histoire avec le journaliste. Elle, qui l’a attendu pendant 3 heures devant l’entrée du Consulat alors qu’il devait récupérer les papiers nécessaires à leur mariage, a aujourd’hui fait de la recherche de la vérité son combat.
Par le témoignage d’Omar Abdulaziz Alzahrami, Bryan Fogel apporte une nouvelle dimension à l’assassinat de Jamal Khashoggi. Exilé au Canada, le jeune activiste s’était rapproché du journaliste afin de lutter contre l’armée de « mouches » de MBS : des Saoudiens employés pour inonder de posts pro-système toute personne tenant des propos à l’encontre du gouvernement sur Twitter. Alors que Jamal Khashoggi s’engage en donnant 5000 dollars à Omar Abdulaziz Alzahrami pour mener à bien son entreprise, celui-ci le prévient : « Tu n’es plus un journaliste, tu es un dissident ».
Je savais qu’une fois que son histoire commencerait à s’ébruiter, toutes les agences de presse du monde lui courraient après. Je savais que son histoire était incroyable et qu’elle était la véritable histoire derrière l’assassinat de Khashoggi
- explique le réalisateur à propos d’Omar Abdulaziz Alzahrami.
L’impunité règne toujours
Les résultats d’enquêtes menées par la CIA et l’ONU sont formels sur la culpabilité du prince saoudien Mohammed Ben Salmane dans l’assassinat. Mais les liens financiers, tant en vente d’armes qu’en pétrole, qui lient les grandes puissances démocratiques à ce pays du Moyen-Orient empêchent toute sanction d’être prise. C’est ce à quoi souhaite remédier le réalisateur, en ramenant ce scandale sur le devant de la scène: « Le fait est que le film peut atteindre bien plus de personnes qu’un rapport de l’ONU ou une enquête gouvernementale censurée et classifiée. Des citoyens informés peuvent peut-être mieux pousser leur gouvernement démocratique à faire des droits de l’Homme une priorité absolue. »
Alors que les Etats-Unis de Trump étaient très clairs sur leurs bonnes relations avec l’Arabie Saoudite liées à leurs intérêts financiers, l’arrivée au pouvoir de Joe Biden est venue assombrir le tableau. Le 26 février, le président américain a déclassifié un document de la CIA affirmant que Mohammed Ben Salmane a « validé » l’assassinat du journaliste.
The Dissident est nommé pour le BAFTA du meilleur documentaire.
The Dissident, Bryan Fogel, 114 minutes, disponible sur les plateformes de VOD