Dans Quand j'étais chanteur, Xavier Giannoli sublime un Gérard Depardieu magistral. Derrière les tubes des années 70, dans un décor de bals populaires en province, se joue l'éternelle partition de la rencontre sans doute impossible. Un film poignant d'humanité
Depardieu illustre la modestie d'un destin (Photo : EuropaCorp Distribution)
Lors de son passage à Cannes, Quand j'étais chanteur de Xavier Giannoli s'est fait éreinter par la critique. Aujourd'hui, à l'heure de sa sortie en salles, moins de glamour compétitif et d'esbroufe intellectuelle permettent de poser un regard plus serein sur une histoire simple au décor coloré et à la thématique douloureuse.
Car Quand j'étais chanteur aborde la question du vieillissement par le biais d'une rencontre entre Alain, un chanteur de bal décati mais attachant (Gérard Depardieu), et Marion, la fraîche mais paumée employée d'une agence immobilière.
Au départ, d'ailleurs, via de savoureux dialogues, le film tient plutôt de la comédie. Pour écrire son film, Xavier Giannoli s'est inspiré de la vie réelle d'Alain Chanone, un chanteur qui officie dans les soirées et maison de retraite de la région de Clermont-Ferrand. De fait, quand le personnage joué par Depardieu justifie son boulot en disant qu'il a 14 millions de célibataires à faire danser ou que les gens qui viennent le voir "c'est surtout pour la roucoule", on comprend mieux comment draguer en province quand on n'est plus de première jeunesse?
Dans l'évidence du silence
Mais au-delà de l'exactitude documentaire parfois drôle et vaguement sinistre des festivités provinciales, la grâce du film tient dans la délicatesse d'une histoire simple et éternelle. Pour croiser leurs solitudes, Giannoli filme par touches la manière dont ses personnages acceptent modestement leur destin. Il a écrit le rôle pour Depardieu, qu'il sublime ici. Ce n'est certes pas un scoop, mais Depardieu prouve de nouveau à quel point il est un acteur immense. Même s'il parle beaucoup et qu'il chante aussi, il tait ses émotions qui passent en conséquence par un jeu de regards terriblement expressifs. Face à lui, Cécile de France se tait aussi, et c'est dans le mystère de cette étonnante rencontre que se joue la grandeur des émotions humaines.
Quand j'étais chanteur parle du silence des sentiments : il n'y a rien à dire face au temps qui passe ou à la maternité interdite, juste à filmer. Après Les corps impatients, Xavier Giannoli continue son exploration romanesque de l'impossible parole. Qu'il n'arrête surtout pas.
Betty RUBY. (www.lepetitjournal.com) 13 septembre 2006
Quand j'étais chanteur, de Xavier Giannoli avec Gérard Depardieu, Cécile de France, Mathieu Amalric, Christine Citti ?
Durée : 1h52
Sortie en France : 13 septembre 2006
Site officiel
Fiche sur allociné
Depardieu illustre la modestie d'un destin (Photo : EuropaCorp Distribution)
Lors de son passage à Cannes, Quand j'étais chanteur de Xavier Giannoli s'est fait éreinter par la critique. Aujourd'hui, à l'heure de sa sortie en salles, moins de glamour compétitif et d'esbroufe intellectuelle permettent de poser un regard plus serein sur une histoire simple au décor coloré et à la thématique douloureuse.
Car Quand j'étais chanteur aborde la question du vieillissement par le biais d'une rencontre entre Alain, un chanteur de bal décati mais attachant (Gérard Depardieu), et Marion, la fraîche mais paumée employée d'une agence immobilière.
Au départ, d'ailleurs, via de savoureux dialogues, le film tient plutôt de la comédie. Pour écrire son film, Xavier Giannoli s'est inspiré de la vie réelle d'Alain Chanone, un chanteur qui officie dans les soirées et maison de retraite de la région de Clermont-Ferrand. De fait, quand le personnage joué par Depardieu justifie son boulot en disant qu'il a 14 millions de célibataires à faire danser ou que les gens qui viennent le voir "c'est surtout pour la roucoule", on comprend mieux comment draguer en province quand on n'est plus de première jeunesse?
Dans l'évidence du silence
Mais au-delà de l'exactitude documentaire parfois drôle et vaguement sinistre des festivités provinciales, la grâce du film tient dans la délicatesse d'une histoire simple et éternelle. Pour croiser leurs solitudes, Giannoli filme par touches la manière dont ses personnages acceptent modestement leur destin. Il a écrit le rôle pour Depardieu, qu'il sublime ici. Ce n'est certes pas un scoop, mais Depardieu prouve de nouveau à quel point il est un acteur immense. Même s'il parle beaucoup et qu'il chante aussi, il tait ses émotions qui passent en conséquence par un jeu de regards terriblement expressifs. Face à lui, Cécile de France se tait aussi, et c'est dans le mystère de cette étonnante rencontre que se joue la grandeur des émotions humaines.
Quand j'étais chanteur parle du silence des sentiments : il n'y a rien à dire face au temps qui passe ou à la maternité interdite, juste à filmer. Après Les corps impatients, Xavier Giannoli continue son exploration romanesque de l'impossible parole. Qu'il n'arrête surtout pas.
Betty RUBY. (www.lepetitjournal.com) 13 septembre 2006
Quand j'étais chanteur, de Xavier Giannoli avec Gérard Depardieu, Cécile de France, Mathieu Amalric, Christine Citti ?
Durée : 1h52
Sortie en France : 13 septembre 2006
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