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Le Chiang Mai Breathe Council peut-il lutter contre la pollution?

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Catherine Vanesse - Selon le Breathe Council, certains feux de forêt sont nécessaires, plutôt que des les interdire totalement, il appelle à une meilleure gestion
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 15 février 2021

Au lieu de prôner une interdiction totale des brûlis, le Chiang Mai Breathe Council préfère lutter contre la pollution de l’air par une meilleure gestion des feux. Actuellement en phase de test, ils espèrent ainsi réduire de 25 à 50% le taux de particules fines PM2.5 à Chiang Mai. 

Depuis la fin du mois de janvier, les niveaux de concentration de particules fines PM2.5 atteignent régulièrement des taux dangereux pour la santé. Si les conditions climatiques offrent parfois quelques jours de répit, les habitants de Chiang Mai savent que la province va être plongée dans un brouillard de plus en plus intense au moins jusqu’à la fin du mois d’avril au cours de ce que l’on appelle la “saison des fumées”. 

Lors de la saison chaude, les agriculteurs du nord de la Thaïlande brûlent leurs champs pour préparer la terre pour la prochaine récolte et aussi pour se débarrasser des déchets biologiques tels que les feuilles dans les forêts ou les plants de maïs. À cette pollution saisonnière s’ajoutent les émissions de monoxyde de carbone des véhicules ou des usines environnantes. “La pollution à Chiang Mai est une problématique très complexe”, souligne d’emblée Chatchawan Thongdeelert, président du Chiang Mai Breathe Council

Créé en septembre 2019, le Chiang Mai Breathe Council est une plateforme citoyenne qui a pour objectif de réduire la pollution dans les zones rurales et urbaines en rassemblant différents groupes d’activistes environnementaux, des académiciens et des ONG. Au total, une quinzaine d’organisations ont rejoint le Breathe Council, chacun avec son domaine d’expertise et les combats qu’ils défendent que ce soit pour diminuer les feux de forêt, augmenter le nombre d’espaces verts dans les villes ou préserver la biodiversité dans les parcs nationaux. 

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“Avant la formation du Breathe Council, nous étions plutôt chacun à manifester de notre côté sur les problématiques que nous défendions. En nous regroupant, nous pouvons enfin discuter en face à face avec les autorités locales. C’est une étape importante dans le mouvement civil à Chiang Mai car c’est la première fois que tous les groupes se réunissent, travaillent ensemble et que le gouvernement nous invite à leur table et écoute nos propositions”, commente le sexagénaire qui a consacré la moitié de sa vie à lutter contre les problèmes environnementaux. 

Une meilleure gestion plutôt qu’une interdiction

Parmi les propositions faites aux autorités provinciales et qui ont été approuvées en octobre 2020, le Breathe Council a soumis l’idée d’un plan de gestion des brûlis plutôt que d’imposer une interdiction pure et simple. Habituellement, les gouverneurs imposent des interdictions totales de brûler les déchets agricoles pour une période de 90 jours avec pour résultat une augmentation des feux avant et après ces interdictions ou encore des feux qui ont lieu la nuit avec un risque accru qu’ils soient hors de contrôle. 

“Il y a des brûlis qui sont nécessaires, certains fermiers qui pratiquent les cultures en rotation n’ont pas le choix. Plutôt que d’interdire, nous devons penser à un système de gestion intelligente. Grâce aux technologies, nous pouvons calculer les conditions climatiques, la vitesse du vent, etc., pour s’assurer que les particules fines ne restent pas trop longtemps dans l’air et pour garder ses feux sous contrôle. Cette nouvelle approche a démarré le 7 janvier, à la fin du mois d’avril, nous pourrons venir avec les conclusions. Le gouvernement espère diminuer ainsi le nombre de feux de 25%, de notre côté, nous misons sur 50%”, ajoute l’activiste. 

Chatchawan Thongdeelert
Chatchawan Thongdeelert travaille principalement avec les communautés rurales pour les sensibiliser aux problèmes de pollution et trouver des solutions avec eux. (Catherine Vanesse)

En passant d’une politique de “zéro feu” à un système de gestion, la province de Chiang Mai se démarque des huit autres provinces du nord de la Thaïlande (NDLR : Lamphun, Lampang, Uttaradit, Phrae, Nang, Phayao, Chiang Rai et Mae Hong Son). 

Sur le long terme, le Breathe Council travaille à changer la législation. Actuellement, les problèmes de pollution liés aux brûlis sont considérés par le gouvernement central comme une catastrophe saisonnière au même titre que les inondations. Ce statut empêche les autorités locales et provinciales de se voir attribuer un budget annuel pour pouvoir mettre en place des actions tout au long de l’année. 

“Le problème des brûlis et des feux de forêt est complexe. Nous ne pouvons pas juste dire aux paysans de ne pas brûler. Les brûlis doivent avoir lieu, mais nous assistons à une augmentation qui vient de l’agriculture intensive, des intérêts commerciaux de certaines compagnies, de la récolte de certains champignons et plantes, des volontés de certains d’agrandir leur terrain, etc. Il faut d’abord identifier les problèmes dans chaque zone, les sources de pollution et voir ce qui peut être mis en place. Il ne suffit pas juste d’arroser les villes quand les taux de particules PM2.5 sont trop élevés ou de distribuer des masques!”, explique Chatchawan Thongdeelert.

Une vision à 360 degrés

Si les brûlis sont une source importante de la pollution à Chiang Mai et dans le nord de la Thaïlande en général, le Breathe Council pointe également la pollution urbaine, industrielle et les changements climatiques, autant de thématiques qui sont au cœur de leurs actions. 

L’association travaille également avec les autorités locales pour augmenter le nombre de zones vertes et de parcs en ville ; planter des arbres, principalement des bananiers du côté de Doi Suthep, car ces arbres gorgés d’eau sont des protections naturelles contre les feux de forêt ; une meilleure gestion des déchets et la promotion du vélo comme moyen de transport quotidien. 

“À Chiang Mai, 70% de la pollution provient des feux de forêt et des cultures et 10% par les gaz d’échappement des véhicules. La province de Chiang Mai compte un million de motos et environ 300.000 voitures!”, confiait Tassanai Buranapakorn, le maire de Chiang Mai dans une interview à Lepetitjournal.com. 

À la question de savoir si la pollution a vraiment augmenté ces dernières années ou si c’est parce que le public a plus facilement accès aux données sur les taux de particules fines dans l’air, Chatchawan Thongdeelert estime que la situation ne fait qu’empirer depuis une dizaine d’années. “Plus d’habitants, plus de véhicules, plus d’usines, plus de terrains agricoles et une absence de planification urbaine ont aggravé les problèmes de pollution. Si nous voulons résoudre cela, nous devons nous transformer en ville, industrie et agriculture durable, nous devons changer nos habitudes de consommation et nos traditions. C’est un réel défi de convaincre les gens des villes et des campagnes de modifier leur comportement, car si nous ne faisons rien, nous allons étouffer!”, conclut-il. 
 

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