Chiang Mai se classe régulièrement en tête des villes les plus polluées du monde, pour apporter un changement, le Chiang Mai Breathe Council propose de revoir sa façon de se déplacer.
Créé en septembre 2019, le Chiang Mai Breathe Council rassemble des membres du secteur privé, du milieu académique, des ONG et du gouvernement. Un peu plus d’un an après sa création, cet organisme composé de 300 membres et a pour objectif de réduire la pollution dans les zones rurales et urbaine à travers différentes campagnes dont la promotion du vélo.
En réunissant des membres de différents secteurs, l’idée est de pouvoir attaquer le problème avec d’une part un changement au niveau de la législation et pour avoir des financements nécessaires pour initier plusieurs campagnes de sensibilisation dans les zones rurales et urbaines. D’autre part, il faut aussi pouvoir faire prendre conscience au public des enjeux et des risques liés à la pollution pour amener à un changement de comportement.
Le Go Green Festival s’inscrit dans le programme d’action en quatre volets du Chiang Mai Breathe Council pour lutter contre la pollution urbaine. L’association travaille en effet avec les autorités locales pour augmenter le nombre de zones vertes et de parcs en ville ; planter des arbres, principalement des bananiers du côté de Doi Suthep car ces arbres gorgés d’eau sont des protections naturelles contre les feux de forêt ; une meilleure gestion des déchets et la promotion du vélo comme moyen de transport quotidien.
“À Chiang Mai, 70% de la pollution provient des feux de forêt et des cultures et 10% par les gaz d’échappement des véhicules. Chiang Mai compte un million de motos et environ 300.000 voitures!”, confiait Tassanai Buranapakorn, le maire de Chiang Mai dans une interview à Lepetitjournal.com.
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Thérapiste et membre du Chiang Mai Breathe Council, Chada Wannapong a choisi de ne se déplacer qu’à vélo depuis sept ans. Avec ses robes rétro et ses paniers chargés de fleurs, la jeune femme attire l’attention sur la route, mais veut surtout apporter une touche de glamour pour casser l’image souvent associée à ceux qui se déplacent en vélo au quotidien.
“En Thaïlande, le vélo de ville se dit ‘Jakayan Mee Baan’, le vélo de la ménagère. Même si depuis quelques années, on peut voir que le vélo est plus tendance, cette tendance va de pair avec l’idée qu’il faut avoir un vélo qui coûte cher. Le cyclisme au quotidien est associé aux gens plus pauvres, pour cela j’aimerais changer le nom en ‘Jakayan Mueang-City Bike’. Il suffit de voir des villes comme Amsterdam ou Copenhague, tout le monde utilise le vélo dans sa vie de tous les jours. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé la campagne ‘toutes les tenues peuvent pédaler - any dress can bike’”, explique la trentenaire.
Un centre-ville sans voiture ?
Pour les deux femmes, un changement est clairement en cours auprès du public sur la place du vélo en ville, même si cela prend du temps et de nouvelles recrues n’hésitent pas à s’investir dans la promotion du vélo. Natthachai Jairaksa, un professeur de mathématique et violoniste de 32 ans, a ainsi décidé il y a seulement trois semaines d’échanger son scooter contre un vélo. “J’ai choisi de changer de moyen de transport parce que je m’inquiète du réchauffement climatique. Chiang Mai est une ville agréable et sûre pour les cyclistes même s’il nous faudrait plus d’infrastructures, plus de pistes cyclables”, confie le jeune homme vêtu de son costume noir en route pour un concert, son violon attaché à son porte-bagages.
Natthachai et Chada organisent désormais tous les mardis et jeudis des balades à vélo dans la vieille ville, le long du fleuve Mae Ping ou au Night Bazar sous la bannière ‘Bicycle Relax - Any dress can bike’. Actuellement, ces rendez-vous rassemblent entre 5 et 10 personnes et suscitent de nombreux regards surpris de la part des passants en voyant passer un groupe de cyclistes dans leurs habits de tous les jours, certains n’hésitant pas à aborder les organisateurs juste avant le départ pour poser des questions.
“Nous voulons montrer qu’il existe une communauté cycliste. Le problème à Chiang Mai, ce n’est pas le Covid-19 ou la chute du tourisme, c’est la pollution, nous n’avons pas d'autre choix que de changer, sinon nous allons mourir à cause des particules fines!”, s’exclame Chada.
Créer une communauté et être visibles sur la voie publique, tels sont les outils que Bella utilise lors de ses réunions avec la municipalité pour essayer de les convaincre d’améliorer les infrastructures pour les cyclistes et les piétons en prévoyant plus de trottoirs et de pistes cyclables. “Certains officiels sont vraiment ouverts à nos propositions, d’autres le sont moins. Il nous faudrait un vrai leader pour que cela évolue”, commente Nalee.
Alors qu’il reste encore six semaines pour le Go Green Festival, les organisateurs se disent satisfaits et envisagent l’édition de l’année prochaine. “J’espère qu’un jour, le centre-ville de Chiang Mai sera limité aux voitures, avec un accès aux véhicules motorisés limité à certaines heures de la journée. Chiang Mai pourrait parfaitement servir de ville pilote pour un tel projet et devenir la capitale du vélo en Thaïlande”, conclut Nalee.