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Le mot tamoul de la semaine : PALLI பள்ளி L’ECOLE

Le 13 juin était le jour de la fin des vacances pour les jeunes Indiens du Tamil Nadu. C’était la rentrée des classes !

Des élèves en sortie scolaire dans le Tamil NaduDes élèves en sortie scolaire dans le Tamil Nadu
Écrit par Annick Jourdaine
Publié le 8 août 2023, mis à jour le 19 décembre 2023

Il faudra attendre quatre mois pour ranger les cartables. Les vacances "intermédiaires" auront lieu du 14 au 30 octobre. Le gouvernement de l’État a diffusé le calendrier scolaire officiel avec une mesure particulière cette année car tous les samedis sont déclarés jours fériés. Les dates des examens de fin de cycle sont également publiées, ils auront lieu entre le 13 mars et le 10 avril 2023. 

 

Des élèves de primaire dans un village du Tamil Nadu
@Nondini

 

Le terme tamoul PALLI désigne l’école au sens général, mais aussi, plus particulièrement l’école primaire. 

palli

பள்ளி

Ecole

kalluri

கல்லூரி

Collège (sens français)

palkalaikkalakam

பல்கலைக்கழகம்

Université

 

L’enseignement, une compétence nationale mais gérée par les États

De l’Antiquité à l’époque coloniale, le GURUKULA constituait le modèle éducatif indien. L’élève venait habiter chez un professeur, le guru, qui lui enseignait non seulement les matières savantes comme le Sanskrit et les mathématiques mais aussi tout ce qui concernait la tenue d'une maison. 

Les Britanniques ont développé petit à petit un système inspiré de leur propre modèle. 

Les fondateurs de la République indienne ont inscrit dans la constitution le principe d’une éducation scolaire pour tous. Ce n’est pourtant qu’en avril 2010 que l’école est devenue obligatoire et gratuite pour tous les enfants entre 6 et 14 ans selon la loi "Right to free and compulsory Education Act ".   

 

des élèves sur le chemin du retour de l'école
@Nondini

 

Bien que depuis 1976 l’éducation soit une "compétence partagée", c’est-à-dire tenue par le niveau national, les États conservent beaucoup de liberté pour appliquer les programmes et gérer le système éducatif au quotidien. Ainsi, chacun a son propre ministère de l’éducation qui décide des manuels scolaires à utiliser et organise les modalités d’évaluation et d’examens.

À l'école primaire, la langue utilisée pour l'enseignement peut être la langue locale, comme le tamoul au Tamil Nadu, mais aussi l'anglais dans certaines écoles privées ou encore l'hindi, plutôt dans les États dans lesquels la langue locale en est proche. 

 

Des écolières du Tamil Nadu
@Nondini

 

Le système éducatif indien

Le système scolaire indien comprend quatre cycles : 

  • Les moins de 6 ans peuvent être accueillis dans des écoles maternelles, LKG et UKG selon l’âge. La plupart sont privées. Elles sont quasi inexistantes en milieu rural. 
  • De 6 à 10 ans, l’école primaire est divisée en cinq sections (grades 1 à 5).
  • De 11 à 15 ans, cinq nouvelles années (grades 6 à 10 correspondants aux années collège et année de seconde françaises). 

À l’issue du grade 10, les élèves passent un premier examen national qui porte sur six matières : anglais, une autre langue, mathématiques, sciences, sciences sociales et une matière optionnelle. 

  • De 16 à 17 ans, grades 11 et 12, c’est le secondaire supérieur avec trois orientations au choix :  sciences (mathématiques, biologie, chimie et physique), commerce (comptabilité, études commerciales, et économie), sciences humaines (trois disciplines parmi histoire, sciences politiques, sociologie, psychologie et géographie). 

Le grade 12 se conclut par un nouvel examen qui, théoriquement, ouvre les portes de l’université. Les résultats sont exprimés en pourcentages. En dessous de 90 %, les chances d’accéder aux universités et filières les mieux cotées sont très faibles. Les établissements réputés exigent même des tests d’admission complémentaires, en plus de l’examen de fin du secondaire.

 

des collegiens dessinant dans un jardin de Pondichéry

 

Le découpage universitaire suit les étapes suivantes :

  • 3 ans pour la licence
  • 4e année pour le grade Bachelor
  • 5année pour l’équivalent de la maitrise 
  • 1 an supplémentaire de DEA pour ceux qui veulent s’engager dans un doctorat

 

Un taux de scolarisation en primaire voisin des 90 % 

L’UNESCO a publié des données relatives à la scolarisation des enfants et des jeunes indiens en 2020. 

61%

des enfants de 3 à 5 ans scolarisés

 

88,9 %

des enfants de 6 à 10 ans scolarisés

 

66%

des jeunes de 11 à 18 ans scolarisés

 

29%

des jeunes de 18 ans à 24 ans à l’université

 

 

 

Aujourd’hui, une très large proportion des enfants indiens fréquente donc au moins l’école primaire. Cela est confirmé par les données sur l’alphabétisation de la population. 

 

Taux d’alphabétisation (données UNESCO 2020)

Entre 15 et 24 ans

91,7 %

Les plus de 15 ans

74,4 %

Les plus de 65 ans

45,4 %

 

Des élèves de Pondichéry en sortie scolaire sur la plage

 

En Inde, un enseignement de médiocre qualité 

La jeune génération sait aujourd’hui lire et écrire alors qu’un de ses grands-parents sur deux en est incapable. 

Il faut s’en réjouir tout en regrettant la médiocre qualité de l’enseignement dispensé. Les programmes des établissements classiques fonctionnent sur le “par cœur”. Les jeunes (surtout en écoles publiques) ingurgitent sans toujours les comprendre des quantités d’informations qu’ils recrachent lors de leurs examens, pour les oublier quelques mois plus tard.

 

des écoliers se déplaçant en vélo
@Nondini

 

Des écoles publiques sous équipées et des enseignants peu formés en Inde

Les écoles publiques ont mauvaise réputation. Elles font face à un manque crucial d’enseignants. Ceux-ci sont mal formés, pas assez rémunérés (certains cumulent deux emplois). Ils sont fréquemment absents (25% d’absentéisme).

Les classes sont surpeuplées. Officiellement, le ratio élèves par classe est de 35 mais le chiffre est très souvent dépassé en raison de l’absentéisme des enseignants. 

L’infrastructure des établissements fait défaut : selon un rapport de 2016, seulement 68,7% des écoles avaient des toilettes utilisables et 74 % disposaient d’eau potable.

 

Une salle de classe dans une école rurale du Tamil Nadu

 

De plus en plus d’enfants scolarisés en écoles privées

Cette situation amène les familles à se tourner vers l’enseignement privé. On considère que 30 % des enfants indiens fréquentent une école privée ; le chiffre est de 50 % en zone urbaine et 20 % environ en zone rurale. Entre 2010 et 2015, les écoles privées ont gagné 17,5 millions d’élèves et les écoles publiques en ont perdu 13 millions.

La plupart des familles de la classe moyenne envoient leurs enfants dans des écoles privées, soit dans la même ville, soit dans un internat éloigné. La St George's School à Chennai est la plus ancienne école privée d'Inde. Les écoles Montessori sont aussi populaires, probablement en raison du séjour de Maria Montessori en Inde pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Pour lutter contre l’inégalité de traitement pour raison économique, la loi impose depuis 2010 aux écoles privées d’accueillir 25% d’élèves n’ayant pas les moyens de payer les frais d’inscription jusqu’à la quatrième. 

 

Un grand nombre d’universités sont également privées aujourd’hui. À côté d’établissements mondialement reconnus comme les Indian Institute of Technology (IIT) implantés dans plusieurs villes indiennes dont Chennai ou l’University of Madras, se sont développées des établissements privés très couteux, dont certains délivrent des diplômes sans reconnaissance. En 2021, l'université privée Manav Bharti, dans l’Himachal Pradesh a été accusée d'avoir vendu des dizaines de milliers de diplômes pendant une décennie.

 

Par ailleurs, la concurrence accrue pour être admis dans des universités réputées a fait fleurir des formations privées qui préparent les étudiants aux concours d'entrée ou qui enseignent l'anglais ou l’informatique pour un emploi en Inde et à l'étranger. Ces formations sont souvent très onéreuses et contribuent à accroitre les inégalités économiques. 

 

des élèves attendant la distribution du repas dans une école rurale

 

La « vraie » réalité de l’éducation en Inde n’est pas celle des programmes d’élites qui forment des ingénieurs et des informaticiens renommés partout dans le monde et qui ne fournissent des diplômes qu’à une infime partie des jeunes. C’est plutôt celle des milliers d’écoles rurales dispersées à travers le pays, souvent en piteux état et qui dispensent un enseignement de mauvaise qualité, ne permettant pas aux jeunes de trouver leur place sur le marché du travail. 

 

En juillet 2020, le gouvernement de Narendra Modi a approuvé la nouvelle politique d'éducation nationale (NEP), un cadre global destiné à guider le développement de l'éducation dans le pays. La NEP de 2020 propose des changements radicaux dans l'enseignement scolaire et supérieur et le gouvernement a fixé 2040 comme échéance pour mettre en œuvre l'ensemble de la politique.

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