Les États-Unis et le Royaume-Uni ont pris des mesures conjointes contre le conglomérat cambodgien Prince Group, accusé d’avoir dirigé un vaste réseau d’escroqueries en ligne basées sur le travail forcé.


Le département du Trésor américain a annoncé le 15 octobre une série de sanctions contre 146 personnes et entités liées au Prince Group, qualifié d’« organisation criminelle transnationale » pour avoir exploité des centres d’escroquerie en Asie du Sud-Est.
Ces centres auraient utilisé des travailleurs victimes de trafic humain pour soutirer des milliards de dollars à des investisseurs à travers de fausses plateformes de cryptomonnaies.
Le Royaume-Uni a parallèlement gelé 19 propriétés à Londres, d’une valeur estimée à plus de 100 millions de livres sterling, appartenant à des individus et entreprises liés au réseau.
« Les cerveaux derrière ces horribles centres d’escroquerie ruinent des vies et achètent des maisons à Londres pour y cacher leur argent », a déclaré la ministre britannique des Affaires étrangères Yvette Cooper, citée par Al Jazeera.
Chen Zhi, un magnat cambodgien inculpé
Le ministère américain de la Justice a également inculpé Chen Zhi, 37 ans, président du Prince Group – connu sous le nom de Vincent Chen – pour fraude électronique et blanchiment d’argent.
Chen, de nationalités britannique et cambodgienne, est actuellement en fuite et encourt jusqu’à 40 ans de prison s’il est reconnu coupable.
Selon NPR, les autorités américaines ont saisi près de 15 milliards de dollars en bitcoins, la plus importante saisie de l’histoire du ministère de la Justice.
Le groupe aurait créé de véritables camps de travail forcé, où des travailleurs, souvent chinois, étaient retenus contre leur gré pour manipuler des victimes à distance dans le cadre d’escroqueries dites du « pig butchering », consistant à gagner la confiance d’internautes avant de détourner leurs économies.
Sanctions coordonnées et répercussions au Cambodge
Le Trésor américain a simultanément coupé le groupe cambodgien Huione du système financier américain, l’accusant de blanchiment d’argent lié à ces activités.
Le secrétaire au Trésor Scott Bessent, cité par CoinDesk, a déclaré que « la montée rapide de la fraude transnationale a coûté des milliards de dollars aux citoyens américains, avec des économies de toute une vie anéanties en quelques minutes ».
D’après CamboJA News, ces sanctions marquent « l’escalade la plus importante » dans la lutte de Washington contre les réseaux d’escroquerie en ligne d’Asie du Sud-Est, considérés comme une menace pour la sécurité nationale américaine.
L’expert Jacob Daniel Sims, chercheur invité au Harvard Asia Center, a estimé que le Prince Group représentait « un pilier central de l’économie criminelle imbriquée dans le régime cambodgien ».
Ces mesures, selon lui, « modifient fondamentalement le calcul du risque pour les banques et investisseurs internationaux ».
Une industrie de la fraude enracinée dans la région
Les Nations unies estiment qu’en 2023, près de 100 000 personnes ont été forcées de travailler dans des escroqueries en ligne au Cambodge, et 120 000 en Birmanie, tandis que des dizaines de milliers d’autres seraient exploitées en Thaïlande, au Laos et aux Philippines.
Selon CamboJA News, les revenus générés par ces réseaux criminels atteindraient entre 12,5 et 19 milliards de dollars par an.
De nombreux analystes s’attendent désormais à une intensification des efforts de camouflage : changement de noms d’entreprises, création de sociétés écrans à l’étranger ou transfert d’actifs à des proches.
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