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150 000 déplacés cambodgiens toujours vulnérables

Malgré le cessez-le-feu du 7 août, plus de 150 000 déplacés cambodgiens vivent dans des conditions précaires, exposés aux maladies et à l’insécurité.

camp de refugiéscamp de refugiés
Photo Thmey Thmey Isa Rohany
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 12 août 2025

Le Humanitarian Response Forum (HRF), réseau d’agences onusiennes, d’ONG et de partenaires humanitaires, a publié le 11 août son deuxième rapport de situation sur la crise née du conflit frontalier entre le Cambodge et la Thaïlande. L’organisation prévient que les besoins en santé et en protection restent critiques pour plus de 150 000 personnes déplacées, et que l’entassement dans les abris, le risque de maladies et le manque de services essentiels pourraient aggraver leur détresse.

Le HRF travaille en étroite collaboration avec le gouvernement cambodgien et la société civile pour évaluer les besoins, mobiliser les ressources et éviter les doublons dans l’aide apportée.

Une crise née d’un vieux différend frontalier

Les affrontements, déclenchés le 24 juillet autour d’un litige territorial de longue date, ont forcé des dizaines de milliers de personnes à quitter leurs foyers dans les provinces de Siem Reap, Oddar Meanchey, Banteay Meanchey, Preah Vihear et Pursat. Le pic du déplacement a été atteint le 30 juillet avec 172 000 personnes, selon le Comité national de gestion des catastrophes (NCDM).

Au 6 août, 153 910 personnes restaient déplacées, dont près de 119 000 dans 120 sites soutenus par le gouvernement et 35 000 hébergées par des proches.

Bien qu’un cessez-le-feu ait été signé le 7 août, de nombreuses familles hésitent à rentrer, craignant la présence de munitions non explosées, des habitations endommagées et une sécurité incertaine.

Des besoins sanitaires croissants

Les conditions de surpopulation et le manque d’hygiène ont provoqué des flambées de fièvre, diarrhée et maladies de peau. Les besoins en santé mentale sont jugés « pressants et mal couverts », tandis que l’accès aux traitements antirétroviraux pour les personnes vivant avec le VIH est perturbé.

Le Centre national de parasitologie, entomologie et lutte contre le paludisme a demandé 70 000 moustiquaires, 1,2 million de bouteilles de répulsif et 30 000 tests rapides de dengue. L’OMS a fourni des kits de santé d’urgence pour 10 000 personnes, du matériel pour 50 opérations chirurgicales, et renforce la surveillance épidémiologique.

Des campagnes de vaccination pour enfants sont menées par l’UNICEF, Plan International et le ministère de la Santé.

Protection : enfants et femmes en première ligne

Le HRF avertit que la promiscuité et l’absence d’installations séparées par genre augmentent le risque de violences sexuelles et de violences faites aux enfants. Les personnes handicapées et les enfants aux identités de genre diverses sont particulièrement vulnérables.

« Le manque de toilettes séparées par genre et la surpopulation accroissent les risques », précise le rapport.

En réponse, World Vision International a installé 34 espaces adaptés aux enfants, tandis que Plan International et ses partenaires apportent un soutien psychosocial. L’UNICEF mobilise travailleurs sociaux et leaders religieux pour accompagner les enfants et prépare un plan global de protection.

Abris, eau et assainissement : des manques persistants

Beaucoup d’abris ne répondent pas aux normes humanitaires minimales, et plusieurs familles partagent des espaces mal ventilés. Les besoins en eau potable, latrines accessibles et séparées par genre, ainsi qu’en matériel d’hygiène, restent urgents.

L’UNICEF a prépositionné des fournitures WASH pour 30 000 personnes, tandis qu’Oxfam, WVI et d’autres ONG construisent des latrines, installent des systèmes d’eau et distribuent des kits d’hygiène.

Sécurité alimentaire et moyens de subsistance menacés

Si les premières distributions alimentaires ont répondu aux besoins immédiats, certaines zones, notamment les plus reculées, font face à des pénuries. La saison des plantations ayant été interrompue, la sécurité alimentaire à long terme est compromise.

Le Programme alimentaire mondial a distribué 225 tonnes de riz à 4 500 ménages dans l’Oddar Meanchey, et Dan Church Aid a versé des aides en espèces à plus de 3 300 personnes.

Une réponse coordonnée mais un retour incertain

Le HRF organise des réunions sectorielles hebdomadaires et suit la distribution de l’aide grâce à des outils de suivi. Malgré le cessez-le-feu, « de nombreuses familles restent dans des abris improvisés ou chez des proches, avec des conditions variables en termes de sécurité et d’accessibilité », note le rapport.

Cette trêve fragile offre néanmoins une fenêtre pour renforcer l’aide et amorcer la reconstruction des communautés déplacées.

Sonny Inbaraj Krishnan

 

Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis la traduction de cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.

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