Édition internationale

Sim Rachana : « Si les garçons peuvent réussir, nous aussi »

De ses débuts dans une ONG  à la tête d’une académie florissante, Sim Rachana a fait du Taekwondo une vocation. Ancienne athlète de l’équipe nationale, elle transmet aujourd’hui son savoir à plus de 300 élèves. Portrait d’une femme qui a trouvé dans le sport sa voie et sa liberté.

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Photo fournie
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 7 novembre 2025

« Je m'appelle Sim Rachana et je suis née le 26 décembre 1994. Je vis à Phnom Penh. Notre famille compte six personnes : mon père est chauffeur de tuk-tuk, ma mère femme au foyer. »
À l’école publique, elle n’est pas parmi les meilleures. Ses parents l’inscrivent alors dans une ONG appelée Hosanna, située près de la décharge de Steung Meanchey.
« C’est là que j’ai découvert et que je me suis intéressée au Taekwondo pour la première fois. Mon objectif initial était d’obtenir la ceinture du plus haut rang. Quand j’ai commencé l’entraînement en 2006, j’ai reçu la ceinture blanche, seulement le niveau débutant. »
Elle rit en s’en souvenant : « Alors je me suis entraînée avec acharnement ! »

Les premiers combats

En 2008, elle participe à sa première compétition. « Même si je n’ai pas gagné à ce moment-là, je me suis concentrée sur la préparation de l’année suivante. »
En 2009, elle décroche sa première médaille d’argent. Puis tout s’accélère : « Ce succès m’a motivée, j’ai continué à concourir année après année. En 2010 et 2011, j’ai remporté de nombreuses médailles d’or. Et à la fin de 2011, j’ai eu la chance de rejoindre l’équipe nationale. »

L’ouverture au monde

Avec la sélection cambodgienne, Rachana découvre la scène internationale.
« Je voulais faire des rencontres et des combats avec des pratiquants d’autres pays. »
Au Laos, elle remporte deux médailles de bronze. En 2012, elle s’entraîne trois mois en Corée du Sud et décroche une médaille de bronze à la compétition Hanmadang.
« En 2013, j’ai concouru au Vietnam et j’ai gagné une médaille d’argent et une de bronze. En 2017, après m’être entraînée, j’ai participé aux SEA Games et remporté une médaille de bronze. La même année, j’ai gagné la médaille d’or à la Coupe de l’Ambassadeur de Corée. »
Elle sourit : « En 2019, ma dernière année de compétition, j’ai remporté deux médailles d’or en Chine. »

« À 31 ans, il faut savoir transmettre »

Après treize ans de pratique, elle décide de ranger les protections.
« Les combats, c’est usant jusque dans la moelle. Monter sur les rings, prendre des coups autant qu’en donner, on peut faire ça quand on est très jeune. À 31 ans, il faut savoir déposer les gants et se concentrer à passer la flamme. »
Fin 2019, elle crée The Best Taekwondo Academy.


« Six ans plus tard, nous avons quatre succursales et environ 300 étudiants. »

 

Sim Rachana : « Si les garçons peuvent réussir, nous aussi »

L’importance des soutiens

Rachana n’oublie pas ceux qui l’ont accompagnée : « J’ai reçu énormément d’encouragements de mon premier entraîneur, M. Cheth Khemara. Chaque fois que nous avions peur ou doutions, il me disait toujours : “Si les autres peuvent le faire, nous aussi, nous le pouvons.” »
Elle se souvient aussi de sa phrase fétiche : « Ce n’est qu’une blessure externe ! » qui, dit-elle en riant, « voulait dire qu’on pouvait continuer à s’entraîner. »

Une femme dans un milieu masculin

« Parfois, je me sentais un peu gênée car le Taekwondo est principalement pratiqué par des garçons. Il y a beaucoup de coups de pied, de frappes et de contacts. Mais nous sommes tous les mêmes. Si les garçons peuvent réussir, nous aussi, et parfois même mieux ! »
Aujourd’hui, elle veut transmettre cette confiance à ses élèves.


« Nous ne devrions jamais être timides à l’idée de participer, et de gagner ! »

Le Taekwondo comme école de vie

« Le Taekwondo rend notre corps fort, agile et discipliné. Il nous apprend aussi à être vifs d’esprit et, surtout, à nous respecter les uns les autres. »
Pour elle, enseigner n’est pas seulement transmettre des techniques : « Apprendre à se maîtriser, à canaliser ses énergies pour mieux s’accomplir, c’est essentiel. »

L’école et ses élèves

« J’ai ouvert cette école parce que le Taekwondo aide les enfants et les jeunes à devenir forts, courageux, disciplinés, compétitifs et coopératifs. Tous les parents veulent ces qualités pour leurs enfants. »
Son académie accueille des élèves de toutes nationalités : « Cambodgiens, Chinois, Coréens, Philippins, Vietnamiens, Indonésiens, Européens… Nos entraîneurs peuvent communiquer en anglais, khmer, coréen et chinois. »
Les cours, d’une durée d’une heure vingt, sont ouverts sept jours sur sept. « Nous acceptons les élèves à partir de quatre ans, parfois trois ans et demi. Et nous suivons les normes internationales, de la ceinture blanche à la ceinture noire. »

Sim Rachana : « Si les garçons peuvent réussir, nous aussi »

Toujours en mouvement

« Le facteur qui m’a le plus motivée à devenir athlète et entraîneuse, c’est ma propre passion. »
Même si sa famille n’a pas toujours soutenu son choix, elle n’a jamais douté : « Ils pensaient que ce travail ne convenait qu’aux hommes. Mais j’ai persisté. Si on aime vraiment quelque chose, on doit y consacrer toutes ses forces. »
Elle conclut avec un sourire :

« Le Taekwondo est un sport que l’on peut pratiquer de l’enfance à la vieillesse. Et moi, je compte vivre très vieille ! »

Pour plus d'informations : site internet, Page Facebook

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