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Le Cambodge au centre de la lutte mondiale contre le paludisme

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Le moustique, unique vecteur du paludisme. Crédits : Andy Langager / Flickr Creative Commons
Écrit par Pierre Motin
Publié le 15 mai 2018, mis à jour le 16 mai 2018

Le 24 avril dernier, l’Institut français de Phnom Penh hébergeait une conférence de l’Institut Pasteur portant sur l’apparition de résistances aux médicaments antipaludiques. Un enjeu de santé majeur pour la santé mondiale, qui place le Cambodge au centre la lutte contre le paludisme.

Pour Benoît Witkowski, chargé de recherche à l’Institut Pasteur du Cambodge, les progrès réalisés ces 20 dernières années en matière d’efficacité des traitements contre le paludisme risquent d’être balayés par l’émergence systémiques de résistances.

Si le Cambodge représente une faible part des cas de paludisme dans le monde - 90% des infections ont lieu en Afrique, où on dénombre la majorité de cas mortels - le royaume a une importance critique dans la lutte mondiale contre le paludisme. C’est en effet dans les forêts du nord-ouest du Cambodge que sont apparues dans les années 50 et 60 plusieurs résistances aux traitements antipaludiques - d’abord la chloroquine, puis la sulfadoxine-pyriméthamine.

En 30 ans, ces résistances se sont étendues au monde entier, avec un impact très fort sur la santé publique en Afrique, où elles ont fait plusieurs millions de morts. « Nous ne voulons pas que cela arrive avec les médicaments actuels, mais on voit actuellement l’apparition de nouveaux parasites multirésistants », explique Benoît Witkowski, qui craint une migration vers l’Afrique de ces parasites résistants. « Le Cambodge n’est pas au centre du monde à cause de son endémie, mais pour le risque qu’il fait courir au reste de la population mondiale », poursuit-il.

Les résistances aux médicaments proviennent de mutations aléatoires, sélectionnées par les médicaments, puis transmises par les moustiques. Au Cambodge, la transmission s’opère généralement dans les zones forestières, sauvages et peu peuplées. Afin de lutter contre l’apparition de résistances, l’Institut Pasteur met en place des procédures afin de les détecter et de mieux les anticiper pour développer des stratégies alternatives. Cela passe par la collecte des parasites chez les patients, et l’évaluation de la sensibilité des parasites. L’Institut Pasteur effectue en outre un travail d’entomologie, et capture les moustiques vecteurs du paludisme afin de déterminer les zones à risques.

Actuellement, l’Institut Pasteur développe plusieurs projets en partant du postulat qu’il faut cibler les forêts afin de contenir l’épidémie de paludisme - et donc les parasites résistants - au Cambodge, avec l’objectif de casser la transmission entre l’humain et le moustique.

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Publié le 15 mai 2018, mis à jour le 16 mai 2018

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