Édition internationale

Rothana, 13 ans, lauréat cambodgien de l’Enikki : « Je veux devenir prof de dessin »

Accueilli par l’ONG Taramana à Phnom Penh, Rothana, 13 ans, a remporté le prix national cambodgien de la Mitsubishi Asian Children’s Enikki Festa 2024-2025. Fin juillet, il a été invité à Osaka, au Japon, pour la cérémonie organisée dans le cadre de l’Exposition universelle. Son carnet illustré mêle Fête de l’Eau, gestes du quotidien et patrimoine khmer.

Rothana, 13 ans, lauréat cambodgien de l’Enikki 4Rothana, 13 ans, lauréat cambodgien de l’Enikki 4
Photo : Victoria Suarez-Martinez
Écrit par Raphaël FERRY
Publié le 23 août 2025

Le concours : qu’est-ce que c’est, comment ça marche ?

Biennal, le Mitsubishi Asian Children’s Enikki Festa invite des enfants d’Asie à réaliser un enikki, un court journal illustré au format A4 : un dessin en haut, un texte bref en bas. Le thème récurrent — « Here is my life » — encourage à raconter la vie quotidienne (famille, école, fêtes, traditions, environnement…).

Le processus se déroule en deux temps :

  • Sélection nationale : chaque pays/région retient un lauréat.
  • Jury international au Japon : un gagnant par pays est officiellement reconnu et invité à la cérémonie avec un programme d’échanges.

En 2024–2025 (16ᵉ édition), 24 pays/régions ont été représentés. Les lauréats se sont retrouvés à Osaka du 29 juillet au 3 août 2025 pour la remise des distinctions et des ateliers artistiques.

 

Rothana, 13 ans, lauréat cambodgien de l’Enikki
Photo Fournie

 

 Rothana et son enikki : trois scènes de vie

À Taramana, l’équipe a repéré très tôt sa facilité à dessiner — au point de monter un cours de dessin qui a bénéficié ensuite à d’autres enfants. Au centre, 25 ont préparé un enikki ; Rothana est celui dont le dossier a été retenu au niveau national.

Son carnet compte trois planches :

  1. Bon Om Touk (Fête de l’Eau) : l’énergie des pirogues et la joie populaire ;
  2. La maison : la vie auprès de sa grand-mère qui tresse des objets du quotidien — un savoir-faire transmis « de génération en génération » ;
  3. Banteay Srei : un temple qu’il n’a pas encore visité, dessiné d’après des photos sur téléphone.

 

Rothana, 13 ans, lauréat cambodgien de l’Enikki
« J´ai choisi ce temple car c´etait le plus facile à dessiner », explique-t-il, tout en disant avoir choisi ces thèmes parce qu’ils lui parlent .

 

 « La première fois loin de mes parents » : son ressenti et le voyage au Japon

Pour Rothana, le défi n’était pas seulement artistique. C’était aussi la première fois qu’il prenait l’avion et quittait ses parents plusieurs jours.

« J’étais très content… mais j’avais un peu peur. C’était la première fois que je partais loin de la maison. »
« J’avais peur parce qu’ils n’étaient pas là. »

Arrivé à Osaka, la timidité s’estompe au fil du programme : ateliers, visites, rencontres avec 24 autres enfants lauréats. Tous ont réalisé ensemble une fresque collective en forme de roue, chacun peignant sa “tranche”. Il garde le souvenir d’une danse présentée par des enfants japonais… et de la découverte de nouvelles saveurs.

« Au début j’étais timide, puis on a parlé de nos dessins. On se comprenait en montrant les images. »

Accompagné lors du voyage par LEAK Siphanna, représentant de l’UNESCO Cambodge, Rothana est revenu avec des médailles, des photos de ses œuvres (les originaux sont conservés par l’organisation) et une idée qui se précise :

« Je veux devenir prof de dessin. Plus tard, j’aimerais aller aux Beaux-Arts. »

Rothana, 13 ans, lauréat cambodgien de l’Enikki
Photo Fournie
 

Taramana : l’ONG qui rend ces parcours possibles

Basée à Boeng Salang (nord de Phnom Penh), Taramana, une ONG fondée en 2005 accueille chaque jour des enfants du quartier au sein du centre médico-éducatif Taramana Magdalena. L’ONG déploie un accompagnement global :

  • Éducation : soutien scolaire, khmer, anglais, français, informatique ; orientation vers les études et l’emploi.
  • Santé & nutrition : suivi médical, prévention, cantine quotidienne.
  • Soutien social : suivi individuel, aide matérielle (uniformes, fournitures), hygiène (douches, buanderie).
  • Culture & sport : ateliers, sorties, activités sportives (partenariats locaux).

C’est dans ce cadre que le dessin a pu devenir, pour Rothana, un levier d’expression et une occasion d’ouverture. L’initiative du cours de dessin, au départ pensée pour répondre à son appétence, a permis d’embarquer d’autres enfants et de présenter le centre au concours Enikki.

VIN Monychansourday, 12 ans, avait, elle aussi participé au concours. Elle est arrivée 3ème au niveau national et sera récompensée d´un prix au mois d´octobre prochain.

enkiki
Monychansourday

Pour en savoir plus sur Taramana suivez ce lien : https://www.taramana.org/

Propos de Rothana et de Monychansourday traduits du khmer par VANN Vireakboth.

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos