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« Romcheik Pram » à Phnom Penh : Une nouvelle galerie ouvre ses portes

Romcheik5, le musée-galerie de Battambang, inaugure une antenne à Phnom Penh. Pour son ouverture, l’artiste Nget Chanpenh y expose une série puissante, introspective et radicale.

Romcheik PramRomcheik Pram
Écrit par PEZARD Emmanuel
Publié le 22 juin 2025

C’est toujours avec beaucoup de bonheur que nous apprenons l’ouverture d’un nouveau lieu d’exposition à Phnom Penh. En ouvrant cet espace dans la capitale, c’est un univers à part qui se propose à nous. Celui-ci a de particulier qu’il est une « antenne », un relais de « Romcheik5 Artspace », un musée-galerie-atelier basé à Battambang, un lieu entièrement dédié à la peinture et à la sculpture contemporaine khmère, avec quatre artistes résidents exposés en permanence, sur 3 étages, depuis 2018.


Alain, (directeur de l’Institut Français du Cambodge dans une vie antérieure), a soutenu depuis le début des jeunes créateurs aux mondes aussi divers que variés, dont Thang Sothea, peintre, sculpteur mais aussi un OVNI dans le domaine des installations, dont les œuvres, parfois monumentales, sont visibles dans plusieurs villes du Cambodge.

Art curator très discret, c’est loin des lumières qu’il construit, dans une cohérence qui lui est propre, la mise en avant et en lumière d’une nouvelle génération de peintres, sans faux-semblants, supportant un élan et un essor créatif en pleine ébullition.

Exposition

Romcheik Pram
Nget Chanpenh expose, libre, son « Âme en Noir et Orange »

 

Pour son inauguration, R5 Showroom (intitulée ainsi en clin d’œil à la Nationale 5 qui relie Battambang à Phnom Penh) présente Autodestruction à perpétuité (2023-2024) de l'artiste Nget Chanpenh. Cette exposition marque un retour aux sources introspectives pour l'artiste, après sa série Whose Fault is it ? (2022) qui explorait les maux sociaux. Chanpenh offre ici un ensemble d'œuvres profondément personnelles, où l'art devient à la fois thérapie et diagnostic.
L'exposition se compose de 13 peintures entièrement réalisées en noir et orange, invitant le spectateur à un voyage en deux actes.

Acte I : La Descente : « Autopunition »

 

Nget Chanpenh expose, libre, son « Âme en Noir et Orange »

 

Les six premières toiles plongent dans les profondeurs de l'autodestruction. Des personnages masculins, souvent vêtus d'orange, sont engloutis par des vides noirs. La palette austère de noir et orange évoque l'enfermement, rappelant visuellement les uniformes des prisons cambodgiennes. Chaque figure, souvent une projection de l'artiste, adopte des postures repliées, signes de fatigue, de chagrin ou de léthargie. Des symboles subtils comme une cigarette ou un liquide jaune ambigu (pouvant être bière, urine ou fiel) suggèrent les déclencheurs et les conséquences de la toxicité.
Ces œuvres explorent les thèmes de la dépendance et de la lutte interne. On y voit un personnage affaissé, un autre tentant un "exorcisme inconscient" en versant un liquide, un "prisonnier" sombrant dans la bave du sommeil, ou encore une figure cherchant l'oubli derrière des barreaux symboliques. La cinquième peinture montre un homme à moitié nu, le visage noirci par les éclaboussures de peinture, dans une danse brutale entre honte et déni. La sixième toile, Punition collective, rassemble toutes ces figures dans un purgatoire psychique partagé, suggérant une continuité dans le voyage intérieur d'un même individu.

Acte II : Les Tentatives d'Évasion

Cette section marque un tournant visuel et symbolique. Les titres deviennent des noms, les silhouettes s'animent et la palette s'inverse : des figures noires émergent sur des fonds orange éclatants, symbolisant la périlleuse quête de libération.

Transition : c'est l'œuvre charnière où les 8 figures se réveillent. Elles s'étirent, flottent, et prennent parfois la forme de cerfs-volants khmers (Toung Prolung), symboles de mort et de résurrection dans un mouvement dansant. L'orange et le noir fusionnent, annonçant l'inversion des couleurs.
Into the Spiderweb : l'inversion est complète. Des silhouettes noires luttent pour s'échapper d'une toile formée par les cordes des cerfs-volants, métaphore du chaos de la libération.
Sous le soleil noir : une multitude de formes humaines minuscules nage dans une mer rouge-orange sous un soleil noir, perdue et dérivant sans boussole après s'être libérée.

 

Nget Chanpenh expose, libre, son « Âme en Noir et Orange »

Raining : les nageurs s'évaporent et reviennent sous forme de gouttes de pluie humaines, tombant passivement dans un vide obsédant.
Chemical Weapon : une capsule en forme de bombe est délibérément ingérée par une silhouette, suggérant une explosion intérieure, chimique et émotionnelle.
LSD (Lucy in the Sky on Depression) : l'effet de la capsule désintègre la vision en un kaléidoscope de perceptions, une implosion mentale éblouissante et troublante.
Retour vers le futur : le voyage s'achève sur un retour à la réalité. La figure, recroquevillée en position fœtale et entourée d'un arc lumineux, semble à la fois protégée et emprisonnée. Une version miniature de la figure flotte au-dessus, symbolisant un schisme corps-esprit. Le titre ambigu suggère un cycle sans fin entre liberté et incarcération, où l'âme demeure sa propre prison et son propre gardien.

 

Nget Chanpenh expose, libre, son « Âme en Noir et Orange »

 

 

 

Nget Chanpenh expose, libre, son « Âme en Noir et Orange »

-  La galerie se situe au N° 21/23 rue 178

- Jours et heures d’ouverture : les weekends du vendredi au dimanche, de 16 heures à 20 heures.  

-  Réseaux sociaux

https://www.facebook.com/countrysideartmuseum.org/ 

https://www.instagram.com/romcheik5artspace/ 

-  Coordonnées : 092 304 210

-  L’entrée est gratuite

P.S. l’espace sera fermé en juillet pour rénovation, et réouvrira à la mi-août avec une exposition de Chankrim Mil

 

Photos fournis par R5 showroom.

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