Première médicale à l’hôpital Jayavarman VII de Siem Reap

Le 7 novembre, un message publié sur le compte Facebook du Dr Beat Richner indiquait qu'un groupe de trois médecins - les docteurs Keo Sokha, Pon Ladin et Ean Sarin - avait opéré avec succès un petit garçon de deux jours né avec un jumeau parasite, c'est-à-dire avec quatre bras et quatre jambes, et une anomalie de l'anus.

Le jumeau parasite ou ischiopagus est une malformation qui concerne environ une naissance sur 500 000. Elle se produit lors de la gestation quand deux fœtus sont présents dans l'utérus mais pour une raison souvent inconnue, les deux vont s'entremêler et l'un va prendre l'ascendant sur l'autre.

Même s'il s'agissait du premier cas de ce type à l'hôpital, l'équipe médicale n'a pas hésité à prendre le patient en charge, sachant qu'elle disposait des chirurgiens et des installations médicales nécessaires, peut-on lire dans le message publié sur Facebook.

Yay Chantana, directeur de l'hôpital, a expliqué que plusieurs scanners des vaisseaux sanguins, des os et d'autres organes avaient été effectués afin que les trois médecins puissent déterminer les priorités pour les interventions chirurgicales.

Le Dr Keo Sokha, qui est chirurgien, a déclaré que le cas présentait de nombreux défis.   "Il y avait de nombreux organes anormaux", a-t-il déclaré. "Nous avons fait un scanner du bébé pour les voir et déterminer si nous pouvions les enlever parce qu'ils étaient inutiles et qu'ils auraient affecté la croissance des organes normaux."

"Un autre défi consistait à déterminer le bon moment pour effectuer les interventions, en tenant compte de l'efficacité de l'anesthésie", a déclaré le Dr Channea. "En outre, nous avons dû discuter de l'organe à retirer en premier ».

Les médecins ont décidé d'enlever d'abord les bras anormaux parce qu'ils étaient lourds, peut-on lire dans le message publié sur Facebook. Une telle opération est généralement pratiquée lorsque le bébé a entre 8 et 12 mois, mais dans le cas de ce bébé de deux jours, elle était urgente et devait être pratiquée le plus rapidement possible.

La seconde opération visait à permettre au bébé de déféquer temporairement par le biais d'une colostomie, car il souffrait d'une malformation anale. "Au début, nous pensions que tout irait bien", a déclaré le Dr Sokha. "Mais au bout d'une semaine, la défécation du bébé est devenue plus épaisse et aurait pu affecter le gros intestin. J'ai donc percé le côlon pour permettre une défécation temporaire."

Ensuite, les médecins ont dû retirer les deux jambes anormales pour placer les jambes normales dans une position correcte. Cependant, les jambes ne pouvaient pas encore être placées correctement en raison de la présence de l'os du pubis dans la partie inférieure de l’abdomen. Après une discussion avec le Dr Sarin, chirurgien orthopédique, et le Dr Pon Ladin, cardiologue, les médecins ont enlevé l'os afin que les jambes normales puissent être placées normalement.

Selon les médecins, il a fallu 30 à 40 minutes à leur équipe pour retirer les bras et les jambes anormaux, et 30 minutes supplémentaires pour la colostomie.

L'étape suivante consistera à fixer l'anus du bébé, ce qui sera entrepris dans trois mois et nécessitera que le bébé reste à l'hôpital pendant sept à dix jours. Les chirurgiens achèveront également l'intervention médicale sur les intestins en deux mois.

Enfin, le médecin replacera le sexe du bébé à sa place normale, qui est actuellement sur la gauche du corps. "Je le placerai au centre autant que possible car c’est important pour le système urinaire et la psychologie du bébé", a déclaré le docteur Sokha.

Le bébé, originaire du district de Sampov Lun dans la province de Battambang, a été amené à l'hôpital pour la première fois en juillet 2023. Il a été hospitalisé pendant trois mois et a été ramené chez lui par ses parents le 7 novembre. Il sera ramené à l'hôpital dans trois mois pour la prochaine opération.

Le Dr Yay Chantana a expliqué que les médecins avaient l'habitude de travailler en équipe sous la direction de feu le Dr Beat Richner, fondateur des hôpitaux pour enfants Kantha Bopha décédé en 2018, et qu'ils le font chaque fois que cela est nécessaire. Dans le cas de ce bébé, il a déclaré : "Il ne s'agissait pas seulement de sauver le bébé, mais aussi de faire en sorte qu'il soit en bonne santé et qu'il vive normalement."

By Isa Rohany and Meng Seavmey 

Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis de traduire cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.