Le gouvernement cambodgien a réagi aux préoccupations qu’il qualifie de "politiques" et "partiales" des gouvernements occidentaux concernant la fermeture de l'un des derniers médias indépendants du pays à l'approche des élections nationales.
Le média en ligne en langue khmère et anglaise Voice of Democracy (VOD) a cessé d'émettre lundi. Le Premier ministre Hun Sen a ordonné le retrait de sa licence à la suite d'un reportage, selon lui erroné, sur son fils aîné.
VOD était présent au Cambodge depuis 2003. Il a publié le 9 février un article alléguant que le fils et héritier désigné de Hun Sen, Hun Manet, avait signé à la place de son père un document portant sur les fonds destinés à aider la Turquie suite au tremblement de terre.
Hun Sen a exigé des excuses de la part de VOD. Le journal s'est exécuté mais le texte fourni n'a pas convaincu le premier ministre qui a pris la décision de lui retirer sa licence.
Inquiétudes quant à la liberté de la presse au Cambodge
Les ambassades des États-Unis, de France, d'Australie et d'Allemagne au Cambodge ont fait part de leurs préoccupations concernant cette fermeture, à l'approche des élections nationales.
Le responsable des droits de l'homme des Nations unies, Volker Türk, cité par la Khmer Times a déclaré :
"Je suis préoccupé par le fait que cette décision semble arbitraire car elle n'a pas été précédée d'un processus approfondi et transparent comme l'exige la loi sur la presse du Cambodge, et elle ne répond pas aux critères de légalité, de nécessité et de proportionnalité”
"J'appelle le gouvernement cambodgien à annuler cette décision très troublante, à protéger les droits civils et politiques de tous, et à garantir un environnement favorable à la société civile, notamment aux médias indépendants", a-t-il ajouté.
Phil Robertson, directeur adjoint pour l'Asie à Human Rights Watch, cité par l’AFP, a déclaré mardi que la fermeture de VOD "pourrait sonner le glas de l'environnement médiatique nécessaire à des élections crédibles".
"La fermeture de Voice of Democracy par Hun Sen est un coup dévastateur pour la liberté des médias dans le pays, et aura un impact sur toute la société cambodgienne", a-t-il ajouté.
Le gouvernement veut renforcer le journalisme au Cambodge
Dans un communiqué de presse, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a carrément rejeté les préoccupations politiques, pleines de “préjugés” et “partiales”, de certaines ambassades étrangères concernant la révocation de la licence de VOD.
"Une action administrative contre une entité qui enfreint les règles ne mérite aucune inquiétude", a déclaré le porte-parole, ajoutant que "ce qui devrait être alarmant, c'est la désinformation croissante et les calomnies intentionnelles, qui portent atteinte à l'essence et aux principes des droits de l'Homme et des libertés."
Le porte-parole a déclaré qu'il était regrettable que le récit biaisé de ces missions ferme les yeux sur le fait indiscutable que le média a gravement enfreint la profession de journaliste, porté atteinte à l'honneur et au prestige du gouvernement cambodgien et refusé de corriger ses erreurs sur la base des dispositions de la loi sur le régime de la presse.
“Une prétendue "presse libre et indépendante" n'est pas une licence pour enfreindre la loi en toute impunité, et l'indépendance ne peut être dissociée de la responsabilité et de l'obligation de rendre des comptes”, a déclaré le porte-parole.
"La mesure prise à l'encontre d'un média non professionnel ne porte pas atteinte à la liberté de la presse dans le royaume, mais contribue au renforcement de la profession de journaliste", a-t-il ajouté.