À S’ang (Kandal), les pagodes défilent avec leurs ting mong pour financer travaux et repas des moines. Des jeunes comme Nat Senghuy relancent un savoir-faire transmis par les anciens.


À S’ang (province de Kandal), les geants appelés ting mong marquent le début de la saison des pluies. Chaque pagode organise une parade pour collecter des fonds : travaux d'agrandissement et repas des moines pendant les trois mois de retraite.
Un marqueur culturel local
Les ting mong, de tailles variées et aux visages de démons ou d’humains, défilent au son de la musique traditionnelle. La parade renforce l’identité du district et rassemble les habitants.
Les anciens transmettent gestes et récits. Les plus jeunes reprennent le flambeau, protègent et apprennent ces usages pour qu’ils perdurent.
Nat Senghuy, 26 ans, artisan et porteur
À la pagode Sophi, Nat Senghuy s’est formé auprès des anciens et ambitionne de devenir le prochain fabricant et porteur. Il rappelle l’objectif des parades : financer les chantiers et l’alimentation des moines, tout en animant les villages.
« Au-delà de la préservation de cet art, coutume traditionnelle khmère, cela aide à maintenir l’identité de notre village et de notre district », dit-il.
Des effigies populaires
Pour attirer le public, Senghuy a réalisé des ting mong à l’effigie des comédiens Neay Koy et Neay Krem, très appréciés des villageois. En visite à Sophi, Neay Koy s’est dit heureux de voir ce personnage.
« Les villageois aiment les comédiens de l’ancienne génération. Les représenter donne envie de suivre la parade », ajoute Senghuy.

Un savoir-faire exigeant
Il faut environ une semaine pour modeler un visage en argile. Le corps est en bambou mûr. Le poids varie de 10 à 100 kilos : certains ting mong se portent seuls, les plus lourds nécessitent quatre porteurs. Le processus demande une argile adaptée, une découpe soignée et un lissage minutieux.
Une tradition relancée à la pagode Sophi
La parade de Sophi a repris il y a quatre ans, après une interruption d’environ vingt ans. Les anciens avaient conservé figures et instruments khmers.
Aujourd’hui, six personnes fabriquent les ting mong à Sophi. La parade dure trois jours, une fois par an, au début de la mousson. Senghuy espère que la pagode gagnera en visibilité et que la tradition restera au cœur des cérémonies.
Top Vannara
Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis la traduction de cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.









































