La destitution de Paetongtarn Shinawatra par la Cour thaïlandaise fragilise son parti et soulève des incertitudes sur les relations avec le Cambodge.


La Cour constitutionnelle de Thaïlande a destitué vendredi la Première ministre suspendue, Paetongtarn Shinawatra, après l’avoir jugée coupable de manquement éthique lié à un appel téléphonique controversé avec l’ancien dirigeant cambodgien et actuel président du Sénat, Hun Sen.
Dans une décision rendue par six juges contre trois, la Cour a estimé que la cheffe du gouvernement de 39 ans avait placé son intérêt personnel au-dessus de celui de la nation et porté atteinte à la réputation du pays, lors d’un échange téléphonique enregistré en juin avec Hun Sen, où elle semblait faire preuve de déférence. Cette affaire est survenue alors que les deux voisins se trouvaient au bord d’un conflit frontalier.
Quelques semaines plus tard, des affrontements éclataient pendant cinq jours, faisant des dizaines de morts.
Une lignée politique fragilisée
Paetongtarn, plus jeune cheffe de gouvernement de Thaïlande, est la sixième dirigeante issue ou soutenue par la famille Shinawatra, milliardaire et influente, à être évincée par l’armée ou la justice au cours des vingt dernières années. Elle est également la cinquième Première ministre renvoyée par décision judiciaire en dix-sept ans.
Son parti, le Pheu Thai, perd désormais de son poids politique, tandis que son père, Thaksin Shinawatra — ancien Premier ministre et magnat considéré comme le patriarche et stratège du parti — fait lui-même face à des difficultés judiciaires.
Le vice-Premier ministre Phumtham Wechayachai, qui assurait déjà l’intérim depuis la suspension, restera en poste jusqu’à l’élection d’un nouveau dirigeant par le Parlement, un processus dont l’échéance n’a pas encore été fixée.
Un impact régional à surveiller
Selon l’analyste politique cambodgien Em Sovannara, cité par Cambodja New cette éviction ne devrait pas bouleverser en profondeur le paysage politique thaïlandais, où la monarchie, l’armée et la justice continuent d’exercer une influence déterminante sur l’exécutif.
Il souligne néanmoins que « l’enjeu principal reste de savoir si le prochain dirigeant saura apaiser les tensions et restaurer les relations entre Bangkok et Phnom Penh ».
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