« Forêt » : un spectacle de marionnettes pour petits et grands à l’IFC

La poésie est omniprésente dans cette création, et le propos, lui, ne manque pas de sérieux. Le personnage principal est un petit singe endémique d’Asie du sud-est, un Douc plus précisément Pygathrix cinerea. En danger critique d’extinction d'après l'UICN (l'union internationale de conservation de la nature) « Il habite cette forêt, entouré d'autres animaux qui, comme lui, subissent l’impact de la déforestation et de la pollution plastique. »

Vivant dans la canopée, notre petit Douc mène une existence paisible jusqu’à ce que les « Grandes Dents » fassent irruption dans son monde.

Un spectacle familial, mais pas que pour les enfants

Sur l’affiche de l’Institut français, Forêt est annoncé comme un spectacle pour enfants à partir de trois ans. Mais Ana Laura nuance : « Ce n’est pas exactement un spectacle pour enfants, c’est un spectacle aussi pour les enfants. Il y a plusieurs niveaux de lecture. C’est poétique, chanté, conté… chacun peut y trouver son compte, (son conte, hihi !) de 3 à 99 ans. »

Le spectacle est porté par des marionnettes manipulées à la main — pas de fils ni de bâtons — dans un décor enchanteur conçu par Lola Rozé, scénographe aujourd’hui partie vers d’autres horizons. « Elle nous a laissé un magnifique décor, une belle forêt et des personnages que je garde encore secrets. Mais je peux dire qu’ils sont tous inspirés (originaires) de la faune cambodgienne. »

Une aventure née d’une rencontre

L’origine du projet remonte à une première collaboration entre Ana Laura et Lola. « Je racontais des histoires dans la classe de mon fils, et j’avais écrit un conte. Quand Lola l’a découvert, elle m’a appelée une semaine après : “C’est bon, j’ai un décor pour ton histoire et une marionnette !” » Et sans qu’Ana Laura ne s’y attende, son histoire imaginaire prenait vie. « Je lui ai dit : mais attends, moi je suis pas marionnettiste, je raconte juste des histoires… Trop tard, le décor était fait, la marionnette aussi. »

De cette première création intitulée Touc, jouée notamment à l’IFC et dans des écoles, est née l’envie d’un second spectacle : Forêt. Mais entre-temps, Lola annonce son départ imminent du Cambodge. C’est alors que Perrine entre dans l’aventure.

« Lola nous a transmis un décor, une idée, une énergie. On l’a poursuivie à deux, avec le soutien d’une belle équipe féminine autour de nous : Samnang Heng, Monorom Tchaw, Virginie Scanga (conseillères faune et flore), Delphine Gayet-Seng (œil esthétique avisé), Sophie Moreau (docteure décor et marionnette), et même Phy, la nounou de nos enfants, qui fabrique les pochettes surprises ! »

Un message engagé, un spectacle ancré au Cambodge

Inspiré du livre jeunesse On verra demain de Michaël Escoffier — que l’équipe a contacté et qui s’est dit « ravi » — le spectacle a été adapté au contexte local : « L’histoire originale se passe en Amérique latine. Nous, on l’a transposée ici, en Asie du Sud-Est, avec la forêt cambodgienne, ses créatures, ses sons, ses dangers… »

Le spectacle dure environ 40 minutes. « Il y a des surprises, des moments un peu effrayants, d’autres très doux, poétiques, drôles… Et c’est aussi didactique,(pédagogique plutôt) on apprend des choses sur la forêt et ses habitants. »

À la fin, chaque spectateur repartira avec une petite surprise préparée par Virginie Scanga, vétérinaire engagée, et de l’équipe de Leng  Dei, un jardin pédagogique aux abords de Phnom Penh.

Une suite en khmer ?

Interrogées sur une éventuelle version en khmer, Ana Laura et Perrine n’écartent pas l’idée. « On en parle beaucoup. L’idéal serait une version bilingue, ou même de transmettre le spectacle “clé en main” à des artistes cambodgiens. » Pour l’heure, le temps a manqué pour concrétiser ce projet, mais des contacts existent déjà.

En attendant, Forêt sera présenté à l’Institut français du Cambodge le 5 avril 2025 pour le grand public, puis le 9 avril devant les élèves de l’école Acacia