Édition internationale

Fanny Pagès : « Tenir l’IFC comme un lieu vivant, ouvert et exigeant »

Un an après sa prise de fonction en tant que directrice déléguée de l’Institut français du Cambodge (IFC), Fanny Pagès dresse un bilan « très positif » et dévoile une rentrée dense et riche en événements variés : expositions, festival Photo Phnom Penh, débats d’idées autour des droits des femmes, jazz, danse contemporaine et clôture d’un programme majeur dédié aux industries culturelles et créatives.

fanny pagesfanny pages
Écrit par Raphaël FERRY
Publié le 16 septembre 2025, mis à jour le 3 octobre 2025

Un an plus tard : une équipe, des partenaires et un public au rendez-vous

« Très bon bilan : je suis vraiment très heureuse d’être arrivée dans un institut où l’équipe est passionnée et dévouée, autant pour l’enseignement et le partage de la langue française que pour la transmission des savoirs et des cultures. »

Elle met en avant « la grande qualité humaine et professionnelle » des personnels et « la fluidité des relations » avec ses partenaires : « Nous échangeons facilement, nous mettons des choses en place, et la synergie au sein de l’“équipe France” rend les projets plus simples à porter. »

Côté coulisses, l’IFC a franchi un cap numérique : « L’Institut français permet désormais l’achat en ligne pour les cours ou pour les événements culturels. C’est un détail vu de l’extérieur, mais c’est facilitateur pour le public et pour nous. »

Un lieu-ressource, exigeant et vivant

Pour Fanny Pagès, l’IFC doit rester « un espace très dynamique où l’on vient parce que les propositions sont de qualité, fouillées, portées par des spécialistes : cinéma, théâtre, littérature, arts visuels ».

Elle revendique « un programme de résidences renforcé » et le rôle de « maison commune » où se croisent artistes, chercheurs et publics : « Il se passe toujours quelque chose à l’Institut. »

La commémoration des 50 ans de la prise de Phnom Penh a marqué l’année : « C’était un souhait fort de l’ambassadeur. Nous avons travaillé avec de nombreux partenaires, le Centre Bophana en tête et les historiens Anne-Laure Porée et Grégoire Duplanil-Weill pour proposer une exposition de grande qualité. » Objectif : offrir au public « de la ressource et de la matière pour mieux comprendre cette période tragique de l’Histoire ».

Former, structurer, connecter : le chantier « ICC »

Moins visible du grand public, un travail de fond a occupé l’année : « Un programme dédié aux industries culturelles et créatives : accompagner à la fois les artistes et leurs entourages professionnels (structuration, entrepreneuriat, portage de projets). »

Ce dispositif — mené sur quatre disciplines (cinéma, son, bande dessinée, danse) — a impliqué « près d’une centaine de personnes ». « Cela consolide des parcours, identifie des figures montantes et permet d’envisager des accompagnements plus longs. »

C’est ainsi que l’IFC a pu consolider le parcours du danseur de hip hop Pheaktra : « Nous l’accompagnerons désormais en tant que chorégraphe et nous lui offrirons la possibilité d’aller en France en partenariat avec le centre chorégraphique national du Havre Normandie. »

Le programme se clôturera début octobre par un séminaire régional (droit d’auteur, intelligence artificielle, rôle “accélérateur” des grands événements culturels) et une grande soirée de présentation des projets dans les espaces de l’IFC : « Des surprises à chaque coin de l’Institut. »

« Pour être efficaces, il faut savoir assumer des continuités : on ne peut pas tout arrêter ni changer de cap sans perdre l’élan. L’important, c’est comment on décline concrètement un projet, avec qui et pourquoi. »

Rentrée culturelle : science, photo, débats d’idées, musique et danse

« Insectes : l’art du détail »

La saison s’ouvre avec l’Unité d’entomologie médicale et vétérinaire de l’Institut Pasteur du Cambodge et l’inventeur-photographe Nathanaël Maury :
« Nous montrerons des images d’insectes d’une précision stupéfiante : textures, couleurs insoupçonnées et un message clair sur la biodiversité et la responsabilité de chacun. »

Comme souvent à l’IFC, l’exposition est accompagnée de livres et d’un cycle cinéma en résonance.

Photo Phnom Penh – 16e édition

Le festival Photo Phnom Penh reviendra mi-novembre : « Cinq lieux, neuf photographes : le mur de l’ambassade, l’IFC, un partenariat avec le Musée national, la Factory et l’école photo. Nous travaillerons aussi la dimension régionale, avec des invités croisés (dont un photographe vietnamien), des masterclasses et des tables rondes. »

Cycle « Olympe de Gouges » : droits des femmes et parcours d’exception

À l’occasion des 80 ans du premier vote des femmes en France, l’IFC propose un cycle de débats d’idées et de spectacles :

29 septembre à 18h : table ronde à l’IFC autour de Claudie Haigneré (première Française à effectuer une sortie extravéhiculaire dans l’espace, deux fois ministre, ex-conseillère à l’ESA), aux côtés notamment d’Ing Kantha Phavi (ministre des Affaires féminines) et de Chea Serey (gouverneure de la Banque nationale du Cambodge), ainsi que de jeunes chercheuses de CAMTECH.
« Nous parlerons parcours, obstacles, leviers, actions concrètes, en français ou avec traduction quand nécessaire. »

Musique & danse : Marion Rampal et Dalila Belaza

15 octobre au Raffles : Marion Rampal en concert. « Une grande voix du jazz et du blues, plusieurs Victoires du jazz. »

24 octobre au théâtre de CIS : Dalila Belaza présentera Figures, « un solo à la dimension mystique », avec deux représentations (scolaires puis tout public) et des ateliers/formation pour danseurs à Phnom Penh et Battambang (en partenariat avec l’URBA et Phare).

« J’essaie d’offrir un 360° à chaque invitation : rencontre/ateliers, représentation, et transmission via la formation. »

La mission de l’IFC est aussi de faire connaître la culture khmère : « Le 18 septembre à 19h, nous accueillerons MeDha Women Drummers, groupe de percussionnistes entièrement constitué de femmes, une exception à noter dans un domaine exclusivement masculin au Cambodge. »

Sortir des murs, élargir les publics

Si le site de l’IFC « est parfait pour expérimenter » (théâtre intérieur, grande scène extérieure), Fanny Pagès veut aller vers d’autres publics :
« Présenter hors les murs, c’est travailler avec d’autres partenaires, ouvrir le champ des possibles et rencontrer des personnes qui ne viennent pas spontanément à l’Institut. »

Voilà donc un programme riche et varié porté par des valeurs fortes : ainsi s’annonce la rentrée de l’Institut français du Cambodge, animée par une équipe motivée dans un lieu d’exception au cœur de Phnom Penh.

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos