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La Coconut School, 200 bouchons de plastique pour un mois d’école

Coconut School CambodgeCoconut School Cambodge
Un aperçu d'une des classes par la fenêtre-pneu. Crédit : Marion Joubert
Écrit par Marion Joubert
Publié le 20 mai 2019, mis à jour le 21 mai 2019

Pour payer leurs frais d’inscriptions, les élèves de la Coconut School doivent ramener chaque mois des déchets qui, recyclés, serviront à équiper leur école.

A quelques heures de route à l’ouest de Phnom Penh, des bâtiments incongrus bordent la route qui traverse le parc national du Kirirom. Bouteilles de verre, bouchons en plastique, pneus usés et autres déchets sont recyclés et servent de murs, de terrain de foot, de pont, de balançoire, de porte, de casiers… 73 élèves viennent étudier dans cette école insolite, appelée la coconut school. En plus d’apprendre l’anglais, le khmer, les mathématiques et l’informatique - les ordinateurs sont chargés grâce à l’énergie solaire - ils comprennent comment donner une seconde vie aux déchets afin de protéger l’environnement.

 

casiers des enfants de la coconut school
Les casiers des enfants de la coconut school. Crédit : Marion Joubert

 

L’énergique directeur de l’école, Ouk Vanday, souhaite inculquer à ses élèves les principes du développement durable. « Il n’y a aucune infrastructure de recyclage au Cambodge. Mais il faut cesser de chercher des responsables, il est temps d’agir, explique-t-il. Et c’est plus facile de faire changer les mentalités avec des enfants ». Pour cet ancien manager d’hôtel, c’est aujourd’hui qu’il faut lutter contre le changement climatique. « En détruisant la nature, c’est ton frère, ta fille, ton petit-fils que tu tues. C’est plus douloureux pour eux que si tu disparaissais toi-même », ajoute-t-il crûment.

Il inculque donc aux élèves ces notions et cela commence par leur faire payer les frais d’école mensuels avec des déchets. « Ils choisissent un type de matériau parmi les huit que nous pouvons réutiliser et ils payent de cette manière », explique Ouk Vanday. Ainsi, si l’enfant souhaite payer en bouchons de plastique, il devra en amener 200. S’il préfère amener des pneus, il devra en fournir au moins deux.

 

la bibliothèque de l'école
La bibliothèque de l'école. Crédit : Marion Joubert

 

Les élèves de la Coconut School ont entre 7 et 12 ans. Avant la construction de l’école - à laquelle ils ont participé - la plupart mendiaient au bord de la route. Ouk Vanday, en les acceptant dans son établissement, leur a formellement interdit. « Donner de l’argent à un enfant au bord de la route, c’est une bonne action. Les faire sortir de la rue pour aller à l’école, c’est une action juste. Beaucoup de gens accomplissent de bonnes actions, mais ce n’est pas ce qui est juste », appuie-t-il.

L’école compte aujourd’hui quatre classes. Mais pour Ouk Vanday, le trampoline et le terrain de football sont aussi deux espaces importants. « Construire une école, c’est facile. Faire en sorte que les élèves viennent, c’est plus compliqué. Il faut donc aussi que ce soit un lieu où ils se sentent bien, où ils peuvent s’amuser », insiste-t-il.

 

terrain de football
Le terrain de football de la coconut school. Crédit : Marion Joubert


Ouk Vanday, la trentaine, a prévu de consacrer 20 années de sa vie au projet Coconut School. L’école située dans le parc national du Kirirom est la deuxième qu’il a fondée, et ce n’est pas la dernière. L’ex-manager a créé un premier établissement similaire sur Koh Dach, à quelques kilomètres de Phnom Penh, et souhaite en ouvrir une nouvelle en 2023, sur le lac Tonle Sap. « Si un projet ne fonctionne pas sans son créateur, alors il n’est pas viable. Mon rôle est de simplement donner une impulsion », déclare-t-il avec conviction.

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