Pour de nombreux étudiants cambodgiens, rentrer au pays après des études à l’étranger est un moment chargé d’espoirs. Pourtant, la réinsertion professionnelle se révèle parfois plus ardue qu'imaginée. Nous avons interrogé trois jeunes diplômés, voilà leur retour d'expérience.
Entre ambition et réalité du marché de l’emploi
Mom Mit, jeune diplômé d’un master en gestion et commerce international obtenu à l’Université Financière de Moscou, il peine à décrocher un emploi à la hauteur de ses aspirations depuis son retour en juillet.
« Le marché de l’emploi dans ce domaine est vaste mais extrêmement compétitif, » confie-t-il. « Mes difficultés ne viennent pas du lieu où j’ai étudié, mais plutôt du manque d’expérience pratique. »
Avec un seul stage de six mois et deux ans de bénévolat auprès de l’Association des étudiants cambodgiens en Russie à son actif, Mit se retrouve face à un marché où l’expérience joue un rôle crucial. Malgré ses qualifications, il n’a pas encore trouvé un poste correspondant à son domaine d’expertise.
À l’inverse, d’autres diplômés parviennent à tirer profit d’opportunités bien préparées. C’est le cas de Ly Nory, diplômée d’un master en sécurité internationale de l’Université de Bristol au Royaume-Uni. Aujourd’hui enseignante à l’Institut d’études internationales et de politiques publiques et chercheuse junior au Centre d’études sur l’Asie du Sud-Est, elle a su aligner ses études avec une carrière prometteuse.
« Quelques mois avant mon retour, l’institution cherchait à recruter de nouveaux enseignants. J’ai saisi cette chance au bon moment, » raconte-t-elle avec enthousiasme.
Un retour qui va au-delà du professionnel
Rentrer chez soi, c’est aussi se réadapter à des réalités souvent oubliées. Pour Nory, la chaleur étouffante du Cambodge après une année dans le climat tempéré du Royaume-Uni n’a été qu’un détail. Son principal défi reste l’accès limité à des ressources académiques récentes dans les bibliothèques locales et en ligne.
Pour Mit, c’est un véritable choc de devoir renoncer aux infrastructures pratiques et abordables qu’il connaissait en Russie. « À Moscou, je dépensais moins de dix dollars par mois pour les transports. Ici, entre le coût du carburant et les embouteillages, c’est un défi quotidien, » déplore-t-il.
Borey Koemseang, étudiant en sciences sociales à l’Université de Chiang Mai, partage ces frustrations. De retour à Phnom Penh pour chercher un emploi avant la fin de ses études, il raconte sa surprise face à l’ampleur du trafic urbain. Pour économiser et réduire le stress, il opte régulièrement pour les bus, une solution économique à 1 500 riels (environ 0,37 dollar) par trajet.
Retrouver ses racines, une satisfaction inégalée
Malgré ces obstacles, tous s’accordent à dire que revenir chez soi offre un réconfort unique. Nory se remémore avec émotion son expérience au Royaume-Uni, où elle a découvert des perspectives culturelles et académiques variées tout en explorant l’Angleterre, l’Écosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord.
« Malgré tout ce que j’ai aimé à l’étranger, il n’y a rien de tel que de rentrer chez soi, retrouver sa famille et ses amis, » affirme-t-elle.
Pour Mit, le retour est une manière de retrouver la chaleur du foyer, même si son idéal professionnel reste à atteindre. Il participe à un programme de recherche à Phnom Penh, et apprend le coréen en vue de l’obtention d’un doctorat en Corée du Sud.
Quant à Koemseang, il préfère se concentrer sur des formations courtes et sur la recherche d’un emploi aligné avec ses études, tout en gardant le doctorat comme objectif lointain.
Si le retour des diplômés cambodgiens à l’étranger s’accompagne de défis variés, il est aussi une occasion unique de se reconnecter à leurs racines et de contribuer au développement de leur pays.
Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis la traduction de cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.