Amputé des deux jambes en 1982, Tun Chan Nareth milite depuis 1994 pour un Cambodge sans mines. Entre défis persistants et espoir, il incarne la résilience et le courage.
Un soldat devenu militant
En 1982, la guerre a marqué à jamais la vie de Tun Chan Nareth, ancien soldat, amputé des deux jambes après avoir marché sur une mine. Mais plutôt que de céder au désespoir, il a transformé cette tragédie en mission. Depuis 1994, il milite inlassablement pour un Cambodge sans mines.
Lors de la récente conférence d’examen de la Convention d’Ottawa, qui s’est tenue à Siem Reap et s’est achevée le 29 novembre, il a salué les progrès accomplis. « Aujourd’hui, 15 provinces du Cambodge sont exemptes de mines. Cela me remplit de joie. J’espère qu’aucun Cambodgien ne connaîtra plus jamais cette souffrance », a-t-il déclaré.
Une cause encore fragile
Malgré les avancées, le chemin reste semé d’embûches. « De nombreuses zones, notamment aux frontières avec la Thaïlande et le Vietnam, doivent encore être déminées. Cela exige des financements supplémentaires », a-t-il souligné.
Nareth a également insisté sur un enjeu trop souvent ignoré : le sort des personnes handicapées. « Des milliers de Cambodgiens portent encore les séquelles de la guerre et des mines. Le gouvernement doit intensifier ses efforts pour soutenir ce groupe vulnérable. »
Porte-parole des victimes
Au fil des années, Nareth est devenu la voix des survivants. À chaque rencontre internationale, il témoigne de leur douleur. « J’ai montré aux délégués ce que signifie vivre sur des terres jonchées de mines depuis plus de 30 ans », explique-t-il.
Mais son message va au-delà des frontières du Cambodge : « Les victimes de mines, ici comme ailleurs, doivent garder espoir. Elles ne sont pas seules et ne doivent jamais abandonner. »
Nareth appelle aussi à l’action internationale : « Les mines continuent de tuer. Les pays qui n’ont pas encore signé la Convention d’Ottawa ou qui ne contribuent pas au financement doivent agir immédiatement. »
Soutenir les survivants au-delà des mots
S’il reconnaît l’importance de l’aide internationale, il insiste sur ses limites. « Les prothèses ou les aides à la mobilité ne remplaceront jamais les membres perdus. Nous avons besoin de soutien financier, de formations et d’équipements adaptés pour permettre aux survivants de retrouver leur autonomie. »
Une leçon de courage
« En tant que soldat, j’ai combattu pour sauver le Cambodge. Mon espoir est que les nouvelles générations construisent un avenir meilleur, sans avoir à connaître les sacrifices que nous avons faits. »
Malgré les épreuves, il refuse de céder au pessimisme : « J’ai appris à accepter mon destin. Ce qui me donne de la force, c’est de voir d’autres Cambodgiens marcher, parler, être heureux. »
Son message pour les jeunes générations est empreint d’espoir :
Je ne veux pas que mes enfants ou petits-enfants portent les mêmes regrets que moi. Leur avenir doit être un pas vers un Cambodge plus sûr et plus prospère.
Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis la traduction cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone