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Sra’Art : une galerie d’art innovante au coeur de Phnom Penh

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Exposition "Contrasted Vision"
Écrit par Juliette FONTAINE
Publié le 24 juillet 2021

 

Ouverte depuis 2019, la galerie d’art contemporain Sra Art se relève après les restrictions sanitaires qui ont fortement impacté le milieu de l'art. Samedi 10 juillet 2021 avait ainsi lieu l'inauguration de sa nouvelle exposition : "Constrasted Vision".

 

En 2019, la franco-cambodgienne Cécile Eap inaugure Sra’Art, au nom ingénieux. Si Sra en khmer veut dire vin, et par extension alcool, srasa saat veut dire beau. D’un autre coté, prononcé rapidement cela peut signifier « nu ». Entre l’association logique d’art et de vin, d’art et nudité et un jeu de mot coquin, le nom de la galerie n’a pas été laissé au hasard.

 

Lepetitjournal.com a rencontré Cécile et vous partage les difficultés du monde de l’art face à la pandémie du Covid et la créativité débordante des artistes et des galeries dans cette période troublée.

 

Vous avez toujours travaillé aux côtés des artistes, pouvez-vous nous raconter votre parcours?

Initialement, j’étais productrice audio-visuelle. J’ai effectué beaucoup de publicité, de courts et longs-métrages, de documentaires, de télévision et de clips. J’ai commencé du côté de la production, puis je me suis orientée vers le marketing et la communication quand j’ai déménagé à Kuala Lumpur en 2009.

Après la Malaisie, je suis partie travailler aux États-Unis. Lorsque quelques années plus tard j’ai décidé de revenir en Asie du Sud-Est, le Cambodge s’est imposé naturellement.

Étant franco-cambodgienne, je venais au Royaume plusieurs fois par an depuis les années 1990, avant même que les Nations-Unies n'arrivent. J’ai vu le Cambodge changer et se développer.

 

Pourquoi avoir ouvert une galerie d’art à Phnom Penh ?

J’ai toujours voulu créer quelque chose au Cambodge. Au départ, je pensais plutôt à la production audiovisuelle puisque c’était mon métier de base. Ensuite, lorsque je me suis installée, j’ai commencé en tant que productrice à la BBC Média Action à Phnom Penh, ce qui m’a donné l’occasion de rencontrer énormément de jeunes talents. Dans un pays où la majorité de la population à moins de 30 ans, il y a une créativité et une énergie débordante. J’ai grandit à paris avec des galeries et des musées dans tous les coins de rue. En Malaisie, qui est pourtant un pays développé, le côté culturel me manquait.

Lorsque j’ai vu la montagne de créativité et de talents au Cambodge et l’absence de plateforme pour les exposer, j’ai compris que c’était cela qu’il fallait créer. D’une part pour le développement artistique du pays mais également pour les gens comme moi, en manque culturel.

Le marché de l'art à Phnom Penh est loin d'être saturé. Je suis heureuse de me dire que Sra’Art a participé à faire éclore une nouvelle offre et ainsi à satisfaire une demande encore émergente.

 

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Exposition "Contrasted Visions"

 

Pouvez-vous nous expliquer le concept de votre galerie?

Quand je suis arrivée à Phnom Penh, je venais de Washington DC où le marché de l’art est extrêmement actif et innovant. Les galeries américaines étaient des centres d’événements où nous pouvions assister à des performances visuelles et des échanges artistiques.

J’ai donc voulu créer une galerie d’art avec les standards internationaux, en mettant l’art au centre de la scène. Au Cambodge, quand nous avons commencé, il y avait déjà des galeries-restaurants ou encore des galeries au sein d’hôtels de luxe. Seulement, le standing de ces hôtels amène généralement une clientèle spécifique d’expatriés, puisque entrer dans un complexe de ce type n’est pas évident pour tout le monde. Pour ma part, je voulais mettre l’art au centre de mon projet et surtout l’ouvrir à tous.

Le concept de notre galerie se fonde sur l’organisation d’un grand nombre d’évènements, autour d’expositions courtes de six semaines qui permettent un grand renouvellement. Aux classiques vernissages et soirées de clôture, s’ajoutent les rencontres avec les artistes, des performances ou encore des classes d’art autour de verres de vin. Ce qui a fait notre réputation, c’est l’organisation d’événements artistiques jusqu’à cinq fois par semaine.

Par ailleurs, nos expositions mettent en valeur le Cambodge. Toutes les problématiques sont celles rencontrées par le Royaume. Plus de50% de nos artistes sont Cambodgiens, mais ce n’est pas systématique. Certains vivent ici depuis tant d’années, qu’ils sont également légitimes de partager leurs expériences et leur point de vue. De plus, le fait d’avoir grandi à l’étranger apporte une vision, une perspective différente. Cette approche nous permet d’avoir une pluralité de styles et de représentations.

 

Voyez-vous le domaine de l’art évoluer et se développer depuis votre ouverture en 2019 ?

En ce qui concerne la consommation d’art, nous constatons une nette différence entre les expatriés et les Cambodgiens. Ces derniers sont généralement des jeunes de moins de 25 ans. Lors des discussions avec les artistes, ils constituent 80% de notre clientèle. En revanche, les occidentaux viennent davantage faire des rencontres autour d’un verre de vin et se sociabiliser.

Pour ce qui est des artistes, je trouve que le fossé générationnel entre les jeunes talents et les plus de 30 ans est très important. Ces derniers ont davantage d’expérience et de technique alors que les premiers sont davantage dans l’expérimentation et la créativité. Les plus jeunes travaillent leurs visions, leurs textures et leurs concepts.

Il y a un cœur de créativité chez les jeunes Cambodgiens qui ont beaucoup de choses à dire. C’est plein d’espoir pour l’avenir. Les jeunes ont passé les dernières années avec internet qui leur a ouvert l’esprit différemment.

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Opening exposition "Contrastes Visions" 

 

Vous venez de réouvrir aux visiteurs, quels sont vos projets en cours?

Actuellement, nous recevons l'exposition " Contrasted Visions " clôturant le cycle "Contrastes" sur lequel s'est concentrée la galerie lors de ses dernières expositions. Réunissant sept artistes : Lauren Lida, Catherine Le Norcy, Tep Chanton, Kanha Hul, Eriq Henri Madsen, Roman Koenig, et Markus Waldburger, ce projet s'attarde sur la discussion, l'échange, la cohésion entre différents supports, la peinture, la photographie ou encore le collage.

 

Les classes ont également repris à Sra’Art dans le respect des consignes sanitaires. La galerie vous retrouve avec plaisir lors de leurs cours de peinture pour adultes ou pour enfants, leurs cours d’Histoire de l’art ou encore de tissu aérien.

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