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Arthur Fourdraine, le Français qui veut remonter le Mékong en kayak

Arthur Fourdraine kayak MékongArthur Fourdraine kayak Mékong
Crédits : Arthur Fourdraine / Mission Mékong
Écrit par Marion Joubert
Publié le 11 février 2019, mis à jour le 29 mars 2019

Remonter le Mékong de son embouchure jusqu’à sa source, en kayak, sans assistance. C’est le défi que s'est lancé Arthur Fourdraine, un Français de 27 ans vivant à Kep.

Les flots du Mékong vont accueillir pendant neuf mois un explorateur français et son kayak gonflable. Arthur Fourdraine, un Français de 27 ans vivant à Kep, souhaite être la première personne à remonter intégralement le fleuve asiatique en naviguant jusqu’à sa source. Il a donné dimanche 10 février son premier coup de pagaie au Vietnam et espère atteindre la source tibétaine du Mékong entre septembre et octobre. Son but, explique-t-il, est « d'arriver à la source lorsque celle-ci ne sera pas encore ensevelie sous la neige ».

Pour élaborer son périple - baptisé Mission Mékong - et avoir un aperçu du monde qu'il va bientôt découvrir, il s'est inspiré de nombreux récits et carnets de voyages de divers explorateurs. Les explorateurs français historiques d’abord, comme Henri Mouhout et Francis Garnier, mais aussi des explorateurs plus récents tels que Michel Peissel et Luciano Lepre. C'est d'ailleurs ce dernier, photographe suisso-italien, qui a remonté le Mékong à pied. Il avait découvert une autre source du fleuve, plus haute que celles recensées jusqu’ici. L'objectif principal d'Arthur Fourdraine est donc de se rendre à ce « véritable berceau du Mékong ».

 

mission mekong
L'itinéraire d'Arthur Fourdraine. Crédits : Marion Joubert / Lepetitjournal.com Cambodge

 

Ce sportif invétéré aime chercher sans cesse de nouvelles limites, son ambition étant « d'aller toujours plus loin, afin de montrer ce que le monde peut nous offrir ». A l'âge de 17 ans, il quitte le lycée pour s'engager dans l'armée et rejoint les chasseurs alpins d'Annecy pendant cinq ans et demi. Cette période l'amène à se rendre en Afghanistan pendant 6 mois, où il se rend compte que « tout le monde aspire à la paix et l'équilibre ». Il part par la suite explorer seul le Pakistan et l’Érythrée. « J’ai pris conscience qu’en allant dans un pays par moi-même, je peux me rendre compte de la réalité du terrain ». Voyager à travers le monde est depuis devenu une passion pour cet explorateur en quête de vérité et de sensations fortes.

Durant son périple fluvial, il entend être témoin des diverses situations sociétales et environnementales. « Je pourrai raconter objectivement comment les choses évoluent véritablement autour de ce cours d'eau, comment les sociétés se développent et à quel degré la biodiversité du Mékong est menacée », explique-t-il.

Si cet aventurier autodidacte est déjà revenu de plusieurs expéditions aux quatre coins du globe, Mission Mékong est la première qu'il compte entreprendre sur une longue période.

Un défi de neuf mois, qu'il désire réaliser sans assistance afin de prouver que « ce n'est pas impossible de plonger au cœur du Mékong sans équipe de suivi ». Son intention n'est toutefois pas de se mettre en danger. Arthur Fourdraine affirme avoir conscience des périls de son voyage, et estime avoir anticipé tous les risques possible en se préparant durant 18 mois. Avoir décidé de partir début février n'est pas un hasard, explique-t-il : « C'est le moment le plus propice, sinon de nombreuses zones seront difficilement navigables. L'objectif est de rejoindre le Laos avant le début de la saison des pluies ».

Pour partir en toute sécurité, il sera équipé d'un téléphone satellite avec des numéros d'urgence. Il a aussi prévu de s'armer d'un matériel adapté aux différentes conditions climatiques. Au Laos, il devrait recevoir un complément d’équipement. C’est à ce moment là qu’il abandonnera son hamac pour une tente.

La puissance du débit fluvial aux portes du plateau tibétain l’empêchera de remonter le cours d’eau. Il a donc anticipé qu'il allait devoir marcher pendant une dizaine de jours. Sachant par ailleurs qu’il va  « monter l'équivalent de deux monts Everest en dénivelé », il a choisi de privilégier la légèreté. « Je pense porter entre 20 et 30 kilos. C'est aussi pour cette raison que mon kayak est gonflable », confie-t-il.

Arthur Fourdraine prévoit de ne pas dépenser plus de 5 à 7,5 dollars par jour pour s'alimenter. Il explique que le fleuve a la deuxième plus grande biodiversité du monde, ce qui devrait lui permettre de se nourrir de ce que le fleuve lui apportera. « Mon but est d'apprendre à pêcher, être le plus autonome possible ». Si le bas-Mékong ne l'inquiète pas, le haut-Mékong présente un défi plus important : « Je risque de ne pas trouver de relais pendant plusieurs jours d’affilé. Je devrai faire attention à l'approvisionnement ».

L'aventurier français ne néglige pas non plus sa santé lors du périple. Il a contacté un médecin de l'Institut Pasteur pour lui demander un suivi et s'est renseigné sur tous les parasites existant dans la zone. «  Je suis plus gêné par les moustiques que par n'importe quel serpent », souligne-t-il.

 

equipement mission mekong

 

Passant par la région du Triangle d'or - aux confins du Laos, de la Thaïlande et de la Birmanie - où persiste un important trafic d'opium, il compte prévenir les autorités locales de sa venue, afin d'être escorté si nécessaire. Il souhaite décider sur place comment procéder, afin de prendre le temps d’évaluer le terrain, « mais si je vois une ouverture, je foncerai ». Il espère que les autres zones sensibles, comme le Tibet, ne l'empêcheront pas d'aller au bout de son projet.

En plus d'un carnet de voyage que va tenir Arthur Fourdraine durant son périple, il souhaite aussi partager ses récits sur les réseaux sociaux. Son matériel audiovisuel lui permettra de transmettre du contenu à son frère qui diffusera les informations. Il sera ainsi possible de suivre son aventure sur son site, mais aussi via Facebook, Youtube et Instagram. « Nous souhaitons partager entre une et deux vidéos par mois.  Nous proposerons aussi une FAQ mensuelle lors de laquelle nous répondrons à toutes les questions », déclare-t-il. Il ajoute que pour rendre l'expérience plus immersive, il essaiera de transmettre en direct des informations grâce à son téléphone satellite ou lorsqu'il aura accès au réseau. A l'issue de Mission Mékong, il envisage de publier un récit de voyage afin de partager son aventure.

photo cv annecy
Publié le 11 février 2019, mis à jour le 29 mars 2019

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