Athea est une Cambodgienne pleine de détermination. Elle s'est lancée dans la promotion des miels cambodgiens pour nourrir sa famille. Louis Scotti nous la fait découvrir.
Je retrouve Athea Man au Canopy Market, un marché aux puces en plein air où elle expose ses miels du Cambodge. Elle me raconte son parcours et comment sa vie a basculé ces derniers mois.
Athea a 30 ans, une fille de 4 ans à charge et une famille très nombreuse qui a été très durement frappée par les conséquences de la pandémie de COVID-19. Tous les membres de sa famille ont perdu leur source de revenu.
Athea est une battante ! Elle a quelques économies, elle ouvre un petit restaurant où elle prépare des plats thaïs et cambodgiens à petit prix. Malgré la crise, le restaurant fonctionne bien, mais les revenus demeurent insuffisants pour nourrir les 15 membres de la famille.
Elle entreprend alors une nouvelle aventure. Sensibilisée à la problématique de la conservation des abeilles par Éric Guérin (biologiste Français spécialiste de la conservation des abeilles d'Asie du Sud-Est vivant au Cambodge depuis 12 ans) elle se lance dans la promotion des miels cambodgiens. Elle se met donc à parcourir le pays à la recherche de miels de qualité.
En un peu moins d'un an, elle est devenue intarissable sur le sujet. Elle m'explique que le Cambodge recèle des miels exceptionnels, mais qui sont malheureusement délaissés des consommateurs qui se replient trop souvent sur les miels importés.
Elle me raconte la cristallisation ; un phénomène naturel qui concerne la plupart des miels mais qui est très souvent interprété par les consommateurs non avertis comme un signe d’adultération. Les gens associent trop souvent la présence de cristaux à un ajout de sucre alors que c'est au contraire un indicateur de miel de qualité.
J'apprends que le Cambodge héberge 4 espèces d’abeilles mellifères sauvages. Athea m’exprime son inquiétude pour leur avenir, car les populations sont en déclin. Elle m'explique l'importance des abeilles pour la pollinisation des forêts du Cambodge et la responsabilité des consommateurs qui mangent les couvains, encourageant les chasseurs de miel à détruire les nids sauvages. Ces chasseurs de miel sont des gens pauvres, mais elle voudrait leur faire comprendre qu'en détruisant les nids, ils contribuent à la disparition de leur source de revenus.
Notre conversation se poursuit tout en dégustant des miels que je découvre : miels de kapok, d’hévéa, crémeux, en rayon et tant d'autres. Chaque cuillère est une explosion de saveurs. Nous sommes régulièrement interrompus par des clients, certains habitués qui savent ce qu'ils viennent chercher, d'autres novices comme moi et je l'écoute répondre patiemment aux uns et aux autres.
Je sens que son implication va bien au-delà de la simple vente. Elle me dit d'ailleurs :
plus je découvre le monde fascinant des abeilles plus je me rends compte de tout ce qu'il me reste à apprendre et plus j'ai envie de m'impliquer dans ce combat .
Athea Man est en train de développer la marque QBEE pour promouvoir les miels cambodgiens. Elle compte beaucoup sur la Made in Siem Reap Fair organisée par la CCI France-Cambodge à Phnom-Penh du 29 au 31 janvier pour se faire connaître les amateurs de miel de la capitale.