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Tour de vis de Hun Sen contre le retour de Sam Rainsy

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Sam Rainsy et Hun Sen posent pour un selfie en 2015.
Écrit par Pierre Motin
Publié le 3 octobre 2019, mis à jour le 4 octobre 2019

Alors que les arrestations de militants du CNRP se multiplient ces derniers jours, le premier ministre cambodgien Hun Sen a promis mercredi 2 octobre une répression féroce contre les personnes qui soutiendraient le possible retour de l’opposant Sam Rainsy au Cambodge le 9 novembre.

Le rythme des arrestations de soutiens du CNRP a bondi après l’annonce du retour de l’opposant Sam Rainsy. Depuis le début de l’année, 30 militants du CNRP ont été arrêtés et placés en détention provisoire, tandis que 160 autres personnes ont été interrogées par les tribunaux ou les autorités locales.

Pour Rhona Smith, la rapporteure spéciale de l’ONU sur la situation des droits de l’homme au Cambodge, cette situation n’est pas acceptable. « Les convocations et poursuites contre ces personnes sont vagues et préoccupantes, non seulement pour le respect des droits politiques ainsi que des libertés d’expression et d’association, mais aussi en ce qui concerne le droit à un procès équitable », a-t-elle déclaré le 26 septembre.

Le gouvernement cambodgien a assimilé le possible retour du président par intérim autoproclamé du CNRP à une tentative de coup d’Etat. Sam Rainsy a affirmé vouloir faire appel au « pouvoir du peuple » pour restaurer la démocratie au Cambodge.

« Ceux qui se joindront à la campagne de destruction du pays et de la paix seront poursuivis »

Au pouvoir depuis 34 ans, le premier ministre Hun Sen a menacé d'arrêter les militants d’opposition qui feraient un signe de ralliement au retour de Sam Rainsy en montrant neuf doigts afin de symboliser la date de retour de l’opposant, le 9 novembre. « Ne rejoignez pas la campagne des neuf doigts. Ceux qui se joindront le 9 novembre à la campagne de destruction du pays et de la paix seront poursuivis », a déclaré le premier ministre mercredi 2 octobre devant un parterre de jeunes diplômés mercredi 2 octobre.

Le CNRP, principal parti d’opposition cambodgien dissous en novembre 2017, a annoncé en août que Sam Rainsy et plusieurs autres responsables en exil du parti retourneront au Cambodge le 9 novembre, jour de l’indépendance cambodgienne, malgré les menaces du gouvernement de les emprisonner. Sam Rainsy a déjà annoncé son retour au Cambodge à plusieurs reprises, sans que cela ne se concrétise jusqu’ici, mais les signaux d’un éventuel retour sont de plus en plus nombreux. Le gouvernement cambodgien a annoncé avoir envoyé des mandats d’arrêt contre Sam Rainsy aux pays membres de l’ASEAN, et que Sam Rainsy serait arrêté dès son arrivée au Cambodge.

Président par intérim du CNRP, Sam Rainsy vit à Paris depuis 2015. L’opposant, qui détient la nationalité française, fait l’objet de multiples condamnations et plaintes déposées par le gouvernement du premier ministre Hun Sen. 

Le CNRP a annoncé lundi 16 septembre qu’il avait mis en place un budget afin de soutenir les membres des forces armées qui feraient défection et offriraient leur protection à Sam Rainsy lors de son retour. Selon le document publié par le parti d’opposition dissous en 2017, Sam Rainsy et plusieurs responsables du parti se rendront en Asie le 5 novembre et feront appel à des travailleurs migrants cambodgiens afin de l’accompagner au Cambodge le 9 novembre.   

L’Union européenne doit rendre d’ici le 12 novembre son rapport sur la situation au Cambodge dans le cadre de la procédure de suspension du régime préférentiel Tout sauf les armes (TSA), qui permet au Cambodge d’exporter sur le marché européen sans payer de droits de douane et dont la suspension totale pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’économie cambodgienne. Dans ce contexte, une réaction répressive des autorités cambodgiennes lors de l’éventuel retour de Sam Rainsy pourrait durcir la position de la Commission européenne.

 

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