Le XV de France s'est incliné à un point près hier contre les All Blacks néo-zélandais, à 8 contre 7. Retour sur une finale inattendue, en direct du Score Bar à Phnom Penh
13h00 : L'ambiance est plutôt conviviale au Score Bar. Deux heures avant le coup d'envoi, les supporters arrivent déjà, histoire de manger un bout, de discuter pronostics? Les réservations ont été passées deux semaines auparavant. Toutes les tables sont déjà prises et sur chacune trône un pichet d'Angkor Beer. Tireuses alignées, les employés du Score Bar se tiennent prêts à recevoir la foule.
Maquillage mutuel avant le début du match. (Crédit photo : Laure Delacloche)
13h30 : Quelques traits de crayons sur les bras et le visage pour montrer son appartenance. Impossible à présent de confondre français et néo-zélandais. Les supporters du XV de France sont tout de même en minorité. Le patron du Score s'affirme aussi neutre que la Suisse pour cette prochaine bataille. On lui en veut quand même d'avoir laissé de très bonnes places aux Kiwis (serait-ce un complot ?)?
14h00 : Les supporters fraternisent et partagent bières et maquillage. Le bar est déjà plein. Chacun cherche ne serait-ce qu'une demi chaise ou s'asseoir. L'heure est aux pronostics et à la plaisanterie. Anglais et écossais se parent également de bleu, blanc et rouge. « La France est ultra pas favorite mais va tout de même gagner » indique Vincent, supporter français. Il rajoute « Je sais de quoi je parle, j'avais prévu la victoire face aux gallois ». Son ami Levin l'appuie « On va gagner de dix points d'avance? Je regrette de n'avoir pas parié ». Les Français sont confiants, il ne reste qu'à faire ses preuves.
Maquillage réussi pour ce supporter du XV de France ! (Crédit photo : Laure Delacloche)
La rédaction du Petit Journal contacte le docteur Garen, qui gère l'équipe des Piliers d'Angkor. Celui-ci confirme l'optimisme ambiant : "Nous allons gagner 22 à 18, je dirais, allez, à un drop près. La Nouvelle-Zélande a peur de perdre et les français ont la rage après ce qui a été dit après le match contre le Pays de Galle. Il n'y a pas meilleure préparation psychologique."
Des gradins improvisés. (Crédit photo : Emilie TON)
14h30 : Le bar est plein à craquer. Amis et familles se retrouvent sur le peu de place qu'il reste. Impossible de circuler, même les escaliers servent de places où s'asseoir. Les employés sont d'ores et déjà débordés et les supporters un peu alcoolisés. Sur les écrans passent les plus belles actions de cette coupe du monde de rugby 2011 ainsi que celles des années passées. Les Kiwis chantent leur confiance. Impossible de les faire taire.
15h00 : Les voix chantent en ch?ur la Marseillaise et se taisent pendant le Haka. Le coup d'envoi est lancé. La tension est palpable et les bières sont renversées.
15h15 : Les premières minutes ont été longues. Aucune action assurant confiance aux équipes. L'assistance est calme et attend de voir. A la quinzième minute de jeu, sur une faute française tout à fait classique, le pilier des All Blacks, Woodcock, marque un essai.
15h38 : 35 minutes de jeu et un peu d'espoir qui refait surface? Jusqu'à ce que le buteur français rate sa pénalité, mais les Bleus n'ont pas fini.
Mi temps : Les Français y croient, et le montrent : « Le jeu est plutôt équilibré, j'y crois beaucoup et je pense que les joueurs peuvent revenir en force. Ils en veulent » indique Alexandre, un supporter français. D'après Fannie, les néo-zélandais sont plutôt décevants « J'attendais plus de leur part et suis relativement surprise par les Français. Je suis sûre qu'ils donnent le meilleur d'eux-mêmes, il ne manque qu'une petite étincelle ». Juste le temps de commander à boire, de passer aux toilettes (cercle vicieux à respecter) et on se remet en place, en espérant que la suite des évènements soit plus favorables aux bleus.
Pendant cette première mi-temps, seul un essai est donc marqué : le score est faible, surtout devant l'excitation que provoque la finale. Les coups d'éclats sont rares et les deux équipes opposent une défense qui paraît sans faille. Morgan Parra et Aaron Cruden sont sortis, tous deux blessés. François Trinh-Duc et Stephen Donald les remplacent. Cela va changer la donne. Vincent nous livre son analyse et quelques indices précieux : "Trinh-Duc a vraiment bien joué. Il a fait de bonnes percées et de bonnes distribution de balle. Cela laisse présager d'une excellente deuxième mi-temps : tout peut encore arriver."
A la mi-temps, l'enthousiasme des Bleus est intact et l'espoir reste permis. (Crédit photo : Emilie TON)
Deux minutes après la reprise, le XV rate une pénalité, et s'en mord les doigts.
47 minutes de jeu : Les Français marquent enfin ! Les expat' hurlent leur joie. Tout le monde reprend confiance pour l'essai. Une fois marqué, ne reste qu'une foule scandant « Allez les Bleus ».
Pour faire écho à Vincent, c'est sur une interception de François Trinh-Duc que Thierry Dusautoir peut emmener la balle entre les perches adverses. L'essai est ensuite transformé avec succès. L'écart n'est que d'un point et la victoire du XV de France est encore possible.
64 minutes : Pénalité : les Français hurlent leur soutien au buteur qui tire malheureusement assez loin des perches. Le score reste de 7 à 8 pour les kiwis. On attend de voir?
Le monde entier va attendre, car les All Blacks n'ont plus qu' une stratégie : gagner du temps. Ils misent tout sur une défense imparable, les fautes se multiplient et les balles mettent un temps infini à sortir des mêlées. Peu à peu, les spectateurs comprennent que l'enlisement est total. De fait, la fin de cette finale de coupe du monde n'a rien d'impressionnant, si ce n'est que ces Bleus qu'on donnait ratatinés d'avance par le rouleau compresseur All Blacks, mené par Ma'a Nonu, se sont très bien défendus.
80 minutes : Les Français sont consternés, les visages tristes et figés : ils ont bu, ont vu, ont été vaincus. Tous y croyaient jusqu'au bout. Il faut croire que ce n'était pas encore le tour de nos « petits français » de remporter la coupe. « On reste fiers d'eux » indiquent-ils.
Pour les connaisseurs présents, la défaite a ses raisons : la lenteur de l'équipe a sortir les ballons des mêlées, par exemple. Cependant, Esteban et Vera sont convaincus : "Nous avons la meilleure défense du tournoi mais nous avons manqué de... chance." Ils évoquent également les fautes nombreuses qui ont été sanctionnées par l'arbitre du côté tricolore, alors que celui-ci semble avoir agi avec plus de tolérance du côté adverse. Ils concluent : "La France a tout donné. Sur le papier, on aurait du gagner." La défaite a un goût amer : celui de ce seul point d'écart.
Emilie TON et Laure DELACLOCHE (www.lepetitjournal.com/cambodge) Lundi 24 octobre 2011