Au Cambodge, le problème de la consommation du plastique est évident dès que l’on sort des villes. Sacs plastiques dans les cours d’eau, décharges sauvages, amoncellements de détritus… Au-delà de l’impact négatif sur la beauté des paysages, la surconsommation et la mauvaise gestion du plastique posent de sérieux problèmes environnementaux et sanitaires. Retour sur cette problématique avec Plastic Free Cambodia, dont l’action vise à faire diminuer la consommation de plastique dans le Royaume.
“Le Cambodge souffre de la culture du take-away et d’un manque de gestion des déchets”, explique Charlotte Muckensturm, la coordinatrice de Plastic Free Cambodia à Phnom Penh. “Contrairement aux pays limitrophes, comme la Thaïlande ou le Vietnam, ici tout est jetable lorsque l’on commande de la nourriture dans la rue. Il y a aussi un gros problème lié aux compagnies de gestion des déchets. A Phnom Penh, Cintri a le monopole alors que le marché devrait être concurrentiel. De plus, il n’y a pas de recyclage au Cambodge, contrairement aux pays limitrophes.” A Phnom Penh uniquement, chaque habitant consomme en moyenne 2000 sacs en plastique par an, soit 10 fois plus que dans l’Union européenne, selon une étude de l’ONG italienne ACRA publiée en 2015
Un enjeu de santé publique
Pour Plastic Free Cambodia, la surconsommation de plastique représente un véritable enjeu de santé publique dans le pays. Les barquettes, dans lesquelles sont distribués les repas, sont généralement faites en styrofoam, un dérivé du polystyrène contenant des substances cancérigènes, qui s’immiscent dans la nourriture. Dans les campagnes - où vit 80% de la population cambodgienne - les déchets plastiques sont généralement brûlés et dégagent ainsi des fumées toxiques. Or ce sont souvent les plus vulnérables - personnes âgées, femmes enceintes - qui sont préposés à cette tâche.
L’action de Plastic Free Cambodia a commencé en 2014, lorsque Sarah Rhodes, une Australienne installée à Siem Reap, a organisé le “Plastic Free July Challenge”, qui consiste à réduire ou supprimer son utilisation de plastique pendant un mois. L’organisation, qui a désormais des antennes à Phnom Penh, Battambang, Siem Reap et Kampot, s’est depuis concentrée sur les actions d’éducation en organisant des ateliers dans des écoles, restaurants et hôtels, et plus récemment des entreprises. L’ONG travaille aussi sur la création d’un label ‘plastic free’ pour les cafés et restaurants.
Des gestes simples à adopter
Au quotidien, plusieurs réflexes peuvent être adoptés. “Toujours avoir un sac sur soi, privilégier la gourde en inox lorsque l’on sort, refuser poliment les sacs plastiques et pailles, préférer l’eau filtrée à l’eau en bouteille, donner les bouteilles en plastique aux chiffonniers qui les revendent à des centres de recyclage à l’étranger… autant de gestes qui contribuent à protéger l’environnement et à changer les habitudes”, note Charlotte Muckensturm.
Plastic Free Cambodia organisera des ateliers pendant six semaines dans le cadre de l’exposition Afloat, qui s’ouvrira le 29 novembre à l’hôtel/spa, Plantation à Phnom Penh.