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Onze mères porteuses cambodgiennes forcées de garder leurs bébés

femme enceinte femme enceinte
Femme enceinte. Crédit : Flickr, Marzia Bertelli
Écrit par Marion Joubert
Publié le 22 mai 2019, mis à jour le 23 mai 2019

Accusées de trafic d’êtres humains, onze mères porteuses cambodgiennes ont été libérées le 15 mai dernier sous la promesse de ne pas vendre les enfants dont elles vont accoucher.

Les identités des personnes pour lesquels elles avaient porté ces bébés restent inconnues. Les techniques de gestation pour autrui (GPA) employées ne sont pas dévoilées, on ne sait donc pas si les bébés sont liés génétiquement aux mères biologiques. Ces femmes cambodgiennes peuvent en effet porter l’embryon fécondé d’un autre couple. Dans ce cas, l’ovule n’est pas issu de la mère porteuse.

Le Cambodge condamne le recours à la GPA à des fins commerciales depuis 2016, à la suite de son interdiction en Thaïlande. Une nouvelle loi qui s'explique par le dévoilement de nombreux scandales tel que l’affaire Gammy. Des parents australiens avaient eu recours aux services d’une mère porteuse thaïlandaise et auraient refusé de prendre le petit garçon, né trisomique. Toutefois, malgré l’interdiction, la pratique clandestine des mères porteuses persiste. Au Cambodge, la demande de GPA émane très largement de la classe moyenne émergente chinoise. Bien qu'elles soient désormais autorisées à avoir un deuxième enfant depuis l'abolition de la règle de l'enfant unique en 2015, nombre de femmes chinoises sont trop âgées pour tomber enceinte.

Selon l’AFP, si ces onze femmes arrêtées ne tiennent pas leurs promesses, elles risquent jusqu’à 15 ans de prison. Les intermédiaires qui font le lien entre ces femmes et les parents demandeurs pourraient faire l'objet d'une peine de six mois seulement derrière les barreaux.

Sam Everingham, fondateur de l'ONG Families Through Surrogacy, considère qu'arrêter les jeunes femmes est cruel car « elles sont simplement victimes des agents peu scrupuleux qui les recrutent ».

Pour lui, la place des enfants ne devrait pas être auprès des jeunes femmes qui n'ont pas les moyens de les élever mais au sein des familles demandeuses. « Il est scandaleux de voir le gouvernement cambodgien classer la gestation pour autrui dans la traite des êtres humains », martèle-t-il.

Si la GPA peut être perçu comme un droit à avoir un enfant et à disposer de son corps, les dérives liées à cette pratique l’assimilent aussi à une forme d’exploitation. D’après une publication de l’université de Yale datant de 2014,  « la popularité croissante de la GPA conduit à l'apparition de courtiers en ligne avec des intentions malveillantes, de cliniques privées douteuses, à un marché clandestin où les abus sont monnaie courante ».

photo cv annecy
Publié le 22 mai 2019, mis à jour le 23 mai 2019

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