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La terre livre ses secrets concernant l’abandon d’Angkor

AngkorAngkor
Crédits : Pierre Motin / Lepetitjournal.com Cambodge
Écrit par Pierre Motin
Publié le 27 février 2019, mis à jour le 1 mars 2019

En analysant le sol d’Angkor, une équipe d’archéologues australiens et cambodgiens ont établi que l’abandon de la cité a été progressif, débutant plus d’un siècle avant le sac de la ville en 1431.

Selon une étude publiée le 25 février par une équipe internationale d’archéologues australiens et cambodgiens dans les compte-rendus de l'Académie nationale des sciences américaine (PNAS), l’abandon d’Angkor au 15e siècle a fait suite à un déclin de l’utilisation des terres tout au long du 14e siècle, et non à une chute démographique brutale. Ces résultats ont été obtenus par l’analyse d’une carotte de 70 cm de sédiments prélevée dans le centre de la cité d’Angkor. Les conclusions de l’étude vont à l’encontre d’une des explications traditionnelles de la chute de l’empire khmer, qui met en avant le sac de la ville par Ayutthaya en 1431. Cette découverte implique une transformation plus longue et complexe, le déclin de l’utilisation des terres ayant commencé plus d’un siècle avant cette intervention étrangère.

De nombreuses théories ont été émises par les archéologues pour expliquer l’abandon d’Angkor au 15e siècle. Implosion du contrôle étatique dans la capitale, invasion étrangère, détérioration du système d’irrigation et dégradation de l’environnement due à la déforestation, crise socio-économique liée aux très nombreuses constructions menées sous le règne de Jayavarman VII, épidémies… En l’état actuel des recherches archéologiques, aucune de ces explications n’a été décisive pour percer le mystère de l’abandon d’Angkor.

En analysant les différentes strates de sédiments, les archéologues ont montré qu’à partir du 14e siècle l’érosion du sol avait diminué, la végétation était moins perturbée et moins de bois était brûlé, autant d’indices montrant que la gestion du sol avait cessé. A la fin du 14e siècle, les douves au sud d’Angkor Thom - le centre politique et économique de la capitale - n’étaient plus utilisées. Les chercheurs estiment que les élites politiques, religieuses et commerciales avaient donc quitté la cité progressivement, probablement pour s’établir plus près du delta du Mékong. Les infrastructures liées à l’eau auraient donc périclité - peut-être faute de maintenance et de réparation - parce que les élites urbaines étaient déjà parties, et non l’inverse. Les archéologues soulignent que ces conclusions jettent un éclairage différent sur l’occupation de la ville par Ayutthaya à partir de 1431 ainsi que sur les récits cambodgiens qui mettent en relief la perte d’Angkor aux mains d’Etats voisins interventionnistes.

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Publié le 27 février 2019, mis à jour le 1 mars 2019

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