Médias locaux, internationaux, réseaux sociaux, impossible de ne pas savoir qu'avait lieu cette semaine au Cambodge la première mondiale de « First they kill my father » le dernier film d'Angelina Jolie. Le Petit Journal publie le billet de Sok Visal, figure du paysage audiovisuel et musical du royaume.
.« First they kill my father » est encore un film sur les Khmer Rouges ... ». Devrions-nous en être lassés ? Je pense que nous ne devrions pas. FTKMF n'est pas un film sur les Khmers rouges, c'est l'histoire d'une famille prise dans une guerre et un génocide, avec toutes les souffrances que cela implique. Une petite fille et quelques-uns de ses frères et s?urs parviennent à survivre.
C'est un film sur le pouvoir de la résistance, de l'espoir et de la force de la nation. C'est le plus beau cadeau qu'Angelina Jolie a fait au Cambodge : il rappellera au monde le génocide cambodgien. Il rappellera également au monde les centaines de milliers d'autres familles et enfants qui vivent la même chose en ce moment sur une autre partie du globe.
Mettre fin au silence entre les générations
Plus important encore, il pourrait mettre fin au silence entre les générations qui ont vécu ces horreurs et demeurent silencieux sur la question et les nouvelles générations qui n'en ont jamais entendu parler.
J'ai amené mes deux plus grands enfants le regarder, et ils m'ont posé des questions tout au long. Ils ont enfin été témoins de ce pan d'histoire de leur pays, de leur peuple, dont ils ne connaissaient pas l'existence.
Ma génération a eu « The Killing Fields » mais c'est sorti trop tôt (ou trop tard) pour créer un quelconque effet positif.
Cette génération avait besoin d'un film sur le génocide qui leur apprendrait la cruauté de la guerre, de la politique et de certaines personnes, ses effets sur les familles et enfants. FTKMF est le film pour cette jeune génération, pour qu'ils soient au courant et n'oublient pas.
Le film est bien fait, raconté à travers les yeux d'un enfant, dirigé et produit par une superstar mondiale et icône qui a le pouvoir de dire et faire ce qu'elle veut, à travers le prisme de ses fans qui la suivent par centaines millions.
Cette histoire du peuple cambodgien va enfin être entendue, et sera regardée partout dans le monde. Mais la plus belle victoire, c'est que des enfants cambodgiens, quelque part dans le pays, après avoir regardé le film vont commencer à questionner leurs parents ou grands-parents, et les aînés pourraient enfin commencer à parler.
Sok Visal (www.lepetitjournal.com/cambodge), jeudi 23 février 2017