Le Ballet Royal fait partie de ces institutions qui assurent le rayonnement international du Cambodge. Hérité d'une tradition ancestrale, il revit aujourd'hui, sous la direction de Son Altesse Royale la Princesse Bopha Devi. Retour sur cet élément majeur du patrimoine cambodgien
Voilà près de mille ans que le Cambodge perpétue la tradition de son Ballet Royal. Hérité de l'époque Angkorienne, il a traversé toutes les époques de l'Histoire du pays.
Ce qui était alors des danses vouées aux dieux a perdu de sa sacralité. Les chorégraphies d'aujourd'hui sont là pour rappeler l'âge d'or d'un royaume qui étendait son empire sur une grande partie de l'Asie. A cette époque, Angkor était une cité gigantesque vivant au gré des fastes de la cour et de la dévotion religieuse.
Longtemps resté cantonné aux limites du pays et de la cour du roi, le Ballet Royal s'exporte pour la première fois en 1906. C'est à l'occasion de l'exposition coloniale de Marseille que l'occident découvre ce pan de la culture khmère jusque là inconnu.
Depuis une cinquantaine d'années, le Ballet Royal du Cambodge est sujet à une cure de jouvence. Son Altesse Royale la Princesse Norodom Bopha Devi, fille du Roi Norodom Sihanouk, ancienne danseuse apsara depuis son plus jeune âge, est à la tête de l'institution. En 2003, alors qu'elle était ministre de la Culture et des Beaux Arts, elle a l'inscription du Ballet comme "Chef d'?uvre du patrimoine oral et immatériel de l'Humanité" auprès de l'UNESCO.
Rigueur et légèreté : une technique de danse unique
Les danseuses du Ballet Royal sont un vrai modèle de finesse et de raffinement. Elles sont recrutées à partir de six ans en fonction de plusieurs critères très particuliers. S'en suivent plusieurs années d'apprentissage des techniques de danse khmère. Ces jeunes filles doivent faire preuve d'une rigueur sans faille pour pouvoir intégrer le Ballet. Un grand travail physique est demandé, de gros efforts de souplesse. Il faut pouvoir exécuter les chorégraphies qui exigent souvent des positions particulièrement complexes. Les costumes sont travaillés par la Princesse assistée d'un styliste cambodgien. C'est elle qui crée aussi les chorégraphies. Tout se fait dans le respect de la tradition ancestrale bien que des éléments soient modernisés. Le Ballet veut coller à son temps, tout en gardant son essence originelle.
Une vitrine de la culture Cambodgienne à travers le monde
Depuis plusieurs années maintenant, le souhait du Ballet Royal du Cambodge est de s'exporter."Notre objectif est de permettre au Ballet de se déplacer. Nous voulons faire partager notre héritage culturel en dehors de nos frontières" explique le Prince Sisowath Tesso, assistant particulier de la Princesse Bopha Devi.
En juin dernier, toute la troupe s'est produite lors du Festival International des Musiques Sacrées de Fès. Au mois de novembre prochain, le Ballet prendra la direction de l'Europe. Une série de dates est prévue en Belgique et en France, avec notamment deux représentations à la Salle Pleyel, à Paris, le 10 Octobre.
"La modernisation et l'exportation du ballet poursuit son cours. Cependant, tout cela se fait sans le dénaturer. Nous veillons toujours à ce qu'il reste fidèle à ses racines" ajoute le Prince Tesso. La protection de l'UNESCO aide beaucoup à la préservation de cette partie du patrimoine culturel. Aussi, la famille royale s'étant éloignée du monde politique, elle se consacre désormais à des missions culturelles. La Princesse a créé une fondation pour donner un nouveau coup de pousse au sauvetage de ce patrimoine : la Fondation Neak Moneang Phat Kanhol.
Le Ballet Royal est un héritage culturel oral, visuel. "C'est pour nous un devoir de le transmettre à notre peuple, mais aussi aux populations d'ailleurs" conclut le Prince Tesso. Ce travail de mémoire est maintenant engagé. Le but est que le maximum de générations futures puissent en profiter.
Lucas Lahargoue (www.lepetitjournal.com/cambodge.html) mercredi 25 août 2010
Les dates de la tournée européenne du Ballet Royal sur www.zamanproduction.com
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