Après plus d’an de frustration théâtrale pour cause de Covid, le public phnompenhois va pouvoir se régaler avec la Cantatrice Chauve de Ionesco jouée par la Troupe de Théâtre Francophone de Phnom Penh (TTFPP) et mise en scène par Nathanaël Maïni. les 9, 10 et 11 décembre à IKIGAI à Phnom Penh.
Pièce iconique de Ionesco, monument du théâtre de l’absurde, la Cantatrice Chauve est devenue un classique. Elle est jouée sans interruption au théâtre de la Huchette à Paris depuis 1957.
On dit que, pour l’écrire, son auteur se serait inspiré des dialogues de la méthode Assimil, alors qu’il était en train d’apprendre l’anglais. Pièce d’environ une heure, elle ne peut pas laisser le spectateur indifférent.
Impatient de voir les rampes de la scène phnompenhoise s’illuminer de nouveau, lepetitjournal.com est allé à la rencontre de la troupe et de son metteur en scène, Nathanaël Maïni
Nathanaël est pratiquement tombé dans la littérature quand il était petit. En effet, ses parents possédaient une librairie en Corse. Déterminé, à seulement 15 ans il quitta le giron familial pour aller suivre les cours du conservatoire d’Avignon. À19 ans, il se retrouva à Paris avec la double casquette de comédien et d’assistant à la mise en scène de Louis-Do de Lencquesaing. Aujourd’hui il enchaîne les rôles au théâtre au cinéma et à la télévision. Il est également metteur en scène et professeur de théâtre.
Nathanaël d’où est venue cette vocation pour le théâtre et le métier d’acteur ?
Le fait d’avoir grandi dans la librairie familiale a certainement nourri mon amour pour les textes. Mais c’est à l’âge de seize ans, initié par des professeurs passionnés au Conservatoire d’Avignon, que j’ai aimé apprendre à raconter des histoires et que j’ai connu les premiers vertiges de la scène. J’ai pris alors conscience que le théâtre était né pour nous divertir mais aussi et surtout pour nous interroger sur la condition humaine et sur la société. Au fil des rencontres et de ma formation, j’ai ressenti que cet espace de création serait le lieu de mon épanouissement.
Comment s’est faite la rencontre avec la TTFPP ?
Durant le premier trimestre de l’année 2020, j’ai co-animé un atelier théâtre à Phnom Penh avec David Brunier. C’est à la sortie d’une de nos représentations que la Troupe de Théâtre Francophone de Phnom Penh est venue à ma rencontre. J’ai tout de suite eu le désir de travailler avec cette troupe : une famille artistique soudée, bienveillante et enthousiaste. Avec la mise en scène de la Cantatrice chauve en 2021, nous scellons notre première collaboration.
Pourquoi avoir choisi La Cantatrice chauve ? Dans quelles conditions se sont passées les répétitions.
Le choix de la pièce est à la fois important et délicat. Je recherchais une pièce sur mesure en termes de distribution, qui réponde aux aspirations des comédiens, aux miennes, et en gardant aussi et surtout pour objectif de captiver et interroger le public Phnompenhois d’aujourd’hui.
L’univers absurde de Ionesco s’est imposé dans un contexte international bouleversé, la crise marquant une rupture qui nous impose le changement des codes et des conventions. Libérée de tout académisme La Cantatrice chauve est alors apparue comme une évidence.
Nous avons la chance de répéter dans les locaux du SIPAR, un endroit vraiment propice à la création. Le rythme des répétitions est soutenu et l’engagement de la TTFPP permet une création exigeante.
Comment se passe l’alchimie entre un metteur professionnel et une troupe amateur comme la TTFPP ?
Je rencontre une troupe qui a douze ans d’existence et plusieurs membres jouent ensemble depuis de nombreuses années. Avec leurs petites habitudes et leurs codes, certains se connaissent par cœur. Le travail peut commencer une fois la confiance réciproque gagnée. À moi de trouver ma place. En répétition, j’ai la même exigence avec les amateurs qu’avec les professionnels et je crois que c’est ce qu’ils attendent de moi. À quelques jours de notre première, je peux dire qu’en plus du plaisir de travailler ensemble, une très belle aventure humaine est en train de naître.
Quels sont vos projets pour la suite ?
J'ai espoir qu'une nouvelle collaboration avec la TTFPP puisse voir le jour. Le partage et la transmission me tiennent à cœur, aussi, je renouvelle cette année mon investissement auprès des plus jeunes au Lycée Descartes de Phnom Penh. Je souhaiterais tisser un fil d'ariane autour du théâtre et créer un pont entre le Cambodge et la France où je continue ma vie d’acteur, rythmée de tournages et de tournées.
Laissons le mot de la fin à Emmanuel Drouhin, membre de la troupe :
Quelques jours avant la première nous sommes là où le théâtre nous emporte, ni trop près ni trop loin du public, mais juste avec lui dans cette attente suspendue où l'acteur et l'actrice jouissent de monter sur scène et d'embrasser leur rôle.
Les reservations peuvent se faire en suivant ce lien : La Cantatrice chauve à Phnom Penh.