Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

10 militants écologistes condamnés pour complot au Cambodge

Le tribunal de Phnom Penh à condamné mardi dix militants de l’association Mother Nature Cambodia à des peines allant de six à huit ans de prison. Accusés de complot contre l’Etat, tous ont plaidé non-coupable.

CamboJA news, sortie de procèsCamboJA news, sortie de procès
Source : CamboJA news
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 4 juillet 2024

« Aujourd’hui, le tribunal a décidé que les jeunes militants qui luttent pour la protection de l’environnement agissent contre l’Etat » a déclaré Am Sam Ath, de la Ligue cambodgienne de défense des droits de l’homme (Licadho), dans un entretien avec l’AFP. Selon lui, « c’est incroyable que les autorités cambodgiennes condamnent des jeunes activistes qui défendent l’eau potable à Phnom Penh, protègent les forêts de mangroves à Koh Rong et mettent en garde contre la privatisation des terres dans les zones protégées. »

Amnesty International a même déclaré que Mother Nature Cambodia était un groupe militant renommé qui avait attiré l'attention sur la dégradation de l'environnement, alimentée par « une corruption de longue date dans le pays ».
 

Mother Nature Cambodia au parquet de Phnom Penh

Son cofondateur, Alejandro Gonzalez-Davidson, ainsi que Sun Ratha et Yim Leanghy ont été condamnés à huit ans de prison et à une amende de 10 millions de riel, soit environs 2 500 dollars chacun, pour insulte au roi et complot, a déclaré le juge-président Ouk Reth Kunthea, qui a lu le verdict mardi. Sept autres accusés - Ly Chandaravuth, Thon Ratha, Long Kunthea, Phuon Keoreaksmey, Benh Piseth, Pork Khoeuy et Ray Raksa - purgeront une peine de six ans de prison pour complot. Aucune amende ne leur a  été imposée.

Le juge Reth Kunthea a prononcé une peine supplémentaire à l'encontre du ressortissant espagnol Alejandro Gonzalez-Davidson, lui interdisant d'entrer ou de séjourner au Cambodge. Il a également ordonné l'arrestation de tous les accusés.

« Nous avons arrêté cinq personnes à la suite de mandats d'arrêt », a déclaré Sam Vichhika, porte-parole du tribunal municipal de Phnom Penh, ajoutant qu'elles ont été envoyées à la prison de Prey Sar. Après le verdict, Ly Chandaravuth, Thon Ratha, Long Kunthea et Phuon Keoreaksmey ont été arrêtés à l'extérieur du tribunal, tandis que Yim Leanghy a été arrêté dans un autre endroit de la capitale après s'être enfui.

Selon CamboJA news, avant l'arrestation, les accusés et une cinquantaine de sympathisants se sont rendus au tribunal vêtus de tenues blanches et de bandeaux, et portaient des pancartes sur lesquelles était écrit « la justice est morte ». la marche était organisée de manière à ressembler à une cérémonie funéraire traditionnelle khmère.

CamboJA news
Source: CamboJa news

Un procès remis en question à l’international

L’ONG Human Rights Watch à dénoncé un procès qui tente de « museler les critiques des politiques gouvernementales. » Dans leur communiqué, ils insistent sur le travail de Mother Nature Cambodia, qui a « exposé la corruption dans la gestion des ressources naturelles au Cambodge »,  « notamment en lien avec la destruction des lacs à Phnom Penh au nom de l’extension urbaine ou l’exploitation forestière illégale » ajoute Le Figaro

Le Bureau des Nations Unies aux droit de l’homme s’est dit « très inquiet des condamnations et des lourdes peines », tandis qu’Amnesty International a condamné le jugement et a appelé à la libération des militants. « La décision d’aujourd’hui est un nouveau coup dur pour la société civile au Cambodge » a estimé Montse Ferrer, d’Amnesty International, dans un communiqué. Selon lui, « le gouvernement montre une fois de plus qu’il ne tolère aucun désaccord ». 

Du côté européen, sur X (ancien Twitter), l’ambassadeur de l’Union Européenne au Cambodge Igor Driesmans s’est déclaré « profondément inquiet dans la persécution croissante et l’arrestation de défenseurs des droit humains au Cambodge. »

 

« Les poursuites judiciaires ne visent que des personnes qui ont commis des délits », a répondu à l’AFP un porte-parole du gouvernement, Pen Bona, réfutant toute allégation.

Le vice-Premier ministre et ministre de la Fonction publique, Hun Many, a déclaré que toute insulte au Roi, sous quelque forme ou image que ce soit, était une insulte au peuple et à la nation dans son ensemble, ce que la jeunesse cambodgienne ne peut pas accepter.

"En ce sens, maintenant et à l'avenir, j'appelle la prochaine génération du Cambodge à travailler ensemble pour protéger leur nation, leur peuple, leur religion et leur monarque", a-t-il publié sur Facebook le 3 juillet.

Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Touch Sokhak, a déclaré que le ministère respecterait toujours la loi et les décisions du tribunal.

"Je n'ai pas grand-chose à dire", a-t-il déclaré. "Le tribunal est indépendant et prend une décision conformément à la loi."

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions