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Caroline Baert, Française installée dans le Delta du Danube, en quête d'authenticité

Caroline Baert et Petre Vasiliu dans le Delta du DanubeCaroline Baert et Petre Vasiliu dans le Delta du Danube
Écrit par Grégory Rateau
Publié le 23 mai 2022, mis à jour le 23 mai 2022

Au cœur du Delta du Danube, sur les rives du bras Sulina, se cache Crisan, un petit village de pêcheur de 500 habitants. C'est ici qu'habite Caroline Baert, une Française qui est tombée amoureuse de la région en 2006 et a décidé de s'y installer. Avec Petre, son époux, ancien pêcheur professionnel, aujourd'hui guide diplômé et passionné d’ornithologie, ils ont ouvert un gîte familial qui accueille les touristes désireux de découvrir une Roumanie authentique. Rencontre...

 

 

Nous pratiquons ce que l’on appelle un tourisme de niche basé sur l’ornithologie et travaillons avec des clients très respectueux de la nature, mais malheureusement ce n’est pas toujours le cas dans le Delta.

 

Grégory Rateau: Pouvez-vous nous présenter votre parcours en quelques lignes?

Caroline Baert: Je viens du Nord de la France, de Lille, où j’ai fait des études de Droit, suivies d’un Master en coopération internationale. J’ai occupé des postes de chargée de mission pour des ONG ou des associations et j’ai également travaillé pour un cabinet de recrutement.

 

 

Quand et comment avez-vous décidé de vous installer dans le village de Crisan ?

J’ai décidé de m’installer à Crisan en 2006. Cela faisait déjà 2 ans que nous nous connaissions avec Petre, notre choix s’est porté sur Crisan plutôt que sur la France car mon mari adorait son métier et les possibilités étaient immenses. Avec un tout petit budget, nous avons pu créer notre petite affaire familiale. Le delta était encore très sauvage et le projet de créer notre  maison d’hôte m’a passionnée, on a pratiquement fait tout tous seuls. C’était un choix de vie, un peu comme aller élever des chèvres dans le Larzac, pour moi c'était normal. Tout n'a pas était facile mais, au final, le bilan est plutôt positif.
pelicans Delta du Danube
 

Vous avez eu un coup de coeur pour cet endroit...

Oui, je crois que l’on peut appeler cela un coup de cœur: jai adoré cette immense étendue d’eau, le calme et la beauté de la nature. Lorsque je montais dans le bateau ou lorsque nous partions en canoë, j’avais l’impression de donner du sens à ma vie…. J’aime aussi la simplicité de la vie au village qui se fait au rythme des saisons et sans faux semblants.

 

 

Comment avez-vous rencontré votre mari, Petre, avec qui vous tenez le gîte Pensiunea Vasiliu ?

J’ai rencontré Petre en 2004 lors de ma mission de volontariat à Tulcea. Un ami français était venu me voir et je cherchais un gîte dans le Delta avec, si possible, une sortie guidée en bateau. Et voilà, je suis tombée sur Petre. A l’époque il avait aménagé 2 chambres dans la maison de sa maman. Le reste a été une évidence… Nous avons maintenant un beau gîte et 2 superbes filles de 11 et 14 ans.

Gîte Pensiunea Vasiliu Crisan Delta du Danube

 

Comment s'est passée, au début, votre intégration dans le village?

Au début je ne parlais pas du tout le roumain, mais je me souviens que je disais « buna ziua » à tout le monde. Je n’ai eu aucun problème d’intégration car mon mari est une personne très appréciée au village. Petit à petit, j’ai pris mes marques, j’ai appris le métier de guide et celui de gérant d’une maison d’hôte. 

 

 

Crisan se trouve à 49km de Tulcea et est accessible uniquement par bateau. Quelles sont les principales difficultés dans le fait de vivre dans un lieu aussi isolé ?

Ce n’est pas toujours facile de vivre loin de tout, il y a d’abord le problème d’approvisionnement, il faut avoir de bons bras pour tout porter depuis Tulcea. La construction du gîte a été aussi très sportive. Pour les anciens, le plus difficile est le manque d’accès aux services médicaux. Nous avons un dispensaire au village mais pour le reste nous devons nous rendre en bateau à Tulcea. Et puis l’hiver, la vie est rude au village.

oiseau Delta du Danube

 

Votre gîte existe depuis une dizaine d'années, avez-vous remarqué une évolution dans le type de touristes qui y viennent ?

Nous pratiquons ce que l’on appelle un tourisme de niche basé sur l’ornithologie et travaillons avec des clients très respectueux de la nature, mais, malheureusement, ce n’est pas toujours le cas dans le Delta. Il y a de plus en plus de bateaux rapides et des excursions express. En une journée, on vous propose de visiter Mila 23, Letea et Sulina! C’est très polluant et au final tu ne vois rien du tout. Il y a aussi de plus en plus de bateaux de croisière et de complexes de luxe.

 

 

En quoi la pandémie a-t-elle affecté vos activités ?

Cette période a été très difficile pour nous dans le sens où nous travaillons principalement avec des agences ou des clients venus de France, Belgique, Allemagne…. Nous avons malheureusement dû renoncer à nos employés et nous nous sommes concentrés, avec l’aide d’un ami, sur l’amélioration de notre gîte. Désormais, c’est la guerre en Ukraine qui fait peur à nos clients…

nénuphar delta du Danube

 

Quelles sont les perspectives actuelles pour le tourisme dans la région du Delta du Danube ?

Il y a une véritable attraction touristique pour le Delta et les potentialités sont immenses. Mais c’est avant tout une réserve. Nous militons pour un tourisme lent et responsable avec tout le confort moderne sans aller au-delà.

 

 

Vous vivez au rythme des saisons et au contact permanent de la nature. Avez-vous remarqué les effets du changement climatique dans votre région ?

Même si nous habitons au bord de l’eau, nous faisons face à une forte sècheresse, le niveau du Danube est très bas pour la saison et cela affecte principalement nos pêcheurs qui ont de plus en plus de difficultés à attraper du poisson. Il y a aussi moins de limicoles sur les berges qui sont trop sèches. L’automne est de plus en plus long en Roumanie et nous constatons une migration plus tardive de nombreuses espèces.

 

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