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AMOUREUX DE LA ROUMANIE - Catherine Rousseau

Catherine Rousseau passion RoumanieCatherine Rousseau passion Roumanie
l'équipe du Comité de Jumelage de Carquefou en Loire-Atlantique, Catherine Rousseau à droite
Écrit par Grégory Rateau
Publié le 29 juin 2020, mis à jour le 29 juin 2020

Aujourd'hui, notre rédaction souhaite donner la parole à ceux et celles qui font découvrir la Roumanie à l'étranger. Catherine Rousseau, vice-présidente infatigable du Comité de Jumelage de Carquefou en Loire-Atlantique, ville jumelée avec Racovita, fait justement partie de ces personnes qui n'ont de cesse de promouvoir la culture roumaine. Elle nous parle aujourd'hui au nom des membres de son association.

 

 

Grégory Rateau : Comment est née votre passion pour la Roumanie ?

Catherine Rousseau : Linguiste de formation et formée au commerce international (Maîtrise LEA + IAE Nantes) j’ai toujours été attirée/motivée par la connaissance des langues et des cultures étrangères avec un net tropisme pour l’Europe du nord et de l’Est. J’ai pu le confirmer à travers l’expérience professionnelle d’une dizaine d’années notamment dans l’exportation de bateaux de plaisance en Europe et sur le continent nord-américain, avant de me reconvertir dans la formation (aux métiers de l’export en particulier puis les langues et le marketing). En 2014, la rencontre avec la Présidente du Comité de Jumelage de Carquefou (au nord de Nantes, en Loire-Atlantique) grâce au programme Leonardo da Vinci (aujourd’hui appelé Erasmus +), qui réunissait nos établissements de formation, m’a permis de partir en Roumanie pour laquelle je nourrissais une certaine curiosité. J’y allais aussi pouvoir voyager comme j’aime le faire : partager le quotidien des habitants en logeant dans une famille.      

 

Aviez-vous des a priori sur la Roumanie, sur les Roumains ?

Oui, enfin, je veux dire que j’avais conscience de l’image plutôt négative des Roumains et en même temps je savais qu’il y avait une amitié très ancienne entre nos deux pays, latins tous les deux (on croit toujours que la Roumanie est un pays slave, eh bien non c’est notre sœur latine au cœur des Balkans !).  
Non, je n’avais pas d’a priori car quand on est responsable des mobilités d’élèves au sein d’un établissement d’enseignement, la première tâche est de faire réfléchir les jeunes sur les préjugés que l’on peut avoir et comment on peut leur tordre le cou ! Les Carpates et la Transylvanie ajoutaient complètement au charme de la découverte : c’est l’effet Jules Verne, né à Nantes et qui a appris à naviguer… sur l’Erdre à Carquefou ! C’est donc plutôt « candide » et prête à tout recevoir, que j’ai abordé ce premier voyage.  

 

Qu'est-ce qui vous a le plus marqué sur place ?

Je suis d’abord « tombée en amour » avec les habitants à travers notamment « ma » famille, David et Elena, qui m’avaient accueillie. Quelle hospitalité! On peut en prendre de la graine, nous ici ! Notre commune jumelle, Racovita, à 27 km au sud-est de Sibiu est une commune typiquement rurale de 3000 habitants. En 2014, on constatait de visu un gros décalage de niveau de vie avec la France, dans les infrastructures du village comme les chaussées, les équipements municipaux, les évacuations. Les petits agriculteurs coupaient le maïs à la faux toute la journée sous la chaleur et rentraient la récolte avec la charrette tirée par le cheval familial, chose que l’on voit beaucoup moins aujourd’hui. David m’a démontré l’importance de cette plante vivrière, le maïs, qui nourrit les animaux et la famille, pour préparer la « mamaliga » c’est-à-dire la polenta qui sera enrichie du fromage de vache fabriqué maison. Nous ne parlions pas de langue commune mais il m’a montré les différentes étapes avec les petites machines à sa disposition pour passer de la fusée de maïs à la farine en passant par l’eau du puits : un grand moment ! Ce fut un bain de « vrai bon sens paysan ». J'ai aussi été surprise par l’emprise de l’Eglise orthodoxe qui est très forte, comme l’était l’Eglise catholique sans doute dans les années 50, 60.
 

 

Parlez-nous un peu du travail effectué dans le cadre du Comité de jumelage dont vous vous occupez.

Le « Comité » a succédé en 2001 à une première association à but strictement humanitaire créée par nos aînés en 1989 suite à la menace de Ceauscescu de rayer certains villages de la carte. La mission du Comité est devenue plutôt culturelle même si l’aide matérielle est encore présente selon les besoins, car l’entrée de la Roumanie dans l’Union européenne ne fait pas tout non plus. L’objectif est de mieux « se connaître » au sein de la communauté européenne, sous des aspects très divers et complémentaires. Le Président du Comité et moi-même, qui suis vice-présidente, avons réaffirmé la stratégie qui est de continuer à faire connaître la Roumanie en général et notre commune jumelle aux Carquefoliens. Carquefou est une magnifique commune verte de 19 000 habitants, 800 entreprises, des habitants habitués à voyager au bout du monde pour une bonne part alors pourquoi s’intéresser à Racovita ? Tout simplement, parce que ses habitants savent bien vivre, avec moins de moyens. De plus, la Roumanie est un terreau pour l’innovation et elle a plein de choses à nous apprendre : comment maintenir vivantes des traditions au quotidien et une qualité de vie.

 

Justement, comment faites-vous pour promouvoir ce pays méconnu, qu'est la Roumanie, auprès de la jeunesse française ?

En parlant vrai sur le territoire aux différents publics !  Ce serait facile d’émouvoir les gens avec de belles images de paysages à couper le souffle, de lieux paradisiaques, de châteaux mythiques, ...Oui, la Roumanie c’est bien tout cela et tellement d’autres choses.

Ce n’est pas non plus le monde des « bisounours » : il y a le problème crucial de la déforestation, avec les ours qui viennent vous manger dans la main, la mafia environnementale, les Rroms,... Sur ce dernier sujet par exemple on a organisé une table ronde pour au moins savoir de quoi on parle, qui sont les Rroms ?

Sensibiliser les jeunes est essentiel pour changer l’image de ce pays à l’avenir :  on encourage tous les ans les jeunes en formation en Maison Familiale Rurale de Carquefou à aller travailler un mois en stage Erasmus chez des agriculteurs de Racovita, on a accordé une bourse de 300 euros à deux jeunes BTS pour une mission d’information dans notre commune jumelle. Rien de tel que de vivre immergé dans le milieu.

On a rassemblé les 60 musiciens de l’OSUN (orchestre symphonique universitaire de Nantes) pour venir jouer bénévolement dans l’Eglise de Carquefou quelques danses roumaines de Bartok : ils étaient très fiers de jouer pour le Comité et on compte bien remettre ça ! En 2014, nous sommes partis avec un groupe de musiciens de l’Ecole municipale de musique de Carquefou et nous collaborons toujours avec elle ! 

 

Qu'est-ce que vous proposez concrètement pour faire évoluer le regard des Français sur les Roumains?

Le bon sens et les 5 sens !  Le bon sens : finalement la Roumanie est partout autour de nous ici, il suffit de bien regarder, de décrypter notre environnement et les 5 sens seront comblés ! Voici la grille de lecture que je vous propose :

Pour la vue : montrons de la peinture. Nous avons un merveilleux Musée d’Art moderne et Contemporain aux Sables d’Olonne (une heure de route) où il y a une magnifique collection du peintre Victor Brauner avec une trentaine de toiles.
Retournons à l’Atelier Brancusi, sculpteur, à côté du Centre Pompidou.

L’ouïe : remettons l’OSUN avec Iacob Macuica comme violon soliste dans l’Eglise ou bien avec le cymbalum de  Mihaï Trestian  et son « Petit Mish Mash » à l’auditorium de l’école de musique… et là tout le monde est conquis !

Le toucher : on vous attend pour participer en mars prochain à l’atelier « œufs peints de Pâques » avec Viorica Semeniuc qui vient spécialement de la région de Suceava.

Le goût et l’odorat : on vous attend samedi 10 heures pour notre atelier culinaire rituel chaque début d’été pour préparer le caviar d’aubergine (17 kg à griller sur le bbq) : on prépare nos conserves pour tous nos pots de l’amitié de cet hiver comme nos amis à Racovita ! On sait que cuisiner et partager la gastronomie est une langue universelle !

C’est simple et ça fonctionne comme le colibri cher au penseur-jardinier Pierre Rabhi : chaque petite part que chacun fait dans son petit domaine a son importance !

 

Un nouveau projet d'échange, de voyage à venir après cette crise sanitaire ?

Mettre en relation une école de Carquefou avec l’école de Racovita « Scoala Gimnaziala Racovita». C’est chose faite depuis février avec le dépôt d’un dossier Erasmus + pour une mobilité de 3 enseignants français du collège privé Ste Anne, en collaboration avec le Comité de Jumelage. Ce dossier vient d’être validé, assorti d’une bourse européenne confortable. L’objectif est de bâtir les futurs projets d’échanges pédagogiques et que les classes ici et là-bas puissent travailler ensemble pour se connaître en tant que futurs citoyens européens.


 

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