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Au Liban, l’inquiétude grandit pour les Libanais et les Français

Depuis une semaine, les attaques et les explosions israéliennes se succèdent et s’intensifient au sud et à l’est du Liban ainsi que dans la capitale, Beyrouth. Le gouvernement Israélien a déclaré que des « frappes plus étendues et plus précises » vont toucher le pays. Entre inquiétude et solidarité, les Franco-libanais résidant au Liban doivent faire un choix : partir ou rester ? Reportage à Beyrouth.

Beyrouth et ses habitants en alerte reportage de Juliette VandestraeteBeyrouth et ses habitants en alerte reportage de Juliette Vandestraete
Écrit par Léa Degay et Juliette Vandestraete
Publié le 23 septembre 2024, mis à jour le 24 septembre 2024

 

 

Les dommages collatéraux sont nombreux, même des enfants comptent parmi les victimes.

 

Les attaques israéliennes, au cœur des discussions

 

Le 17 et 18 septembre 2024, des milliers d’appareils électroniques à travers le Liban explosent simultanément, tuant 42 personnes dont 12 civils et blessant 3.458 personnes, majoritairement civiles. Au total, près de 5000 bipeurs ont été piégés lors de leur fabrication. Quelques jours plus tard, le 20 septembre, une attaque ciblant Ibrahim Aqil, le chef de l’unité d’élite du Hezbollah, fait au moins 45 morts dont 31 civils comprenant des femmes et des enfants. Actuellement, 17 personnes sont toujours portées disparues dans les décombres de l’attaque. 

Lundi 23 septembre la situation a de nouveau empiré. L’armée israélienne a lancé des centaines et des centaines de frappes sur le sud et l’est du Liban ainsi que dans la banlieue sud de Beyrouth, dans le même quartier déjà frappé vendredi après-midi. En vingt-quatre heures, au moins 558 personnes ont été tuées, dont 50 enfants et 94 femmes, et plus de 1800 ont été blessées d’après le ministère de la Santé Libanais, faisant du 23 septembre 2024, le jour le plus meurtrier depuis l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 (235 morts et 6500 blessés). Un bilan qui pourrait encore s’alourdir dans les prochaines heures. 


 

Israël mène d'intenses frappes sur le Liban, des habitants appelés à évacuer

 

La semaine la plus meurtrière depuis le début de la guerre

 

Depuis une semaine, la population libanaise vit au rythme des sirènes d’ambulances et des informations en continu sur les chaînes de télévision. La situation qui se dégrade d'heure en heure est de toutes les conversations. “Nous vivons au rythme des informations et des fake news. Malheureusement, il y en a beaucoup, surtout sur les réseaux sociaux. Certains disaient que des centres et des hôpitaux allaient être bombardés, là où étaient hospitalisés certains membres du Hezbollah” confie Philippe, un franco-libanais installé depuis très longtemps à Beyrouth. Même s’il vit dans un quartier épargné de toute attaque pour l’instant, depuis les explosions des bipeurs, il n’exclut plus la possibilité de se retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Cela crée un sentiment d’anxiété générale et de paranoïa collective. Il ajoute que l’idée de quitter le pays ne lui est pas envisageable et que sa famille et lui sont bien ancrés au Liban. Et puis, le pays n’en est pas à sa première agression, d’après Arnaud, un français habitant à Beyrouth, certains territoires libanais subissent des représailles pour leur résistance face aux massacres infligés aux Palestiniens, à travers des assassinats, des frappes aériennes, et la menace perpétuelle d’une invasion. 

 

 

télévisions allumées partout au Liban, pays attaqué

 

 

L’idée de quitter le pays ne lui était déjà pas envisageable. "Ma famille est ici, je suis bien ancré."

 

Un élan de solidarité interconfessionnelle 

 

Depuis les premières attaques des 17 et 18 septembre 2024, la population libanaise se précipite dans les hôpitaux pour donner son sang. Mais avec les événements des dernières 24 heures, les élans de solidarité se sont multipliés à travers le pays. Les déplacés du Sud du Liban sont accueillis dans les églises, les mosquées, les écoles de toutes confessions confondues à travers les principales villes encore épargnées par les attaques israéliennes. Nombreux sont les restaurants et les stations services à proposer de la nourriture gratuitement pour les citoyens coincés dans les kilomètres d’embouteillages, tentant de fuir les zones bombardées. Sur les réseaux sociaux, les groupes d’entraide affluent et les propositions d’hébergements gratuits se multiplient. Les Libanais à l’étranger tentent de contribuer à leur échelle avec des collectes de médicaments, de vêtements et de denrées alimentaires. A l’intérieur du pays ou à l’étranger, le peuple libanais y va de sa petite contribution. 

 

Qu’en est-il des Français au Liban ? 

 

23.000 français installés au Liban se retrouvent face à un choix à faire : partir ou rester ? Si pour la majorité la question ne se pose pas parce que tous ceux qui voulaient partir l’ont déjà fait en 2019 au début de la crise financière ou à l’été 2020, suite à l’explosion au port de Beyrouth, la situation n’en reste pas moins compliquée. Sur le site de l’Ambassade française, les résidents sont appelés à redoubler de prudence et de vigilance, à s’informer régulièrement de la situation et à suivre les instructions des autorités locales. Pour l’instant, il reste encore des vols directs et avec escale pour la France mais la situation à l’aéroport reste incertaine et il est conseillé de vérifier les statuts de vols auprès des compagnies aériennes pour celles et ceux qui envisagent de retourner en France.

 

 

Chaque matin, nous espérons que cette journée soit calme et tranquille au Liban

 

 

Beyrouth en alerte d'attaques en septembre 2024

 

 

 

Une interrogation nuancée pour la population libanaise

 

Mais, pour les libanais et libanaises, la question qu’ils se posent est plus précise : partir, mais pour aller où ? Layla a beaucoup voyagé et elle aurait pu faire sa vie à l’étranger. Mais être loin de son pays et de ses proches est pour elle inimaginable. « En août 2020 lors de l’explosion du port de Beyrouth, j’étais au Sri Lanka. Ce fut terrible. Être à des milliers de kilomètres était pour moi pire que d’être sur place. J’avais peur pour mes proches, pour mes amis. Évidemment, nous voudrions vivre dans un lieu en paix mais encore plus dans un lieu avec notre peuple, notre culture, nos paysages, notre nourriture. C’est ici que nous nous sentons à la maison ».

 

 

Beyrouth en alerte d'attaques en septembre 2024

 

A Beyrouth, Léa Degay et Juliette Vandestraete

 

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