Le message du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères est sans équivoque depuis le 4 août 2024 : inviter les ressortissants français, en particulier ceux de passage, à prendre des dispositions pour quitter le Liban dès que possible. La raison ? Des risques d’escalade militaire au Proche-Orient, et un “contexte sécuritaire très volatil”
Les craintes d’un embrasement au Proche Orient sont de plus en plus grandes ces dernières semaines. A l’instar des Etats-Unis et du Royaume-Uni, la France a appelé ses ressortissants français “en particulier ceux de passage” à quitter le Liban dès que possible le 4 août 2024. 10 jours plus tard, le message est toujours diffusé sur France Diplomatie. Que pensent et ressentent les Français sur place, qui s’interrogent sans aucun doute sur la meilleure décision à prendre ? Nous avons rencontré Lucas Lamah, Ingénieur de formation, Conseiller des Français de l’Étranger pour le Liban et la Syrie, résident du Liban depuis 2009. Il nous partage son point de vue sur les mesures à prendre pour assurer la sécurité des ressortissants français.
« Pour les résidents, il s’agit d’une décision personnelle, liée à leur situation spécifique et à leur attachement au pays. Mais pour les visiteurs temporaires, je conseille vivement de ne pas prendre de risques inutiles et de partir tant que des vols commerciaux restent disponibles »,
Une situation de plus en plus tendue au Liban depuis fin juillet 2024
Depuis le décès d’un des plus hauts responsables militaires libanais pro-iranien Fouad Chokr en banlieue de Beyrouth par l’Etat Hébreu, la tension monte. Le 6 août 2024, le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, promet de riposter. La guerre pourrait donc s’étendre au-delà des frontières… Selon Lucas Lamah, la situation au Liban est délicate, mais il insiste sur le fait que « la priorité doit être la sécurité de nos compatriotes. » Il recommande vivement aux Français de passage au Liban de quitter le pays dès que possible. « Nous faisons face à un risque d’escalade militaire dans la région. En cas de conflit, il pourrait devenir très difficile, voire impossible, de quitter le Liban » nous explique-t-il.
Cette recommandation est d’autant plus importante pour ceux qui ne sont que de passage. « Pour les résidents, il s’agit d’une décision personnelle, liée à leur situation spécifique et à leur attachement au pays. Mais pour les visiteurs temporaires, je conseille vivement de ne pas prendre de risques inutiles et de partir tant que des vols commerciaux restent disponibles », souligne-t-il.
« la vie au Liban semble se dérouler normalement. Les cafés sont pleins, les plages sont bondées, et les restaurants affichent complet. »
Pourtant, la vie au Liban semble continuer son cours
Malgré ces avertissements du ministère depuis le 4 août, Lucas Lamah note que « la vie au Liban semble se dérouler normalement. Les cafés sont pleins, les plages sont bondées, et les restaurants affichent complet. » Toutefois, il met en garde contre cette apparence trompeuse. « Ce n’est pas parce que la situation semble calme en surface qu’il faut ignorer les risques. Le Liban a souvent connu des périodes de tensions latentes, où tout peut basculer très rapidement. », faisant référence peut-être à l’envahissement de Beyrouth en 1982 par Israël ou la guerre des 33 jours durant l’été 2006.
Cette situation crée une forme d’ambiguïté. « Les résidents sont habitués à cette réalité. Ils savent que le calme apparent peut être trompeur. Mais pour les Français de passage, cela peut être déroutant. Ils se demandent s’ils peuvent rester ou s’ils doivent partir. Mon conseil est simple : il vaut mieux partir maintenant, tant que c’est encore possible », recommande-t-il.
“Seule la compagnie nationale libanaise, MEA, maintient ses vols vers la France”
Grande préoccupation légitime des Français sur place, la disponibilité des vols : « Actuellement, seule la compagnie nationale libanaise, MEA, maintient ses vols vers la France. En revanche, le groupe Air France, qui inclut Air France et Transavia, a suspendu ses liaisons jusqu’au 15 août », indique Lucas Lamah, une information confirmée par la compagnie à l’AFP lundi 12 août. Les vols sont suspendus depuis le 29 juillet 2024. Interrogé sur la position du gouvernement français, Lucas Lamah explique que « pour l’instant, aucune opération d’évacuation n’est prévue, tant que l’aéroport de Beyrouth reste opérationnel. Le gouvernement français mise sur les moyens commerciaux pour permettre aux Français de quitter le pays, mais cela dépend de la disponibilité des vols. »
« cette suspension des vols augmente l’anxiété des Français de passage, qui ne savent pas s’ils pourront quitter le pays en temps voulu. »
Le Conseiller profite de notre entretien pour appeler l’État français à intervenir : « Il est essentiel que le gouvernement prenne des mesures pour que le groupe Air France puisse reprendre ses vols vers le Liban. Cette reprise est cruciale pour assurer la sécurité de nos compatriotes et leur permettre de rentrer en France en toute sécurité. » Il ajoute que « cette suspension des vols augmente l’anxiété des Français de passage, qui ne savent pas s’ils pourront quitter le pays en temps voulu. »
« Pour beaucoup, le Liban est devenu un foyer, et quitter ce pays, c’est abandonner un mode de vie, des relations, une communauté. »
Et pour les résidents Français du Liban ?
Pour les Français résidant au Liban, la situation est aussi complexe « bien que le message du ministère soit principalement destiné aux visiteurs temporaires, les résidents doivent également rester vigilants. » Il reconnaît que quitter le Liban n’est pas une décision facile pour ceux qui y ont construit leur vie, comme lui qui y réside depuis 2009 : « Pour beaucoup, le Liban est devenu un foyer, et quitter ce pays, c’est abandonner un mode de vie, des relations, une communauté. »
Pourquoi faut-il absolument vous inscrire sur le registre des Français de l'étranger?
Les résidents doivent donc rester informés et préparés à une escalade irréversible. France Diplomatie précise sur son site : “Sur place, les ressortissants français sont appelés à la plus grande vigilance, à s’inscrire sur le fil d’ARIANE et à consulter régulièrement le site internet du Consulat Général de France à Beyrouth” . Lucas Lamah reconnait que « ces outils sont essentiels pour que les autorités françaises puissent localiser et assister les ressortissants en cas de crise. S’inscrire permet de recevoir des informations actualisées et des conseils en temps réel, ce qui est crucial dans une situation comme celle-ci ». La démarche est rapide et très simple.
Sur le même sujet
L'annuaire 
