Dans la matinée du vendredi 9 octobre, plus de 1500 policiers allemands se sont rendus à « Liebig34 », un lieu alternatif anarcho-queer-féministe afin d’évacuer l’immeuble et les 40 personnes y habitant.
Appelé « Liebig34 » en raison de son emplacement au 34 de la Liebigstrasse à Berlin, le domaine était un « hausprojekt » (squat légalisé) dont le projet a vu le jour en 1990, suite à la réunification allemande. A l’origine, il s’agissait d’un lieu sûr pour femmes lesbiennes, puis au fil du temps l’endroit s’est ouvert aux personnes de « toutes les identités de genre, à l’exception des hommes cis. »
Refuge pour les personnes trans, féministes, LGBT et victimes de violences sexistes et sexuelles, on y trouvait également un bar qui permettait au collectif de récolter de l’argent afin de s’auto-gérer.
En 2008, le collectif souhaitait racheter le centre mais n’ayant pu trouver les fonds nécessaires, un contrat de bail de 10 ans a été négocié pour l'immeuble entier. Sauf que le nouveau propriétaire Gijora Padovicz a décidé de ne pas renouveler le contrat et a intenté un procès - remporté en 2019 - pour contraindre les militantes à quitter les lieux. Les raisons économiques de cette expulsion répondent à des logiques capitalistiques et des politiques de gentrification. En effet, l’homme est accusé de racheter moins cher des immeubles alternatifs après les avoir laissés se dégrader puis d’augmenter les loyers. Par ailleurs, son opposition politique au projet semble être également une des causes de son procès.
En réponse à cela, les militantes ainsi que des centaines de manifestants sont venus protester vendredi 9 octobre à 21 h à Monbijoupark. Sur le compte twitter de Liebig34, on peut lire : « vous ne pouvez pas expulser un mouvement. »
Si le départ des femmes du centre s’est fait dans le calme, la manifestation était plus violente, sous le slogan : « Défendre les espaces libres, rester à l'offensive. » Des militantes auraient été arrêtées et maintenues en garde à vue pendant plusieurs nuits.