Plusieurs milliers de personnes étaient descendues dans la rue en septembre dernier pour manifester contre la hausse du prix des loyers, la maire de Berlin a décidé d’en faire son cheval de bataille.
Retour sur la crise du logement à Berlin
Entre 2007 et 2019, la capitale allemande a vu les prix des loyers s’envoler de 85 %. Cette hausse importante ne passe pas auprès des habitants dont la part de locataires s’élève à 75 %. En 2020, pour limiter l’inflation du marché locatif, la « Mietendeckel gesetz » ou loi sur le plafonnement des loyers, est adoptée.
Le texte, présenté par une l’alliance SPD, die Linke, die Grünen, prévoit alors de geler les loyers pour 2 ans et de limiter leur augmentation pour les 3 années suivantes. Le dispositif, à la durée fixée à 5 ans, concerne 1,5 million de foyers soit tous les logements anciens du parc privé. Cette mesure doit permettre aux Berlinois et notamment aux jeunes d’accéder plus facilement au logement grâce à des prix qui restent accessibles.
Pourtant, en avril 2021, la Cour Constitutionnelle invalide la loi, car selon les juges, la législation sur les loyers doit être traitée à l’échelle fédérale. La ville de Berlin a donc outrepassé ses droits et la loi est jetée aux oubliettes. Le coup est rude pour les locataires qui sont descendus nombreux dans la rue à plusieurs reprises l’année dernière. Depuis, la question du logement est régulièrement abordée comme étant le défi majeur de la nouvelle coalition.
Pour Franziska Giffey, le logement est une priorité
« La grande question sociale de notre ville, et nous le savons tous, est celle du logement » annonçait la maire de Berlin lors de sa première déclaration à la Chambre des députés, cité par rbb24. La hausse des prix des loyers est donc un problème auquel la municipalité doit faire face et que la nouvelle coalition a déjà commencé à aborder, avec une aide en deux temps.
La coalition rouge-verte-rouge a donc permis au Sénat de la ville de s’engager à lutter contre le manque de logements abordables. Des objectifs ont ainsi été fixés tels que la construction de 20 000 nouveaux logements par an dont 5 000 logements subventionnés, pour les personnes avec peu de moyens. « Nous voulons accélérer les procédures d'autorisation et les processus de planification, désigner des terrains pour la construction de logements et continuer à développer l'aide sociale à la construction de logements » explique Franziska Giffey dans des propos rapportés par rbb24.
La maire de Berlin a présenté d’autres mesures à venir afin d'endiguer la hausse des prix des loyers. Si les loyers augmentent irrémédiablement dans la capitale allemande malgré une tentative de plafonnement, c’est que la spéculation immobilière y est devenue légion, faisant grimper les prix du foncier et donc des loyers. Certaines entreprises privées achètent ainsi des terrains et déposent des permis de construire sans jamais commencer les travaux pour, plus tard, revendre la parcelle en faisant grimper les prix.
60 000 permis de construire sont en cours d’examen selon rbb24. « Si nous constatons que celui qui a le permis de construire ne fait que spéculer et ne construit pas - il faut alors s'y opposer, car ce n'est pas l'objectif » a donc déclaré la maire de Berlin, prête à entamer un bras de fer avec les entreprises privées.
C’est dans ce cadre que l’Alliance pour le logement neuf et abordable s’est réunie le 28 janvier 2022. « Trois groupes de travail se réunissent entre les réunions de l'Alliance sur les thèmes de la construction et de la modernisation, du développement des loyers et de la protection des locataires, ainsi que de l'urbanisme et de l'aménagement » explique le communiqué de presse publié à la suite de la réunion de lancement de l’Alliance. La ville de Berlin sous le mandat de Franziska Giffey veut non seulement faire face à la crise actuelle du logement mais aussi préparer l’avenir avec un urbanisme pensé dans le but de mieux vivre.
Plusieurs critiques se sont par ailleurs faites entendre du côté de l'opposition, notamment chez les libéraux du FDP qui ont soumis un "contre-projet de 15 pages aux directives du gouvernement" souligne rbb24. Chez la CDU, on accuse la maire de Berlin de ne pas vouloir faire avancer les choses et de continuer "comme avant". Le rendez-vous est donc donné 100 jours après la prise de fonction de Franziska Giffey pour un premier état des lieux sur l'épineuse question du logement.
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