Berlin est une ville aux multiples identités, réparties dans différents quartiers. Le street art s’imprègne de l’histoire de ces rues pour se dévoiler au détour d’une façade, d’un pont, d’un trottoir.
Quartier Mitte
Haus Schwarzenberg
Au numéro 39 de la Rosenthaler Straße, un passage s’ouvre sur une cour intérieure. Quelques tables sont disposées à l’entrée face à un mur peint sur toute la longueur. Différents artistes y ont laissé leur empreinte pour créer toute une atmosphère qui se prolonge dans le bâtiment du fond qui rassemble des ateliers alternatifs. Plusieurs bars invitent à admirer le spectacle autour d’une bière dans une ambiance colorée par les guirlandes qui s’illuminent en fin de journée.
« Que la paix soit avec toi »
En longeant la Rudi-Dutschke Straße, au niveau du numéro 22 dans un petit renfoncement l’œuvre « Que la paix soit avec toi » se dévoile, surprenante. Un homme nu dresse vers le ciel son sexe géant, dont l’extrémité se termine par une tête de cobra. Sur la gauche, une femme en tailleur joue de la flûte comme pour charmer la bête. Pour Peter Lenk, l’artiste derrière cette réalisation, il s’agit de lutter contre les fixations faites sur le pénis par les journaux allemands comme faisait Bild.
En vous baladant le long de Rosenthaler Straße, Alte Schönehauser Straße ou Schönhauser Allee, vous pourrez également apercevoir quelques œuvres qui se cachent parfois en hauteur, derrière une façade.
Quartier Friedrichshain
Liebigstraße
Dans cette rue, de nombreux immeubles sont recouverts de fresques et il suffit de s’y balader quelques minutes pour s’imprégner de l’atmosphère. Certaines prennent des façades entières pour délivrer des messages comme « Smash the state. Masturbate » ou simplement exposer d’immenses peintures. Plusieurs styles se côtoient dans une même rue et avec un peu de chance, il est possible d’apercevoir un graffeur à l’œuvre.
En continuant sur Schreinerstraße, on longe un terrain de basket dont l’entrée est indiquée par des graffitis de personnages inspirés de cartoons et en levant la tête plusieurs œuvres recouvrent les façades défraîchies.
Rigaerstraße
Cette rue regorge d’œuvres à ciel ouvert et le croisement entre Rigaerstraße et Samariterstraße est une invitation à les découvrir. L’immeuble qui fait l’angle est entièrement recouvert de formes géométriques bleues, jaunes, rouges comme un Mondrian légèrement plus chargé. Quelques mètres plus loin dans la Rigaerstraße, le promeneur se trouve nez à nez avec une façade sur laquelle un grand A, sûrement pour anarchie, occupe une position centrale. Différents personnages y sont représentés comme des policiers ou des animaux qui courent le long du mur.
East Side Gallery
Située à l’extrémité de Friedrichschain avant d’arriver à Kreuzberg, la East Side Gallery est un lieu incontournable du street art berlinois. Un long tronçon du mur de Berlin suit la rive de la Spree sur près d’un kilomètre et offre une véritable galerie d’art à ciel ouvert. Ce vestige de la guerre froide est recouvert de fresques, peintures, graffitis sur toute sa longueur, mêlant ainsi l’art et l’histoire. Cette œuvre est le fruit du travail commun de plus de 100 artistes internationaux qui ont décidé dès 1990 de transformer ce morceau de frontière en espace de liberté.
En route vers Kreuzberg
Oberbaumbrücke
En franchissant ce pont pour aller vers Kreuzberg, on profite de la vue sur la Spree dans l’encadrement des voûtes de briques qui soutiennent le passage du train, mais aussi d’une œuvre sur un mur d’immeuble. Un gigantesque visage fait de corps entassés s’élève ainsi au-dessus des wagons qui passent, ses grands yeux blancs braqués sur l’eau comme une vigie immobile.
Reichenbergstraße
À l’endroit où la Reichenberger straße croise la Manteuffelsstraße, en regardant à ses pieds, il est possible d’apercevoir des œuvres réalisées pour mettre en valeur le passé industriel glorieux du quartier. Des morceaux de chemins de fer sont incrustés dans le trottoir, encadrant des fers-à-cheval. Par ailleurs, dans cette rue des mosaïques sont encore présentes malgré un état de dégradation parfois avancé (l’une d’elle est au même croisement que l’œuvre précédente mais côté sud).
Adalbertstraße
Sous les fenêtres du numéro 79 de la rue Adalbertstraße, des personnages sont incrustés dans la façade. Composées de céramique, les différentes figures représentées semblent s’amuser, certaines jouent à la corde à sauter quand d’autres se retrouvent sur la tête. L’œuvre de Yater Hanefi se poursuit jusqu’aux ornements des fenêtres pour donner à cet immeuble un air de fête.
D’autres adresses pêle-mêle
Bien d’autres adresses existent à Berlin et s’il n’est pas possible de tout voir en un jour, voici d’autres endroits à visiter.
Les lapins de la Chausseestraße : au Chausseestraße 61, des silhouettes de lapins en laiton doré pavent le bitume en souvenir de ces animaux qui transgressaient les interdits lors de la guerre froide. Passant d’une frontière à une autre, ils ont vite été abattus par les autorités soviétiques, apeurées à l’idée que les boules de poils inspirent les habitants de l’Est.
Un village nicaraguayen à Berlin : 255 mètres carrés. C’est la taille de la fresque située au 26 de la Skandinavische straße. L’artiste, Manuel Garcia Moia, y représente les scènes de vie autour de maisons typiques accrochées à une montagne en arrière-plan.
Teufelsberg : cette ancienne station d’écoute américaine nichée au sommet d’une colline artificielle est désormais un espace réservé au street art. De nombreux artistes s’y côtoient, les styles s’y mélangent pour une visite qui oscille entre urbex et exposition.
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